Mercredi 19 octobre 2016. La journée ville morte dans le pays décrétée par le Rassemblement, plate-forme réunissant les partis politiques et Associations de la Société civile acquis au changement aura vécu. Diversement commenté selon le bord du camp dans lequel on se trouve dans l’opposition ou la Majorité Présidentielle (MP), une réalité pourtant note les observateurs : c’est à Kinshasa la capitale du pays et siège des institutions et dans la province du Nord-Kivu que le mot d’ordre de l’opposition a été globalement bien suivi.
Les grands boulevards de la capitale sont désespérément restés vides de toutes les embouteillages qui caractérisent cette mégapole le mercredi matin alors certaines écoles, boutiques et magasins étaient fermés de peur d’une flambée des violences entre manifestants et forces de l’ordre déployées en masse en certains endroits stratégiques comme Le Palais du Peuple, siège du parlement national. Les badauds vus dans la rue brandissaient ce fameux carton jaune et certaines personnes habillées en jaune également en signe de protestation et d’avertissement au président Joseph Kabila que son deuxième et dernier mandat constitutionnel se terminait. Le rendez-vous final restant fixé au 19 décembre 2016 pour un carton rouge, synonyme d’expulsion du jeu politique.
Cette invitation à manifester de l’opposition intervient au lendemain de la signature de l’Accord politique issu du Dialogue politique nationale entre la MP et une frange minoritaire de l’opposition sur les échéances électorales à venir. Mais de la décision de La Cour constitutionnelle approuvant la requête de la CENI qui sollicite le report de la présidentielle prévue en 2016 pour 2018.
C’est en début d’après-midi que dans certains quartiers, l’activité commençait à reprendre avec quelques motos taxis et vendeurs de rue. Comme si cela ne suffisait pas, une forte pluie s’est abattue en début d’après-midi sur la ville pour décourager encore davantage ceux qui commençaient à sortir.
Une image insolite
C’est celle de cette femme d’un certain âge capturée par un photographe dans Kinshasa et que quelqu’un a posté sur des réseaux sociaux car c’est là aussi où se joue la bataille de la démocratie en RD Congo aujourd’hui. Un confrère journaliste kinois connu pour ses chroniques épicées, Didi Mitovelli écrit ceci à propos de cette photo : «Quand une femme, en plus de cet âge-là, choisit de se démarquer des limites de la cuisine, pour dire ce qu’elle pense d’un régime qui n’a jamais réhabilité son panier de la ménagère, c’est qu’elle veut changer le monde ! Est-ce que ceux qui nous gouvernent, ont saisi toute la signification de ce geste de la part, non pas d’une femme, mais de la femme, la première maison de l’homme, mieux « l’avenir de l’homme », selon l’expression du poète Louis Aragon…?».Toute parée de jaune et un sifflet jaune également à la bouche, brandissant fièrement son carton jaune et exprimant son désir de changement.
Quoique bien suivie à Kinshasa, cette journée ville morte fut plus diversement respectée dans le reste du pays. A Bukavu et Lubumbashi notamment, l’activité reste normale comme le signale nos correspondants. Comme l’expliquent les membres du Rassemblement, ces villes traitresses ont vendu la démocratie au profit des intérêts flous notamment la corruption ambiante qui caractérise certains politiques originaires de ces provinces qui ont arrosés la population des billets verts de dollars.
C’est dans cette ambiance de peur qu’Henry Mova Sakani, responsable du parti présidentiel le PPRD a choisi d’improvise une marche vers la Place des Évolués en vue de faire le point sur l’Accord politique du dialogue et la journée ville-morte de l’opposition. Pourtant, toute manifestation était interdite par l’autorité de la ville ; le gouverneur Kimbuta Yango.
