Plus de deux semaines depuis sa réapparition en public et son triomphal retour-reddition le 11 octobre 2016, Kyungu Mutanga Wa Bafunkwa Kanonga dit Gédéon se fait encore plus que discret comme lors de son évasion spectaculaire du 7 novembre 2011 de la prison de Kassapa à Lubumbashi. L’ancien chef de la milice mai-mai «Bakata Katanga», célèbre dans le triangle de la mort Mitwaba-Pweto-Manono et condamné à mort en mars 2009 pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, mouvement insurrectionnel et terrorisme se trouverait toujours sous bonne protection des autorités provinciales. A ce sujet, lire aussi RD Congo : Gédéon Kyungu Mutanga de retour à Lubumbashi https://www.afriwave.com/?p=986 et RD Congo : l’étonnante reddition de Kyungu Mutanga dit «Gédéon» et ses zones d’ombre https://www.afriwave.com/?p=991
Pendant ce temps, des voix s’élèvent de partout pour réclamer son arrestation officielle et sa réincarcération afin que justice soit rendu aux victimes de sa barbarie monstrueuse. Des organisations de Défense de Droits de l’Homme aux Associations des victimes en passant par des politiques, tous réclament la fermeté dans le chef du gouvernement pour ce cas. La dernière demande en date étant celle de l’ONU pour qui «la place de Gédéon est en prison». Comme l’explique José Maria Aranaz, Directeur du Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH), «c’est une question de principe : Gédéon doit retourner en prison. Il n’y a pas d’amnistie possible pour les crimes contre l’humanité. Il était déjà condamné. C’est une très bonne nouvelle qu’il se soit rendu, mais il doit retourner en prison»; une question qui risque de devenir une nouvelle source de dispute avec le gouvernement congolais.
La réaction de Lambert Mende, ministre de l’Information et de la Communication, porte-parole du gouvernement ne s’est pas fait attendre : «S’il y a une justice en RDC, elle n’est pas gérée par les Nations Unies» clame-t-il avant de poursuivre : «ce n’est pas aux Nations Unies de commenter les mesures prises par la justice congolaise pour assurer la sécurité de la population et aider la manifestation de la vérité. Il faut que les gens cessent de vouloir toujours se substituer aux autorités congolaises. Le procureur, seul, sait pourquoi Gédéon est là où il est; le procureur, seul, sait où il enverra Gédéon quand il l’y enverra. Evoquer une quelconque velléité d’amnistie pour Gédéon à ce stade, ce serait faire un procès d’intention au gouvernement congolais».
Tout est politique
De l’ancien rebelle qui veut s’engager en politique, pas grand’ chose de connu. De Kyungu Mutanga Gédéon, l’on sait qu’il fut enseignant dans son village du fin fond du Katanga. Reconverti en milicien des Forces d’auto-défense populaires (FAP) sous Mzee Laurent-Désiré Kabila fin 2008 pour contrer l’avancée des rebelles du RCD/Goma et de leurs alliés rwandais, il s’est illustré dans des exactions sans nom. Oublié des Accords du Dialogue Inter congolais de Sun City en Afrique du Sud et qui mettait fin aux rebellions du MLC et du RCD-Goma, Kyungu se rappellera aux nouvelles autorités de 1+4 en se convertissant de nouveau en une rébellion maï-maï sanglante : une guerre non conventionnelle contre les populations civiles et les troupes régulières des FARDC.
Depuis sa reddition, alors que lui-même expliquait avoir été armé par Laurent-Désiré Kabila, certaines voix cherchent à l’associer aujourd’hui à l’ancien gouverneur du Katanga devenu opposant politique au régime. L’on tenterait ainsi de dire que c’est Moïse Katumbi qui armait Kyungu pour qu’il continue ses exactions sur les populations civiles.