«Suivant le principe de la continuité de l’État et pour éviter le vide à la tête de l’État, le président actuel reste en fonctions jusqu’à l’installation du nouveau président élu», ainsi en a décidé, le 11 mai, un arrêt de la Cour Constitutionnelle par son président Benoît Luamba. En effet, saisie en date du 18 avril 2016 dans une requête en interprétation de l’article 70 de la Constitution par une quarantaine des députés de la Majorité Présidentielle (MP), la Cour a tranché : «le président Joseph Kabila pourra rester en fonctions au-delà du terme de son mandat fin 2016 au cas où l’élection présidentielle censée avoir lieu cette année ne se tient pas».
L’article 70 de la Constitution du 18 février 2006 stipule : «Le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. À la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau Président élu». La décision de la Cour que personne ne redoutait vient-elle ainsi confirmer la stratégie de la Majorité Présidentielle au pouvoir depuis les élections présidentielles de 2006 et 2011 ? La stratégie du pouvoir de Kinshasa de ne pas organiser en temps le cycle des élections prévues en 2016 notamment les provinciales et les sénatoriales serait-elle en passe de réussir pour prolonger le mandat du président Joseph Kabila à la tête de la RD Congo au lendemain du 19 décembre 2016? Tout le monde savait que la non tenue de ces élections entrainerait celle des législatives et présidentielle de novembre 2016. La question que se posaient les observateurs du microcosme politique congolais a peut-être un début de réponse. Et ce, au travers de la décision de la Cour Constitutionnelle rendue le 11 mai 2016. Joseph Kabila restera t-il au pouvoir ad vitam aeternam ? Cette décision augure t-elle une nouvelle ère de contestation et des troubles dans le pays et quelles chances encore pour le Dialogue national inclusif voulu par le chef de l’Etat net sensé apaiser le climat politique ?
Reste à savoir comment vont réagir l’opposition politique, la société civile congolaise ainsi que la communauté internationale et nous y reviendrons.