Par Botowamungu Kalome (AEM) dans www.afriquechos.ch
Le Rassemblement, vous connaissez ? C’est l’un des deux pôles « majeurs » de l’opposition congolaise qui refuse d’aller au dialogue censé trouver une solution à l’impossibilité organisée par le pouvoir d’organiser les élections dans les délais. Son leader Étienne Tshisekedi est manifestement revenu de son long séjour médical en Europe avec des milliers de miroirs concaves, donc déformants, dans lesquels lui, ses alliés et ses partisans se voient investis d’une sorte de pouvoir illimité sur le peuple congolais. À peine une journée « ville morte » passée avec les incidences qu’on peut imaginer sur des ménages dans la précarité que Le Rassemblement a demandé aux Congolais de boycotter la rentrée scolaire pour mettre la pression sur le régime. Quid de l’excitation et de l’enthousiasme des enfants pressés de découvrir ou de retrouver l’école et qui ne comprennent rien à rien dans cette histoire de dialogue et de glissement ? Quelle question ? Le Rassemblement se convainc d’avoir reçu le droit divin de disposer de la vie des Congolais.
Une journée « ville morte », un « lundi sans école », demain sans doute un « semestre sans sexe » ou une « journée sans dessert », Le Rassemblement va continuer à mettre le peuple en contribution mais jusqu’où et comment sans lasser ? Et comment tenir la distance si le dialogue en cours aboutit sur un compromis acceptable par la population ou du moins qui ne pousse pas la rue à se dresser sur son chemin pour en empêcher la mise en œuvre ? Le bon sens voudrait que Le Rassemblement comprenne qu’il n’est pas propriétaire de la colère du peuple dont il pourrait décliner et programmer l’expression à sa guise. Mais, a-t-il souvenir de l’initiative loufoque de Moïse Katumbi, en janvier 2016, qui avait demandé aux Congolais « de prier deux minutes, à midi, pendant trois mois ». L’ancien gouverneur du Katanga s’était même fait photographier à genoux en public. Au bout d’une semaine, il n’était plus que lui-même et lui-même pour continuer le rituel.
À priori et sans aucun à priori défavorable, Le Rassemblement ne poursuit que l’intérêt général, et la volonté de tous ses acteurs d’accéder au pouvoir n’en serait que la conséquence. Certains ont-ils été des architectes ou des animateurs du système Kabila ? Ce n’est pas un problème : serrer la main de l’opposant historique Étienne Tshisekedi redonne de la virginité morale et politique presqu’autant que critiquer le bilan du pouvoir. C’est du moins l’insulte que certains font à la mémoire d’un peuple par trop abusé. Comment ne pas le penser quand on se rend compte que le retour de Tshisekedi de Belgique était plus triomphal que l’entrée de Jésus à Jérusalem sur un ânon et que le colloque de Genval était la scène de pentecôte avec les apôtres mais en puissance 10?
Une voie royale semblait s’ouvrir au Rassemblement, mais partie pour abuser d’une légitimité supposée, cette coalition est en train de ré-ensabler la voie qu’elle veut emprunter avec le risque de s’y enliser et de patauger de fait dans ses illusions.|Botowamungu Kalome (AEM)