Panique générale à bord. On le croyait solide et paré à toutes les turbulences politiques de la navigation à vue dans laquelle elle s’est embarquée depuis un certain temps. Mais en réalité le navire amiral Majorité Présidentielle (MP) est un bateau comme les autres et il tangue. Et ce, malgré la présence de son capitaine et autorité morale le chef de l’Etat Joseph Kabila qui n’en est pas officiellement le président. A défaut d’être le Titanic qui risque de couler avec âmes et biens des politiques à son bord, c’est une panique généralisée à bord avant que le fond ne soit touché.
Pour preuve, cette convocation illico presto des cadres du Bureau politique de la Majorité le dimanche 9 octobre 2016 par le chef du séant dans sa ferme de Kingakati en périphérie Est de Kinshasa, capitale province. A côté des présidents des partis ayant signés la charte de la majorité se trouvaient les présidents des groupes parlementaires et quelques délégués au dialogue, tous proches de la mouvance présidentielle.
Au motif et coté on du rendez-vous : une demande expresse du chef à ses partisans de se préparer pour les élections mais aussi la signature au plus tôt de l’Accord politique global du Dialogue politique national qui se tient depuis plus de 40 jours à La Cité de l’Union Africaine sous la facilitation du togolais Edem Kodjo entre la MP et la frange minoritaire de l’opposition pro-dialogue avec Vital Kamerhe. Côté off, le chef de l’Etat voulait exprimer de vive voix son mécontentement à la majorité censé le soutenir vu la manière et la tournure dont les choses se déroulent jusqu’à ce jour témoigne à www.afriwave.com un participant qui a requis l’anonymat. Car toujours pour ce participant au rendez-vous de Kingakati, le poids des pressions de la communauté internationale et celles des opposants de l’intérieur risquent de ne plus être supporter par le pouvoir et le président de la République se devait de réagir. Ce qu’il a fait en instruisant ses partisans de signer rapidement avec l’opposition l’accord global au dialogue national et de préparer un plan de contre-attaque comme le voyage du ministre Lambert Mende en France.
A cet effet le président sans toujours se prononcer sur ses intentions s’est dit pour des élections le plus vite possible, et il a demandé la mise en place d’une cellule de coordination électorale avec pour objectif d’aider les partis politiques de la majorité à disposer d’un schéma clair et des moyens suffisants pour pouvoir gagner les élections à venir comme l’explique Aubin Minaku, SG de la MP et Président de l’Assemblée nationale. Pour la MP et son autorité morale, c’est à l’Accord politique issu du dialogue de déterminer le schéma et à la Ceni de concrétiser cette volonté en organisant les dites élections dont pourtant et du reste le pays n’a ni des moyens financiers, encore moins ceux matériels pour un déploiement à travers son immensité abyssale d’un sous contient.
Or, le dit dialogue n’achoppe-t-il pas les questions du sort du chef de l’Etat actuel pendant la transition, donc après le 19 décembre prochain (date de la fin de son 2ème et dernier mandat constitutionnel), la gestion de cette transition et la date des élections – surtout la présentielle – que tout le monde voudrait le plus proche possible sans l’actuel chef de l’Etat qui ne devra pas s’y représenter.
Du dialogue qui s’enlise à Kinshasa à la réunion de Luanda fin octobre 2016
Annoncé pour un minimum des dix jours à 15 maximums, le dialogue politique national à Kinshasa s’enlise pour l’instant; Edem Kodjo semble apparemment dépassé par les événements. Il ne parvient toujours pas à accorder la MP et leurs nouveaux amis de l’opposition minoritaire sur l’Accord politique à signer en vue des élections paisibles et aux normes internationalement reconnues. L’idée de son remplacement refait surface et un autre africain, l’ancien SG de l’ONU, le ghanéen Koffi Annan serait cité quand bien même si la MP menace de récuser à son tour la personne qui pourra être proposée en remplacement de Kodjo s’il n’y a pas de raison de le faire comme l’affirme aux médias She Okitundu, cadre de la MP à ce dialogue.
L’église catholique au travers de la Cenco, caution morale de taille du dialogue ayant posé ses préalables et qui estime qu’ils ne sont repris qu’en partie a suspendu sa participation aux travaux jusqu’à ce jour et en réclame une réelle inclusivité avec les opposants du Rassemblement actuellement en dehors du forum (lire Dialogue politique national : La Cenco suspend sa participation https://www.afriwave.com/?p=806). Dans l’entre-temps, un sommet international est prévu à Luanda en Angola pour le 26 octobre 2016. Autour du président angolais Edouardo Dos Santos se retrouveront la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs), l’ONU, l’UA et la SADC avec pour objectif de trouver une solution au blocage politique entre le pouvoir de Kinshasa et ses opposants.
La grande question qui se pose c’est celle de savoir si la MP est sincère dans ses engagements politiques et jusqu’où peut-elle aller dans ses concessions face à ses nouveaux amis de l’opposition pro-dialogue pour l’intérêt supérieur de la Nation ? Sinon, le navire risque de sombrer avec tous si l’on n’y prend garde.