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Le Conclave de l’opposition de Genval et son RASSEMBLEMENT

Deux jours durant, du 8 au 9 juin 2016, les Forces politique et sociale congolaises acquises au changement se sont réunies dans la banlieue huppée de Bruxelles au Château du Lac de Genval dans le Brabant Wallon. Près de 120 délégués venus du Congo se sont retrouvés autour d’Étienne Tshisekedi, président de la Conférence. Parmi eux les responsables de son propre parti l’UDPS et Alliés, de la Dynamique de l’opposition, du G7, du Front du Peuple, de la MPP (Majorité Présidentielle Populaire), du G14, de la Convention des Républicains et de la Société civile. Le but recherché étant de sceller les initiatives politiques des forces sociales signataires, réfléchir sur la crise planifiée en vue de réaliser un coup d’Etat constitutionnel.

Pour les près des120 conclavistes, l’objectif a été atteint avec l’unification des différentes vues et la naissance d’un grand front unis face à la Majorité présidentielle (MP) pour le respect de la Constitution dans une structure dénommée le Rassemblement. Avec pour objectif la «mise en commun leurs forces et énergie en vue de faire échec à toute velléité de renversement de l’ordre constitutionnel et de vouloir créer les conditions de la restauration de la dictature». Composé de deux organes : une Coordination des actions, qui doit assurer l’exécution des décisions et un Conseil des sages. A la tête  de ce comité des 9 signataires au nom des partis et mouvements présents à la rencontre de Bruxelles se trouve Etienne Tshisekedi en qualité de président. La première réunion de ce Comité des sages s’est tenue le vendredi 10 juin à l’Hôtel Montgomery de Bruxelles en vue d’adopter sa stratégie et son carnet de bord. Content du travail accompli, le président de l’UDPS n’a pas manqué de souligner : «Je manque de mots pour vous féliciter pour ce travail abattu. Sachez que quelque soient les circonstances dans lesquelles le pays va vivre, nous sommes tout près de la victoire».

Pour un dialogue qui ne dit pas son nom

Dans leur accord dit «Acte d’engagement» signé par les représentants des Forces politique et sociale acquis au changement à Genval, le Dialogue national inclusif tel que convoqué par l’ordonnance du président Joseph Kabila du 28 novembre 2015 est rejeté pour un réel et sincère dialogue. Ce dernier devant être conduit par un médiateur désigné à savoir le togolais Edem Kodjo qui n’a pas été désavoué. Le Rassemblement souhaite qu’y soit ajouté un panel composé de l’ONU, l’UA (Union Africaine) et l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie).

Cet acte exige également le respect de la Constitution, la mise en œuvre de la résolution 2277 des Nations unies pour le lancement du processus électoral, l’arrêt des poursuites judiciaires contre les membres de l’opposition, la libération des journalistes, la réouverture et la restitution des médias privés fermés ou confisqués, l’ouverture de l’espace médiatique public, celle des prisonniers politiques, et, surtout, le départ du président Kabila le 19 décembre, à 23 h 59 précises. Dans les faits, l’opposition accepte tout de même de s’asseoir autour de la table avec le régime mais pour un seul objectif: l’organisation de l’élection présidentielle. Sans Kabila, puisque la Constitution lui interdit de briguer un troisième mandat.

La rue comme moyen de pression ?

L’une des grandes inconnues, c’est la réaction du pouvoir de Kinshasa. Est-ce qu’il acceptera cette proposition? Félix Tshisekedi donne le ton : « Il est question de se mettre d’accord sur un front commun d’opposition et sur des actions communes. Il faut rassembler l’opposition, faire en sorte d’arrêter de tirer chacun dans un sens différent». Martin Fayulu, de la Dynamique de l’opposition lui emboite le pas : «Le pouvoir doit être contraint d’accepter, simplement parce que nous allons accompagner toutes ces décisions avec des actions sur le terrain. Et ces actions feront en sorte que Monsieur Kabila et ses amis acceptent. S’ils n’acceptent pas – vous savez la Constitution nous donne le droit de le faire partir- nous dirons à Monsieur Kabila, il n’y a pas 36 solutions. La seule solution, c’est respecter la Constitution. Et nous pensons qu’il ne voudra pas que le sang des Congolais soit versé inutilement, on en a pas besoin».

Olivier Kamitatu, du G7, poursuit dans la même ligne lorsqu’il évoque l’entente de Genval : «Je crois que quand on s’entend trop vite, cela veut dire qu’il y a un loup. Ici, les négociations ont été âpres. Il y a eu de l’énergie, il y a eu à Genval un grand spectacle congolais, mais en réalité, les gens ont travaillé, les gens se sont rencontrés, les gens se sont rapprochés. On a trouvé des points de convergence, une douzaine, derrière lesquels maintenant nous voulons que la Nation congolaise se réunisse, que nous puissions nous mobiliser. C’est le maître de mot de Genval : la mobilisation des forces politiques et sociales acquises au changement. L’énergie qui s’est déployée à Genval, nous allons la transposer en République démocratique du Congo».

En attendant la réaction de la population du pays profond et avant même le retour à Kinshasa des conférenciers de Genval, la Majorité présidentielle (MP) par son SG et président du parlement Aubin Minaku a «rejeté toutes les résolutions adoptées par ce conclave comme constitutives d’une tentative de coup d’Etat. Ajoutant en plus cela est «un complot contre la Nation » avant d’en appeler au même peuple congolais  «à se lever pour faire échec au coup d’État institutionnel en gestation». Pour terminer, la MP «dénonce et fustige toute approche insurrectionnelle tendant au renversement des institutions démocratiquement élues en violation des dispositions pertinentes de la Constitution comme attentatoire à la démocratie».

Des absences remarquées.

Les deux absents de marque furent Moise Katumbi Chapwe, ancien gouverneur du Katanga unifié et proche du président Kabila passé à l’opposition. Adoubé par le G7 comme son candidat à la présidentielle de novembre 2011 si elle se tiendra, son ombre aura plané durant toute la conférence. Deux de ses frères aînés étaient visibles à Genval dont Raphael Katebe Katoto, sage de l’AR et proche d’Etienne Tshisekedi. Un autre absent, Vital Kamerhe, président de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), qui a refusé de se rendre à Bruxelles. Mais aussi et surtout Eve Bazaiba, SG du MLC de Jean-Pierre Bemba dont le parti n’était pas d’accord avec le principe de la rencontre de Genval. Eve Bazaiba fut non moins présente via ndeko Eliezer Tambwe, célèbre journaliste de Kinshasa de l’émission Tosuki wapi arrivé à Bruxelles grâce aux efforts de la SG pour l’obtention du visa Schengen. Eliezer a voulu le faire savoir.

Dans une motion de motion de remerciement » à Etienne Tshisekedi lue par Delly Sessanga, les conférenciers ont reconnu au leader de l’UDPS son leadership au service de la cause de la liberté, de la justice, de la démocratie en prenant l’engagement de mettre aujourd’hui le symbole de la démocratie qu’il est devenu au service de notre combat commun pour le respect de la Constitution et l’avènement de l’alternance dans notre pays.

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