Un reveil grogi. Le pays s’est réveillé comme etourdi par un coup de massu en ce mardi 20 septembre 2016. Alors qu’on tente d’effacer les traces de la sanglante journée du 19 où des heurts violents entre forces de sécurité et manifestants auraient fait une cinquantaine des victimes selon l’opposition, c’est bis repetita ce matin. Après les parties de la majorité hier, c’est autour des sièges des partis politiques de l’opposition et membres du Rassemblement ayant appelé à la manifestation du 19 septembre de flamber depuis tôt ce matin. Ce sont les cas des sièges des FONUS de Joseph Olenghankoy, du MLP de Franck Diongo, d’Ecide de Martin Fayulu gravement atteint d’un projectile à la tête hier, de l’ATD, du CNC et de l’UDPS d’Etienne Tshisekedi situé 11è rue Limete. Mais également le siège de l’ULDC de Raymond Tshibanda, membre de la majorité et ministre des Affaires Etrangères du gouvernement Matata. Etienne Tshisekedi qui voulait se rendre aux sièges des partis politiques incendiés s’est vu refusé la sortie de son domicile par les forces de police en fraction devant sa résidence.
La protestation organisée par Le Rassemblement de l’opposition avec pour objectif le dépôt d’une motion de préavis pour convocation de l’élection présidentielle de 2016 devant la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) n’aura pas abouti. Cette action symbolique n’aura pas eu lieu car la manifestation venait d’être interdite avant même son début prévu à 13h00’ pour cause des violences ayant fait plusieurs victimes
Quelle leçon tirée de cette journée ?
Pour le pouvoir en place avec sa majorité et selon le ministre de l’Intérieur Évariste Boshab, ce fut un début d’insurrection complotée mais qui a échoué par la vigilance du peuple de Kinshasa. Et quant à l’opposition qui ne l’entend pas de cette oreille, elle promet la poursuite de ses actions avec des manifestations à travers le pays jusqu’au dépôt de son préavis à la Ceni, afin que cette dernière convoque l’élection présidentielle 2016 devant sanctionné le 2ème et dernier mandat de Joseph Kabila. Un véritable dialogue des sourds.
Pourtant, c’est reparti en ce matin déjà. Dans un deuxième message à ses ressortissants résidents dans le pays et particulièrement, l’Ambassade belge de Kinshasa écrit ceci : «Ce matin, des échauffourées ont lieu en ce moment à divers endroits entre des manifestants et les forces de l’ordre dans les quartiers de Kingabwa, Limete, Matete, Masina, Ndjili, Salongo, Pascal, Lemba, Route de Ndolo et au rond-point Ngaba. Nous vous recommandons d’éviter la route de l’aéroport de N’Djili, d’éviter de vous déplacer en dehors de la Gombe et de rester à l’écoute des informations».
Pendant que la communauté internationale s’inquiète de la tournure des choses, il n’y a que les congolais qui font la sourde d’oreille. Pourtant à l’endroit du pouvoir comme de son opposition, le message des manifestants est plus que clair : la rue est trop en avance par rapport aux politiques et son impatience pour une vraie démocratie a des limites qu’on ne devra franchir. Car, le ras-le-bol populaire a dépassé tout le monde : un pouvoir qui s’accroche pour devoir durer encore très longtemps, une opposition plus que discréditée à cause de ses tractations pour accéder au pouvoir et en profiter» commentait un spécialiste de l’Institut français des relations internationales sur France 24 le 19 septembre.
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