Le colonel Jean-Baptiste Bagaza, ancien chef d’Etat burundais n’est plus. En effet, c’est le 4 mai courant que l’ex homme fort de Bujumbura s’est éteint à Bruxelles où il était hospitalisé pour des soins depuis quelque temps. Arrivé au pouvoir en 1976 à la faveur d’un coup d’Etat militaire contre son ancien mentor Michel Michombero, un tutsi comme lui. L’ancien chef d’Etat major adjoint de l’armée burundaise avait été président de 1976 à 1987, date à laquelle il a été lui-même renversé par un autre coup d’Etat militaire dirigé cette fois-ci par le major hutu Pierre Buyoya, encore un tutsi comme lui et qui lui reprochait un manque d’autorité dans la gestion du pays après dix ans de règne.
Son accession au pouvoir en 1977 considérée comme une révolution de palais contre Michombero intervient après les terribles «événements de 72» qui avaient connu une révolte hutue pendant laquelle des milliers de Tutsis sont tués, suivie d’un massacre de pratiquement toute l’élite hutue que certains n’hésitent pas à qualifier aujourd’hui de génocide. Considéré comme le père de la modernisation du pays, il sera l’initiateur des grands travaux d’infrastructures notamment la construction des routes. Malgré son autoritarisme et l’instauration d’un Etat devenu policier, son règne reste considéré par beaucoup comme étant une l’une des rares périodes d’accalmie que connut le Burundi depuis son indépendance en 1962.
Succession des plusieurs coup d’Etat militaires sanglants les uns que les autres, le pouvoir burundais est encore aujourd’hui à sa croisé de chemin pour ne pas dire en pleine crise. Le coup d’Etat constitutionnel de l’actuel président Pierre Nkurunziza avec son troisième mandat contesté et décrié par tous a replongé le pays dans les années noires. Arrestations, assassinats, enlèvements, exils et tortures sont les lots des burundais aujourd’hui. Ce qui ne l’a pas empêché de décréter trois jours de deuil national en mémoire de Bagaza et un hommage en ces termes : «un travailleur infatigable qui durant sa présidence a développé des infrastructures économiques et sociales et dont le peuple burundais se souviendra toujours». Agé de 69 ans, Jean-Baptiste Bagaza, sénateur à vie, n’avait jamais quitté la vie politique et ce, malgré un état de santé plus que précaire durant ses dernières années.
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