RDC-Dialogue politique national : Edem Kodjo, une désinvolture inacceptable

OPINION

Kinshasa, mardi 18 octobre 2016. Dans son discours de fin des travaux du dialogue politique  inclusif en RDC empreint d’ésotérisme subliminale et autres références biblique ou sur Israël, le facilitateur Edem Kodjo s’est illustré par une distribution des bons points et des pics en direction du régime de Kinshasa que de son opposition dont Etienne Tshisekedi qu’il nomme péjorativement «ce monsieur». Et comme témoin de sa forfaiture, Bruno Mavungu, ancien SG de l’UDPS devenu chef d’un petit parti politique pour les raisons que l’on connait et qui siégeait dans ce forum. Kodjo a pourtant oublié de spécifier les moult péripéties endurées tout au long des 48 jours (1er septembre au 18 octobre 2016) de ses travaux avec notamment la suspension vers la fin des travaux du vers la fin de la CENCO de sa participation pour manque d’inclusivité et le refus de signer cet accord par des personnalités comme d’Adolphe Muzito etc.

Deux jours plus tard, soit le 20 octobre 2016, il en remettait le couvercle avec une interview accordée à notre consœur Habibou Bangré (contributrice Le Monde Afrique, Kinshasa) au titre trouvé : Accord politique en RDC : Edem Kodjo défend son «dialogue», envers et contre tout http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/10/20/edem-kodjo-l-accord-politique-est-un-socle-sur-lequel-tout-doit-etre-construit-en-rdc_5017606_3212.html .

L’Accord politique signé sous sa houlette et censé mettre fin à la crise politique devenue institutionnelle n’en est pas prêt car il a bipolarisé et singularisé encore davantage le clivage entre les deux camps : la majorité de l’opposition réunie au sein du Rassemblement autour d’Etienne Tshisekedi et la Majorité Présidentielle (MP) autour du président Joseph Kabila. A côté de la MP, les franges minorités de l’opposition et de la Société civile alliées à la MP. Pour des conclusions rejetées d’avance par l’opposition avec comme grande décision la tenue de la présidentielle le 29 avril 2018 et la passation de pouvoirs entre le président entrant et le président sortant le 9 mai.

Dans son discours de clôture, se la jouant en se plaignant; il cite le dramaturge anglais Shakespeare et décroche «full of sounds and fury but signifying nothing (trop ou plein de bruits et de fureur mais ne signifiant rien)», comprenne qui pourra à qui est destiné cette attaque. Et de poursuivre : «A travers vaines proclamations, récusation injuste sans fondement, d’une totale et étonnante gratuité, bafouant et foulant aux pieds et d’exécrable manière, la dignité et l’honneur d’un homme de bonne volonté, aujourd’hui comme hier , au seul service de l’Afrique…Oui à travers ronces et épines, rodomontades et affirmations péremptoires, nous avons maintenu le cap, travaillant d’arrachepied pour obtenir enfin , ce qui aujourd’hui est le fruit de ce labeur intense, l’Accord qui vient d’être signé par cette auguste assemblé…Que Dieu soit loué ! Notre marche prend fin devant tes portes Jérusalem ! dit la Bible. La nôtre s’arrête sur les rives de ce fleuve Congo qui n’a cessé de nous inspirer et de nous guider…».

Parlant de Tshisekedi dans son interview au monde/afrique, il déclare : « …En réalité, ce monsieur a changé d’optique depuis qu’il s’est vu intronisé grand chef de l’opposition du conseil des sages [du Rassemblement]. A partir de là, la stratégie n’était pas de négocier, mais plutôt d’imposer une loi dont les conséquences funestes ont été ce qui s’est passé dans le pays le 19 septembre» comme pour lui faire porter le chapeau des conséquences des brutalités des forces gouvernementales sur les manifestants condamnées par tous, y compris l’ONU et Kodjo ne dit rien de la responsabilité du régime.

D’Edem Kodjo, parlons-en !

De son discours de clôture à son interview, et comme certains ont été tenté de le penser ; il ne s’agit pas d’un recadrage de la part de l’ex-facilitateur, mais plutôt d’une désinvolture qui exaspère et inacceptable. En tenant des propos blessants pour ne pas dire insultants à l’encontre des opposants qui se battent pour leur pays et qui n’ont pas voulu de «son dialogue» comme l’écrit lemonde.fr/afrique, sa méprise ne s’adresse pas qu’à eux. Elle l’est aussi pour les franges minoritaires de l’opposition et de la société civile qui l’ont accompagné dans son aventure et tout le monde le sait très bien même ceux qui font semblant. Y compris le régime de Kinshasa dont la MP de qui l’on ne comprendra jamais son soucis d’avoir négocié en catimini avec l’UDPS durant plus d’un an sans se préoccuper « des menus fretins des opposants » d’aujourd’hui qui se sont fait des gros poissons mais qui en réalité n’ont que rejoindre leur famille naturelle.

