RDC : Joseph Kabila écartelé entre dialogue politique national, élections et renouvellement de la classe politique

Dialogue politique national inclusif en panne avec la suspension travaux du Comité Préparatoire (https://www.afriwave.com/2016/07/30/les-travaux-du-comite-preparatoire-du-dialogue-national-inclusif-reportes/), récusation du facilitateur désigné par l’Union Africaine de la part d’une partie des politiques du pays (https://www.afriwave.com/2016/07/24/dialogue-politique-en-rd-congo-le-rassemblement-recuse-edem-kodjo/), meeting et contre meeting des opposants (https://www.afriwave.com/2016/07/31/e-tshisekedi-au-meeting-du-rassemblement-le-peuple-devra-se-prendre-en-charge/) et de la majorité présidentielle au pouvoir (https://www.afriwave.com/2016/07/29/rdc-la-majorite-presidentielle-reussi-son-pari/)…l’on se demandait bien de quoi sera fait les jours à venir comme nous l’écrivions il y a trois semaines.

Le dernier voyage du président Joseph Kabila à l’Est du pays au Nord-Kivu dans la région de Beni nous en donne un début de réponse. Ce déplacement a été l’occasion d’une double sortie inattendue de la part du chef de l’État qu’on a toujours dit avare en paroles, énigmatique, réservé et peu enclin à des déclarations ou des sorties médiatiques. D’abord le 4 août en Ouganda dans le district de Kasese lors de sa rencontre avec son homologue Yoweri Kaguta Museveni où il déclarait que «le calendrier électoral ne serait publié qu’après la fin des opérations d’enrôlement des électeurs» en cours. Puis trois jours après, à Beni le 7 août devant des jeunes où il en appelait au «renouvellement de la classe politique qui est une nécessité en RDC». Si ces deux déclarations ont été applaudies dans le camp de la Majorité Présidentielle (MP), elles ont par contre étaient fortement critiquées au sein de l’opposition diverse et multiple.

Dans cette nouvelle polémique alors que la date constitutionnelle pour la convocation des scrutins législative et présidentiel approche du 19 septembre 2016, le camp présidentiel y trouve son compte. De même pour la fatidique date du 19 décembre 2016 où s’achève le second et dernier mandat du président Joseph Kabila en fonction de 2006 à 2011 et de 2011 à 2016 et qui ne peut être ni prolongé ni renouvelé. Dans l’entre-temps, l’arrêt de la Cour Constitutionnelle dans le «Recours en interprétation de l’article 70 de la Constitution du 18 février 2006 telle modifiée par la Loi n° 11/ 002 du 20 janvier 2011 en relation avec les articles 75, 76, 103,105 et 197 de la même Constitution» est passé par-là (https://www.afriwave.com/2016/07/13/la-copie-de-larret-de-la-cour-constitutionnelle-recours-en-interpretation-de-larticle-70-de-la-constitution-du-18-fevrier-2006-telle-modifiee-par-la-loi-n-11-002-du-20-janvi/).

Mais aussi et surtout que le nouveau président de la Ceni, organe chargé de la convocation et l’organisation des élections y est allé de sa petite phrase le soir du 24 juillet 2016 sur le plateau de TV5 Afrique. Pour corneille Nangaa, «il sera impossible d’organiser l’élection présidentielle comme prévue fin novembre 2016» (https://www.afriwave.com/2016/07/24/corneille-nangaa-sur-tv5-afrique-fin-2016-il-sera-impossible-dorganiser-lelection-presidentielle/). L’opération débutée le 31 juillet dernier par la nouvelle province du Nord-Ubangi devrait prendre au moins plus d’un an, selon la Céni, et aurait pour conséquence de reporter les élections à fin 2017 ou début 2018 si possible.

Colère verte de l’opposition qui l’accuse d’immixtion dans une matière qui ne le concerne pas et pour qui «Monsieur Kabila instrumentalise la Céni. C’est totalement inacceptable. L’article 211 de la Constitution dit que la Céni s’occupe du processus électoral, c’est-à-dire des opérations d’identification des électeurs, d’enrôlement jusqu’à la publication des résultats provisoires. L’article 73 donne ordre à la Céni de convoquer l’élection présidentielle 90 jours avant la fin du mandat du président en exercice. Et aujourd’hui Monsieur Kabila demande à la Céni de publier le calendrier électoral seulement à la fin des opérations d’enrôlement. C’est une violation flagrante de la Constitution. Disons que monsieur Kabila se rend passible de cette infraction de haute trahison», selon Martin Fayulu; président  d’Ecidé (Engagement pour la citoyenneté et le développement) et membre du Rassemblement de l’opposition.

Pour la Majorité Présidentielle (MP), la réaction de l’opposition ne serait que diversion. Emmanuel Ramazani Shadary, président du groupe du parti présidentiel le PPRD à l’Assemblée nationale, Joseph Kabila devra rester au pouvoir. Car, pour lui «La Céni a donné un timing de 16 mois et un jour pour terminer l’enrôlement des électeurs. Comment on peut aller aux élections au mois de décembre ou septembre ? Comment on peut aller aux élections sans connaître les électeurs? La Constitution sera respectée de l’article 1er au dernier article. Reporter une élection pour des raisons techniques, ce n’est pas violer la Constitution parce que cela se fait partout au monde. Nous tous, même nous les délégués de l’Assemblée, nous sommes protégés par les lois de ce pays. Le chef de l’État également, article 70, alinéa 17 est clair : reste en fonction jusqu’à l’instauration du nouveau président élu. Or en décembre, il n’y aura pas de président élu parce que la Céni a dit qu’il n’y aura pas d’élections».

Du renouvellement de la classe politique, parlons-en !

Alors qu’il se trouvait dans le Nord-Kivu pour parler sécurité et insécurité récurrente, Joseph Kabila a jeté un nouveau pavé dans la mare en évoquant son souci de voir le renouvellement de la classe politique dans le pays. Pour lui et dans une sorte d’accusation claire, la vieille génération qui a un demi-siècle ou plus de vie dans la politique devrait être définitivement mise hors le jeu tout en se félicitant d’appartenir à une génération qui a libéré le pays et ramené la démocratie, processus qu’il dit irréversible.

Joseph Kabila serait-il devenu adepte de la discrimination par l’âge traduite par le jeunisme en s’attaquant aux petits vieux qui ont duré en politique dans le pays au risque de s’oublier soi-même alors qu’il n’a pas encore 50 ans, c’est le moins que l’on puisse se demander. Comme le disait le Président Barack Obama, les pays ont aujourd’hui besoin des Institutions fortes que des hommes forts ou providentiels. Pourtant, au regard des 32 ans du mobutisme ambiant qui a complètement ruiné le pays; des 4 ans de Mzé Laurent-Désiré Kabila qui a ramené les armées étrangères dans le pays et les 15 ans de Joseph Kabila qui ont apportés leurs lots des rebellions; l’on se demande si encore les politiques congolais peuvent continuer à convaincre au travers des paroles et autres œuvres de séduction une population qui a trop longtemps été abandonnée à son sort ?

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Rédaction

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