Place Saint Pierre, Rome. Ils sont 17 bienheureux, proviennent de 11 Nations différentes et dont 13 âgés de moins de 80 ans à avoir été créés nouveaux cardinaux au sein de l’église catholique romaine mondiale. C’est ce qui ressort de l’annonce faite le dimanche 9 octobre 2016 à l’issue de la prière de l’angélus par le pape François qui a souligné l’universalité de l’Eglise à cette occasion. Les nouveaux récipiendaires qui recevront leur barrette cardinalice le 19 novembre prochain, veille de la clôture de l’année jubilaire à Rome représentent ces «périphéries» souvent évoquées par le pape et qui correspondent aux nouvelles terres de mission de l’Eglise selon les spécialistes des questions religieuses.
Pour son 3ème consistoire depuis son élection, le pape argentin François fait entrer 7 cardinaux dont les pays n’ont jamais été représentés au sein du Sacré Collège : la République centrafricaine, le Bangladesh, l’île Maurice, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, ainsi que la Malaisie, le Lesotho et l’Albanie. Parmi les trois africains, Mgr Dieudonné Nzapalainga, l’archevêque de Bangui est une exception. Considéré par beaucoup de ses compatriotes comme un homme de terrain et de paix, on l’a vu sillonné le pays et le monde aux côtés d’un imam et d’un pasteur, tous membres de la plateforme interconfessionnelle pour la paix pour dénoncer les impasses d’un conflit inter-religieux et prêcher la paix et la réconciliation nationales.
Infatigable messager de la paix
Lors de la guerre civile qui a ensanglanté son pays entre 2012 et 2014 avec la rébellion musulmane de la Seleka et au plus fort de la crise centrafricaine, il n’avait pas hésité à abriter chez lui des musulmans pourchassés par les milices anti-balaka. Dans son premier message au titre de cardinal le 9 octobre 2016, il a promis de tout faire pour la réconciliation en Centrafrique et se rendra dans le quartier musulman de Bangui, symbole des toutes les tensions pour rencontrer mes frères et qu’ensemble nous puissions faire revenir la paix au PK5 et dans notre pays.
Dans une cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée conception de Bangui archicomble, il a continué en langue nationale du pays le sango : «Je n’ai pas été appelé pour moi-même. J’ai été appelé pour notre pays. C’est après une grave crise que le pape est venu dans notre pays. Et c’est encore après la résurgence des violences ces derniers jours, que le pape m’a promu cardinal. Je vous le dis, il y a un Dieu pour les pauvres»,
Pour l’homme d’à peine 49 ans seulement qui sera le plus jeune membre du collège cardinalice, le message reste le même : le soutien et l’engagement pour être l’avocat des pauvres. Vu son jeune âge en comparaison au reste des cardinaux, il a encore plusieurs années dans le cardinalat pourvu que Dieu lui prête longue vie pour être au service de son pays et des autres. C’est Mgr Nzapalainga qui avait accueilli le pape François à Bangui fin 2015 pour tenter de marquer la fin de la guerre civile en Centrafrique alors que tout le monde le lui déconseillait de s’y rendre pour des raisons de sa sécurité.
Pour rappel, les cardinaux de plus de 80 ans ne peuvent pas siéger dans un conclave et participer à l’élection d’un nouveau pape. Selon des statistiques publiées dimanche 9 octobre 2016 par le Vatican il y aura le 19 novembre prochain 121 cardinaux électeurs, dont 21 nommés par Jean Paul II, 56 par Benoît XVI et 44 nommés par le pape François. Sur ces 121 électeurs, 54 proviennent d’Europe, 17 d’Amérique du Nord, 17 d’Amérique Latine, 15 d’Afrique, 14 d’Asie et 4 d’Océanie. Depuis son élection et en février 2015, le pape François avait créé 20 nouveaux cardinaux, donnant déjà à l’époque une impulsion à l’internationalisation de l’Église, où les cardinaux européens ne sont désormais plus majoritaires.