L’attitude de Mr Edem Kodjo rappelle cette autre d’un certain Me Abdoulaye Wade en 1992 durant l’époque CNS. Envoyé par le président Abdou Diouf pour rapprochait le président Mobutu de l’opposition réunie au sein de l’Union sacrée, Wade insultera les opposants congolais comme étant des personnes n’ayant aucune culture politique, Tshisekedi en tête. Pareille insulte s’adressait également à tous ceux qui entouraient le président Mobutu et le trompait chaque jour comme les mêmes individus le font aujourd’hui avec et autour du président Joseph Kabila.

Ceux des opposants qui avaient pensé tromper le peuple en ralliant le président Mobutu en devenant ses premiers ministres à l’instar de Bernardin Mungul Diaka (29 jours à la primature), ensuite Jean Nguz défenestré moins d’un an après  l’élection triomphale de Tshisekedi par la NCS… Sans oublier Faustin Birindwa Bi Chirirwa de l’UDPS; on connait de quelle manière terminé la lune de miel avec Mobutu et comment ils ont tous fini. Devenu président du Sénégal, Me Wade qui pourtant a une forte culture politique avait voulu tripoter la constitution pour faire un 3ème mandat à défaut d’y mettre son fils Karim Wade. On sait aussi comment et de quelle manière son ex-premier ministre Macky Sall devenu président l’a recadré…

Du bilan de Kodjo pour l’Afrique

La désignation d’Edem Kodjo est une affaire de copinage à l’Union Africaine comme l’affirmeraient certaines sources. Combien de fois a-t-on vu Mme Nkosazana Dlamini-Zuma sur les terrains des pays où elle avait nommé Mr Kodjo ? Elle dont on dit qu’elle a plombé l’Union Africaine pour des ambitions internes dans son pays l’Afrique du Sud et remplacer son ex-mari Jacob Zuma à la tête de l’ANC et ainsi briguer la présidence sud-africaine. De Madagascar au Burundi, de quel résultat Kodjo peut-il se prévaloir alors qu’il a échoué de rapprocher les régimes de ces pays de leur opposition, la violence politique qui y sévit depuis des années en étant le témoin ? Si les Burkinabés et les Senegalais n’avaient pas pris leur destin en mains propres, leurs deux pays allaient aussi sombrer dans la violence. Comment alors pouvait-il gérer la crise congolaise  qui est multi différentielle ?

De ses années 1980 à la tête de l’OUA comme SG, on retiendra que c’est grâce au feu président Gnassingbé Eyadema qu’il le doit en tant que son ancien ministre des Affaires Etrangères. Devenu opposant à son «faiseur», cette posture lui vaudra un procès et une condamnation à Lomé et le début d’une errance d’exilé en France d’abord puis en Afrique avant de revenir au pays sous la grâce du même Eyadema. Devenu chef de l’opposition sans charisme, il finira par être premier ministre du même président Eyadema avant d’échouer à la présidentielle face à Faure Eyadema, qui a remplacé son père de la manière monarchique que l’on connait dans la République démocratique.

De ses années 1980 à l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine, ancêtre de l’Union Africaine d’aujourd’hui) avec feu l’ancien ministre congolais Kamanda Wa Kamanda, l’on retiendra un exemple : l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc lors du retrait des espagnols avec le début de la guerre du Front Polisario et la brouille entre l’Algérie et le Maroc. On ne convaincra jamais le Roi Hassan 2 qui décidera du retrait de son pays de l’OUA avant que son fils aujourd’hui, le Roi Mohamed V ne réintègre son pays en 2016 après le sommet de Kigali au Rwanda.

Avec un passé d’opposant politique peu glorieux et aucun bilan d’opposant comme dirigeant dans son Togo demeuré un nain démocratique jusqu’à ce jour, que pouvait attendre le Congo et les congolais de la part de quelqu’un qui a échoué presque sur tout son parcours ? Il y a que les aveugles qui se prennent pour des voyants qui y croient… et comme l’aveugle de Jéricho Bartimée, lorsqu’ils recouvrent la vue, ils se rendront compte qu’ils se sont trompés de chemin et de personne qui n’était pas en réalité le Christ.

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Rédaction

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