Kinshasa, le 19 septembre 2016. Placée journée à haut risque, la journée du 19 septembre 2016 n’aura pas failli à ce qu’on redoutait malgré une forte mobilisation de la population. Cet appel à manifester lundi dans tout le pays avait pour but de signifier à Joseph Kabila son préavis, trois mois avant l’expiration de son 2ème et dernier mandat constitutionnel qui expire le 20 décembre 2016. Mais aussi exiger la convocation de la présidentielle censée avoir lieu avant cette date en novembre 2016. Pour l’opposition qui n’a pas pris part au Dialogue politique en cours, c’était également l’occasion de dire non aux résolutions qui sortiront de ce forum.
Le mot d’ordre à manifester lancé par le Rassemblement, plateforme de l’opposition politique autour de l’UDPS semblait pourtant être suivi par la majeure partie de la population à travers le pays. A Kinshasa d’’abord autorisée par le gouverneur Kimbuta Yango, puis interdite sur ordre de la police; plusieurs morts seraient à déplorer selon La société civile et l’opposition dans la capitale province. Les échauffourées ont débuté tôt dans la matinée alors que des manifestants tentaient de rejoindre les différents points de ralliement de la mobilisation. C’est au Campus de l’Université de Kinshasa, haut-lieu des contestations bouclé pour empêcher les étudiants de rejoindre le point de ralliement que tout avait commencé selon Georges Kapiamba, président l’ACAJ (l’Association Congolaise pour l’accès à la justice).
Le départ initialement prévu à 13h n’aura pas eu lieu à la suite de la mort de deux policiers achevés à coups des pierres et brûles. Dans le reste du pays, le calme avait semblé prédominer malgré les affrontements ci et là entre la police anti-émeute et les manifestants. Dans la capitale Kinshasa, aux cris de «Kabila dégage» ou «Kabila doit partir», les jeunes lançaient des pierres sur les policiers qui répliquaient à coup de grenades lacrymogènes en tout début de matinée à travers la capitale. Les députés Martin Fayulu et Bavuela Puati sont parmi les personnes les plus atteintes à Kinshasa. Également Gilbert Kankonde et Théo Mbiye, respectivement conseillers d’Étienne et Félix Tshisekedi fortement incommodés par les gaz lacrymogènes de la police.
Les scènes des destructions, pillages et vandalismes en tout genre de la part d’une jeunesse désœuvrée et remontée ont fait beaucoup des dégâts. Des incendies criminels ont détruits pêle-mêle les bureaux et sièges des partis politiques de la majorité ou proche de cette dernière, le parquet général de Matete, les bus de la société Transco. Ce qu’a du reste dénoncé Aubin Minaku, Président du Parlement et Secrétaire Général du PPRD, le parti présidentiel dont le siège de La ligue des jeunes à Limete et celui du CNC (Congrès National Congolais) se trouvant à proximité ont été incendiés.
Plusieurs arrestations dont celle des journalistes de RFI et TV5 Monde immédiatement relâchés sont également signalées. En début d’après-midi, le calme revenait dans la capitale qui semble retrouver son bouillonnement habituel avec boutiques et autres shops rouverts et le trafic reprenant timidement. Selon des sources encore à vérifier du Ministère de l’Intérieur, il y’a eu 17 tués dont 4 policiers. Pendant ce temps, le gouvernement menace de couper Internet et le reste des réseaux sociaux.
L’appel de la France
République démocratique du Congo – Calendrier électoral (19 septembre 2016)
La France regrette que la République démocratique du Congo n’ait pas convoqué le corps électoral en vue de l’organisation de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels. La France appelle les autorités congolaises à accélérer la préparation transparente de l’élection présidentielle et ainsi permettre à la vie institutionnelle de reprendre un cours régulier.
Il est nécessaire que le calendrier soit connu au plus vite et que le report de l’élection soit aussi court que possible. Elle invite toutes les parties à la retenue et demande aux autorités de respecter les libertés publiques, notamment le droit de manifester pacifiquement. Comme le conseil de l’Union européenne a eu l’occasion de l’exprimer en mai dernier, il en va de la responsabilité individuelle de chacun des acteurs.
La République démocratique du Congo a fait des progrès reconnus par tous au cours de ces dernières années. Les incertitudes politiques et institutionnelles actuelles font peser une menace sur la pérennité de ces progrès et sur la stabilité du pays. La France souhaite que l’ensemble des acteurs inscrivent leur action dans le cadre de la résolution 2277 du conseil de sécurité des Nations unies et s’engagent, par un dialogue consensuel, dans la recherche d’une solution respectueuse de l’aspiration du peuple congolais à élire ses représentants.