Katumbi officiellement candidat. L’annonce n’est pas une surprise et le suspens n’aura plus lieu d’être : A 51 ans, l’ancien gouverneur de la province du Katanga unifiée a fait son comming-out pour la présidentielle prévue le 27 novembre 2016. Même s’il se disait toujours devoir encore «réfléchir» avant de prendre sa décision qui est désormais chose faite, la pression politique était devenue tellement grande qu’il devrait sortir du bois pour déclarer sa candidature. En twittos avisé, c’est via un communiqué d’une page sur son compte twitter officiel dont une copie est parvenue à www.afriwave.com qu’il a annoncé officiellement sa décision que tous savaient inéluctable, question de temps.
Démissionnaire déjà de tous ses mandats en septembre 2015 et se disant en réflexion profonde sur l’avenir de la démocratie en RDC, l’ex-homme fort de la province cuprifère quittait aussi la majorité au pouvoir dont il était un des membres les plus influents. Il passait ainsi dans l’opposition à Joseph Kabila dont une frange visible lui a fait allégeance. Ainsi déclare-t-il dans son communiqué : «Les trois mouvements de l’opposition congolaise que sont le G7, le Collectif des Nationalistes et l’Alternance pour la République 2016, m’ont fait l’honneur de me choisir comme leur candidat à la prochaine élection présidentielle de la RDC, qui, selon la constitution, devrait se tenir à la fin du mois de novembre 2016. Je remercie sincèrement ces mouvements politiques, ainsi que toutes les associations issues de la société civile, pour la confiance qu’ils me témoignent. J’accepte avec humilité cette lourde responsabilité» en ajoutant accepter «avec humilité cette lourde responsabilité».
Nul n’en doute que depuis l’annonce par le président Kabila au pouvoir depuis janvier 2001 de son intention de convoquer un «Dialogue national inclusif» en novembre 2015, le climat politique demeure plus que tendu dans le pays. Les opposants fleurant un piège politique, estiment que la majorité au pouvoir depuis 2006 tente par un Coup d’Etat constitutionnel et dans un dernier baroud d’honneur favoriser la prolongation illégale de la présence du président à la tête du pays en ne voulant pas organiser les élections en temps.
Pourtant, la Constitution qui interdit formellement au président Kabila de se représenter pour un troisième mandat consécutif en appelle à des élections 90 jours avant la fin du mandat du président en exercice. Dans la majorité présidentielle par contre, on trouve les opposants de mauvaise foi ; car le rendez-vous du Dialogue n’a pour but que de permettre un consensus sur le calendrier électoral et le financement des élections, pourtant, six mois plus tard, le projet est au point mort. Pourtant, le pays traverse une grave et profonde crise politique depuis les élections législative et présidentielle de novembre 2011 marquées par des irrégularités et des fraudes massives et ayant reconduit pour cinq ans M. Kabila et sa majorité à la tête du pays.
C’est dans ce climat délétère et de suspicion mutuelle qu’intervient l’annonce de Moïse Katumbi et ce, quelques heures après que le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba l’ait soupçonné publiquement «de recruter comme agent de sécurité ou garde du corps des mercenaires étrangers, y compris d’anciens militaires américains; capables de donner une formation sur le maniement des armes». Allégations balayées d’un revers de la main par Katumbi qui ne trouve en cela qu’un «mensonge grotesque» et se dit déterminé que «les basses manœuvres du pouvoir n’entravent pas son combat pacifique» avant de conclure qu’il sera «le candidat d’un État de droit», alors que les autorités ont annoncé mercredi l’ouverture d’un « dossier judiciaire » à son encontre. Déjà, plusieurs de ses proches sont aux arrêts et détenus à Kinshasa depuis le 25 avril dernier comme son ancien Directeur de cabinet, le professeur Huit Mulongo, quatre de ses autres collaborateurs dont un américain chargé de sa sécurité.
Le G7, groupement de 7 partis politiques ayant appartenu à la majorité présidentielle et aujourd’hui dans l’opposition, avait été la première coalition de partis à avoir demandé à l’ancien gouverneur du Katanga d’être son candidat. Charles Mwando Simba, président en exercice du G7, se dit que «cette candidature intervient au bon moment». Et de poursuivre : «Nous accueillons ça avec satisfaction, dans la mesure où c’est le G7 qui a proposé qu’il se présente comme candidat à l’élection présidentielle. Il sait qu’il a une opinion favorable. Du moins au niveau de l’opposition, il y a une bonne partie qui le soutient. Donc il ne pouvait pas non plus attendre davantage, il fallait bien qu’il se prononce, au risque de décourager toutes les attentes».
A l’UDPS, par contre c’est son Secrétaire National aux Relations Extérieures et fils du leader Etienne Tshisekedi qui réagit. Pour Félix Tshilombo Tshisekedi, «un rassemblement autour d’une candidature unique n’est pas à l’ordre du jour». Et de poursuivre : «je ne vois pas pourquoi on se rangerait, pourquoi un grand parti politique comme l’UDPS n’alignerait pas un candidat à quelque niveau que ce soit. A la place de Moise Katumbi, je me concentrerais plutôt sur ce processus électoral qui est en danger. Pour l’instant, la priorité devra être au dialogue politique et à la mise en place du processus électoral pour lequel on est même pas sûrs d’avoir des élections. Se dire candidat est une chose mais pour quelles élections?» conclut-il.
Le chemin parait encore très long pour le charismatique, populaire et richissime homme d’affaire et tous ses supporters politiques, lui qui n’a aucun parti politique auquel il appartient. C’est peut-être dans ce schéma qu’il promet d’entamer dans les prochains jours, une tournée nationale à travers tout le territoire du Congo pour présenter son programme. Et ce, en poursuivant les consultations en vue d’une candidature commune au sein de l’opposition. Le président du Tout Puissant Mazembe, l’un des clubs de foot favoris des Congolais et le plus titré du pays compte surfer sur cette vague de popularité et espère ainsi bien rallier à son panache les autres leaders de l’opposition. C’est sans doute sur ce terrain qu’il aura fort à faire, pourvu que le pouvoir en place le lui permette et l’opposition lui en donne l’occasion.
Comme en 2006 et 2011, plusieurs candidats sont déjà dans les starting-blocks dont les plus en vue étant Vital Kamerhe, de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), Tshisekedi père ou fils pour l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social) et un challenger de taille, Martin Fayulu, désigné par son parti l’Ecidé (Engagement pour la Citoyenneté et le Développement). Parmi les autres non encore déclarés, Me Michel Okongo Lomena, Freddy Matungulu, Pr Rev.Julien Ciakudia; et peut-être encore les revenants Léon Kengo Wa Dondo et le Dr Kashala Lukumuena…
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