Analyste politique congolais de la diaspora, Michael Tshibangu revient sur les événements récents. «Sans un large consensus et sans une grande inclusivité avec le Rassemblement de l’opposition, les résolutions du dialogue de la Cité de l’OUA ne seront jamais acceptées par tous…» explique-t-il avant de conclure que «le peuple congolais n’acceptera plus jamais la conservation (confiscation) du pouvoir par un groupe d’individus alors l’Article 64 de la Constituions fait de la résistance un devoir et une obligation pour la survie de la Nation».
«De ces reports sur reports de la conclusion du dialogue politique de la Cité de l’Union Africaine de Kinshasa»…
Oui certainement le dialogue de la cité de l’OUA a été suspendu après les tristes événements des 19 et 20 septembre. Les congolais sont sortis le 19 pour manifester. La manifestation en soit été autorisée, mais cependant le matin du jour de la manifestation, les policiers se sont déployés dans les quartiers pro-opposition ou jugés chauds par la police et ils se sont permis d’empêcher les jeunes manifestants d’aller aux points des rassemblements convenus alors que la marche était autorisée. En faisant cela, la tension est montée, la situation s’est dégénérée et il y a eu affrontements entre la police et les manifestants. La police a utilisé des armes à feu, elle a tiré à balle réelle contre la population et a tué un bon nombre des manifestants que nous déplorons. On parle de 50 morts selon certaines sources et les autres avancent un chiffre encore plus élevé que cela et dans ce climat, le dialogue ne pouvait pas continuer.
«La Communauté internationale et du consensus à venir» …
Vous savez aussi que la communauté internationale aujourd’hui rejette ce dialogue dans son format actuel. Elle (communauté internationale) souhaite un dialogue inclusif parce que l’objectif du dialogue en soit c’était de trouver un consensus pour avancer. Sans Moise Katumbi Chapwe, sans Etienne Tshisekedi wa Mulumba; il n’y aura pas de consensus. Je dis cela parce que les résolutions qui seront adoptées à la Cité de l’OUA ne seront pas acceptées par tous. Les opposants réunis au sein du Rassemblement, cette large plateforme de l’opposition congolaise qui regroupe des personnalités qui représentent le peuple congolais avec des millions des gens derrière eux comme encore Moïse Katumbi et Etienne Tshisekedi. Mais il y a encore d’autres grands leaders de l’opposition qui se retrouvent au Rassemblement et sans eux le problème demeurera. Il y aura simplement un groupe, ces opposants qui sont au dialogue mais qui ne représentent pas du tout grand-chose. Vous avez par exemple des personnes comme Steve Mbikayi, Bruno Mavungu, qui sur le plan politique ne pèsent pas beaucoup et donc le problème va continuer.
«La décrispation de la situation politique actuelle »…
S’il faut un dialogue, il faut un dialogue inclusif, un vrai dialogue sincère qui passe par la décrispation de la situation politique avec les préalables du Rassemblement : libération des prisonniers politiques, la réouverture des médias des opposants (ces chaines de télévisions qui ont été injustement fermées par le pouvoir en place). Mais aussi la cessation des faux procès comme celui monté contre Moïse Katumbi simplement pour l’exclure de la course et le contraindre à l’exil. Il y a aussi Martin Fayulu qui est victime de l’instrumentalisation de la justice contre lui avec la fermeture et la saisine de ses biens…donc s’il faut dialoguer, il faut avant tout décrisper la situation et prendre des mesures de rétablissement de confiance pour permettre à ce qui est un dialogue franc et sincère entre l’opposition et la Majorité Présidentielle (MP) en vue de trouver une voie de sortie pour joseph Kabila car c’est presque sa dernière chance. La population étant déterminée et si Joseph Kabila décide de ne pas respecter la Constitution, ce qui s’est produit le 19 janvier 2015, les 19 et 20 septembre 2016 va encore se reproduire le 19 décembre 2016 et ça sera encore peut-être plus pire parce que là le peuple sera plus déterminé.
«La Cenco qui suspend sa participation au dialogue est son souhait de voir Joseph Kabila non candidat à la prochaine présidentielle»….
