Malgré le souhait exprimé de sa population au travers de son mur de la paix (en photo) érigé au centre-ville, la ville-territoire de Beni dans la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la RDC continue de vivre son calvaire au travers d’un martyr qui ne dit pas son nom et qui continue. Chaque jour et chaque nuit qui passent, par armes à feu ou à la machette, les populations sont massacrées dans les quartiers périphériques de la ville et dans les villages environnants. Ces tueries sauvages qui ne sont jamais revendiquées mais attribuées aux éléments non autrement identifiés ou qualifiés d’ADF-Nalu (rebelles ougandais) sans que personne n’en apporte une moindre preuve inquiètent. La dernière localité martyre fut Tenambo près d’Oicha, qui a connu son calvaire avec neuf morts en début de ce mois de juillet 2016 alors que les forces de la Monusco et les FARDC étaient présentes à quelques mètres du lieu du forfait.
Ces massacres à répétition des populations qui durent depuis bientôt deux ans dans cette région commencent à exaspérer les populations locales et certains des bailleurs des fonds de la mission onusienne dont La Grande-Bretagne et L’Union Européenne. Pour Le Foreign Office (Ministère des Affaires Etrangères britannique) via un porte-parole, c’est «le gouvernement congolais qui est le premier responsable de la sécurité de ses concitoyens. Néanmoins, nous reconnaissons le besoin pour les troupes de la Monusco de faire plus». Raison pour laquelle Londres dit avoir œuvré pour que, dans la dernière résolution du Conseil de sécurité, la protection des civils devienne la priorité numéro un de la mission onusienne comme il en est stipulé dans la résolution 2277 que les moyens et ressources disponibles doivent aller en priorité à la protection des civils.
Si les FARDC disent faire des efforts militaires mais qui ne démontrent aucun résultat probant sur terrain, ce ne pas le point pour la Société civile de Beni lui qui conteste et accuse : «il est plus que difficile pour l’armée d’être juge et partie quand des graves soupçons de coercitions avec les tueurs non identifiés pèsent sur ses propres officiers» déclare Teddy Kataliko, Président de la Société civile de Beni. Ces mêmes accusations ont été portées par le Groupe d’Experts des Nations Unies à l’encontre d’officiers FARDC, et notamment le général Mundos accusé d’avoir recruté des tueurs et ordonné des massacres alors qu’il était en charge des opérations militaires dans le territoire de Beni. La Société civile de Beni estime en outre «qu’au-delà des enquêtes organisées par l’auditorat militaire de la RDC, nous aimerions voir des enquêtes internationales diligentées par la CPI pour beaucoup plus de neutralité» car cette crise qui perdure rêvait aujourd’hui une dimension régionale et qui justifie une enquête internationale.
Pour le gouvernement congolais par son ministre de la Défense nationale Crispin Atama Tabe est formel : «toutes les allégations ainsi que les éléments sont pris en considération. Lorsque la justice enquête, elle prend tout ce qu’il y a comme indices en considération, quitte à ce que les juges établissent leur véracité. Le procès aura lieu ici et publiquement». Du côté du contingent de l’ONU et pour peut-être masquer son incapacité dans l’accomplissement de sa tâche d’assurer la paix et la sécurité des biens et leurs biens, on se défend en parlant d’une situation confuse avec des présumés ADF-Nalu de fois en tenue militaire congolaise, ce qui exclurait toute intervention sans coordination avec les FARDC, sous peine de risquer des incidents entre les deux forces. Cette confusion dans le genre fait que personne ne comprend plus rien aujourd’hui à quoi sert la présence de l’ONU dans le pays au travers de sa Monuc d’abord et Monusco ensuite, la plus grande opération militaire en temps de paix depuis la fin de la 2ème Guerre mondiale. Près de 20.000 hommes des troupes sont stationnés dans le pays depuis près de 20 ans sans qu’aucune amélioration en termes de paix et de sécurité ne soit constatée.