RDC / Nord-Kivu : Le village Kitevya près de Beni victime d’une attaque meurtrière, les habitants brûlent les cercueils offerts par les autorités

Kitevya, région de Beni le 31 octobre 2016. C’est un massacre et un martyr de plus dans le triangle dit de la mort Beni-Butembo- Oicha. C’est le village Kitevya situé à 8 Km d’Oicha et 33 km de Beni dans la province du Nord-Kivu qui a été victime d’une sanglante attaque  attribuée encore une fois de plus aux présumés rebelles ougandais des Forces Démocratiques Alliées dit ADF-Nalu. Le bilan est lourd : près d’une douzaine des victimes dont 6 civils tués (2 hommes et 4 femmes) à l’arme blanche, 2 blessés graves et 5 disparus. Dans leur forfait et avant leur fuite, les rebelles ont également pillé le Centre de santé de cette localité en se repliant dans leur cachette en pleine forêt.

Dans leur désespoir total, les villageois de Kitevya en colère et en fuite vers des lieux censés être sûrs pour leur protection s’en sont pris violemment aux autorités sur place accusées de ne rien faire et de ne réapparaître qu’après le forfait. Et pour marquer leur indignation, ils sont brulés tous les cercueils offerts par les mêmes autorités pour l’inhumation des victimes en expliquant que le rôle de l’Etat est de protéger sa population et non de l’enterrer.

Le porte-parole de l’armée congolaise dans la région, le capitaine Mak Hazukay, qui a confirmé cette attaque, n’a pas voulu se prononcer sur le bilan selon l’AFP. Cette attaque s’est passée loin du centre de Kithevya, dans un périmètre des champs des cultures et en dehors du dispositif militaire. Ce qui a été confirmé par des témoins sur place, la Société civile et l’un des administrateurs dans ce territoire, Bernard Amisi Kalonda cité par l’AFP (Agence France Presse). Cette nième attaque avec son lot des massacres s’est déroulée en pleine fin de journée vers 16h00’. Déjà en début de ce mois, le 10 octobre dernier, une dizaine de personnes dont 8 civils avaient déjà été tuées dans une nouvelle attaque attribuée aux mêmes ADF-Nalu, rebelles opposés au président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, qui sévissent en RDC depuis 1995.

Une tragédie sans fin…

De ces massacres et tueries de masses à répétition dans la même région, c’est une tragédie sans fin qui se déroule sous les yeux de tous : gouvernement et communauté internationale. Et l’on se pose la question sur les présences et le rôle des FARDC (forces armées congolaises) et du contingent des casques bleus de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco). Depuis octobre 2014, environ 700 personnes ont été tuées essentiellement à l’arme blanche et à la machette dans une série de massacres ou d’attaques dans cette région de l’Est troublé de la RDC; toutes attribuées aux rebelles musulmans ougandais sans qu’aucune preuve ne vienne confirmer cette thèse.

Certains rapports indépendants mais aussi des experts de l’ONU elle-même mettent en doute cette version : pour eux, les rebelles ADF-Nalu partagent cette responsabilité avec d’autres groupes armés et certains éléments de l’armée congolaise; le tout avec la complicité de certains chefs militaires locaux. Version qu’a toujours démentie le gouvernement congolais qui avait pourtant délocalisé l’Etat-Major Général de l’armée à l’Est du pays soit disant pour accentuer la lutte contre les bandes armées.

Rappelons que la tragédie de l’Est du Congo de Bukavu à Goma en passant par Beni date des années 1996 avec la guerre dite de libération pour chasser Mobutu du pouvoir par les rebelles de L’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) de Laurent-Désiré Kabila soutenue par l’Ouganda et le Rwanda. Des rebellions en rebellions, les bandes armées se sont formées pour un pillage systématique des matières premières de cette contrée riche en minerais divers et autres. Vingt après, la guerre de libération n’est jamais finie. Elle s’est muée en massacres et la tragédie continue pour jusqu’à quand se demande la population plus que ruinée ?