Et même l’église catholique a suspendu sa participation parce qu’elle a remarqué qu’au niveau de la Majorité Présidentielle (MP), il y a ce problème de manque de bonne volonté. Cette MP continue dans son schéma de stratagème qui consiste à vouloir retarder les choses le plus longuement possible, ce que l’église catholique rejette. Elle souhaite le départ de Joseph Kabila le plus tôt que possible, elle souhaite aussi un dialogue franc et sincère, un dialogue inclusif avec tout le monde et réitère que les préalables doivent être respectés par la MP et que Joseph Kabila soit clair qu’il ne va pas se représenter encore. Que Joseph Kabila et ceux qui le représentent affirment cela car il n y a pas de confiance.
«La franche minoritaire des opposants pro-dialogue»…
Maintenant que le dialogue est presque bloqué, ceux qui y sont se trouvent dans une mauvaise position parce que si on veut un vrai dialogue, il va devoir falloir remplir les préalables des uns et des autres afin qu’ils rejoignent ce dialogue pour trouver un consensus, sinon le problème va demeurer.
«Pourquoi la PM a-t-elle si peur ? Elle n’a ni un bilan positif, encore moins une personnalité populaire capable d’être son candidat mais surtout beaucoup d’abus commis au pouvoir»…
La MP a peur des élections certainement parce qu’il y a d’abord leur bilan. On nous a présenté les 5 chantiers : écoles, hôpitaux, emplois, électricité…toutes ces promesses aujourd’hui non accomplies. On a reformulé cela en nous représentant les 5 chantiers sous une autre forme avec La Révolution de la modernité, aujourd’hui on constate le même problème. Elle n’a pas un bilan positif qu’elle peut présenter au peuple congolais pour conserver le pouvoir. Le deuxième problème, c’est aussi que la MP n’a pas un autre candidat valable (en dehors de Joseph Kabila) alors que dans l’opposition il y a des poids lourds et des grands candidats comme Etienne Tshisekedi, Moïse Katumbi et ces autres personnalités de taille alors qu’au niveau de la MP, il n y a pas une personne qui a cette assise populaire et qui peut gagner les élections. Le troisième point ce qu’au pouvoir ils ont commis beaucoup d’abus. Ils sont peur que s’ils quittaient le pouvoir, ils vont se retrouver soit en prison, soit en exil. C’est ce qui explique cette réticence de quitter le pouvoir, cette stratégie de la MP de retarder les choses le plus longtemps que possible parce qu’ils se trouvent dans cette situation qu’ils n’ont pas fait ce qu’ils devraient faire et le peuple en colère et cette colère on l’a remarqué le 19 septembre 2016 lorsque les journalistes posaient les questions aux jeunes pour savoir le pourquoi de leur manifestation, ils répondaient qu’ils voulaient le respect de la constitution.
«La conservation du pouvoir d’une manière illégale ne sera pas accepter par le peuple congolais»…
Mais au-delà de ça ils disaient aussi que le pouvoir en place a échoué, nous souffrons, nous sommes au chômage avec ce problème d’emploi, la pauvreté, la misère…toutes ces choses, c’est l’échec des gens au pouvoir, ils sont conscients de leur impopularité et pour cela ils font tout pour conserver le pouvoir de manière illégale; chose que la population ne va accepter. Donc les jours à venir, les mois qui viennent seront cruciaux pour la RDC et décembre n’est pas très loin à peu près dans 3 mois. Il va falloir qu’avant que nous arrivons au mois de décembre que l’on trouve une solution, sinon il y aura une confrontation, le peuple est déterminé, ces jeunes sont prêts à mourir pour défendre la constitution conformément à l’Article 64 qui leur oblige, ce qui est un devoir qui est une obligation pour le peuple congolais sera obligé de défendre sa démocratie, sa constitution et préserver la stabilité de la RDC de cette façons-là. Nous allons voir ce qui va se passer, la communauté internationale va s’impliquer davantage parce que le risque du chaos est réel. Elle fera pressions sur les acteurs politiques congolais de tous bords, l’opposition et la MP afin que ce vrai dialogue ait lieu le plus tôt que possible et qu’on trouve une solution bien avant le 19 décembre 2016.
Document retranscrit par Roger DIKU à Bruxelles