Affaire «Lumumba papers» et la BGFI-Bank SA, une avalanche des condamnations-démentis qui ne dissipent pas les zones d’ombre…et des futures actions en justice contre Jean-Jacques Lumumba et le journal Le Soir

Le séisme politico-financier provoqué par les révélations du Quotidien francophone belge Le Soir n’a pas fini de faire des vagues. Les accusations portées contre plusieurs proches du président Joseph Kabila d’avoir effectué des montages financiers douteux à partir de comptes ouverts dans la branche congolaise de BGFI-Bank SA continuent d’alimenter les conversations dans les salons huppés de Kinshasa comme dans les chaumières du profond pays. Les « Lumumba papers», comme l’ont baptisés les mouvements citoyens congolais pointent ainsi des mouvements financiers jugés suspects vers un compte de la Ceni entre mai et septembre 2016 où plusieurs chèques ont été encaissés par des personnes pour un montant total de près de de 11 millions de dollars sans qu’une justification pertinente ne soit fournie.

Et comme il fallait s’y attendre, c’est une avalanche des condamnations avec des tirs croisés et démentis depuis la RDC contre la Belgique et le journal francophone qui a révélé le weekend dernier cette affaire (lire Corruption en RD Congo : encore un scandale au plus haut sommet de l’Etat : https://www.afriwave.com/?p=1160).  En ligne de mire également Jean-Jacques Lumumba, ancien cadre chargé d’Engagement et qui dévoilée les pratiques de la banque d’affaires installée à Kinshasa et dirigée par Francis Selemani Mtwale, fils Kanambe et un proche du président Kabila depuis ses années d’exil, dans sa jeunesse, en Tanzanie. Au lendemain de cette publication et pour Lambert Mende Omalanga, porte-parole du gouvernement, il s’agissait «d’une affaire qui est à première vue une légende d’un individu qui tente de profiter de la situation pour se faire une notoriété».

Des milieux proches du régime ont trouvé dans cette dénonciation une occasion de crier haro sur ce complot néo-colonialiste qui se trame depuis l’ancienne métropole pour renverser le régime de Joseph Kabila. La blogosphère congolaise s’y est mise pour sa part en trouvant dans cette affaire une coalition des personnes décidées à salir l’image du président de la République et de sa famille. Pour la Banque BGFI-Bank SA RDC, il y’aura des poursuites contre son ex-employé et le Journal belge Le Soir en vue de rétablir son image de marque : «sa direction générale se résout à obtenir juste réparation à l’encontre de Mr Jean-Jacques Lumumba et son sociétaire «Le Soir» qui, dans le but certain de rechercher le sensationnel ont porté sans fondement, d’accusations graves que celles de corruption, de détournement et de blanchissement» conclut le communiqué de presse de la BGFI-Bank. Malgré cette avalanche des critiques, beaucoup des zones d’ombre demeurent et qu’en est-il au juste ?

La CENI, une légèreté déconcertante

C’est une véritable légèreté déconcertante qu’affiche la Commission Electorale nationale Indépendante, la Ceni dans ce dossier explosif. Organe chargé d’organiser les élections, la Ceni se plaint régulièrement de manquer de fonds nécessaires en vue de de mener à bien ses missions, notamment la convocation et l’organisation à temps des élections, aujourd’hui reportées à avril 2018 par le dialogue politique de Kinshasa (1er septembre au 18 octobre 2016).

Dans son communiqué du 2 novembre 2016 signé Jean-Pierre Kalamba Mulumba N’Galula, son Rapporteur; la Ceni @cenirdc dément catégoriquement tous détournements des fonds et dénonce ce qu’elle considère comme une volonté obscure de jeter un discrédit sur le processus électoral et ainsi renforcer la méfiance de la  population en elle : «La CENI dénonce le lien établi abusivement entre les transactions effectuées régulièrement sur ces comptes pour des raisons  opérationnelles évidentes et la non tenue des élections en 2016. Il s’agit là d’un discours malhonnête destinés à jeter le discrédit sur le processus électoral en cours, à désorienter l’opinion nationale et à renforcer le climat de méfiance et de confusion au sein de la population en RDC». Elle va même loin en justifiant que  les retraits ou paiements en espèces sur ses comptes à la #BGFI-Bank SA révélés par @lesoir sont vrais et légaux  car ayant servi aux dépenses opérationnelles.

BGFI-Bank SA, un communiqué de presse pour des explications pas crédibles et des méthodes douteuses

Dans ses explications sur le scandale dans lequel est mêlé son nom, la BGFI-Bank SA dénonce une manipulation de son ex-employé Jean-Jacques Lumumba qui a démissionné et une mauvaise interprétation de la réalité des choses par le journal. Pour son Directeur Général adjoint Abdel Kader Diop, il n’y a pas de Kabila parmi les actionnaires et la direction. Et d’affirmer pince sans rire et avec légèreté que les allégations selon lesquelles Gloria Mteyu, présentée par le plus que sérieux magazine économique Bloomberg comme la sœur du chef de l’Etat, et de surcroit comme l’une des principales actionnaires ne concernent pas sa banque : «Madame Gloria, elle est actionnaire. Je reconnais ce nom-là parmi les actionnaires. Mais de là à dire qu’elle est parenté ou que le directeur général est le fils adoptif ou le cousin adoptif de qui ou quoi, je ne peux pas le faire. Je ne suis pas un Etat civil. Je suis une banque».

Du taux d’intérêt de 4% plus qu’anormal pratiqué par la banque sur l’emprunt de 25 millions de dollars de la Ceni, garanti par le compte en francs congolais et pour lequel aucun intérêt n’est touché alors que la banque prélève une commission d’un million de dollars, le DGA Abdel Kader Diop explique que « La tarification est libre et négociée entre le client et sa banque, la BGFI-Bank ne pas le seul banquier de la Céni». Pour la direction de la BGFI, rien d’anormal pour le marché congolais. Qui peut encore croire ce mensonge grossier se demande un proche du cercle du pouvoir interrogé par www.afriwave.com à Kinshasa et qui a préféré l’anonymat? Pourquoi Francis Selemani Mtwale n’a-t-il pas défendu lui-même la banque en léguant cette sale besogne  au pauvre Abdel Kader Diop s’interroge également notre interlocuteur, et qui finit par lâcher comme par défaitisme : décidément, ce pays n’a pas de chance.

Quid de ces multiples ponctions

Des multiples retraits effectués par des personnes en majorité des femmes sur les comptes de la CENI auprès de la BGFI-Bank SA et malgré les négations, un cas en passe d’être élucidé : celui de Mme Mujinga Doris Kibango qui aurait reçu 350.000 Dollars US selon les documents publiés par le journal Le Soir. Il s’avère que cette dernière travaille pour le compte de l’ONG NHS (Nabii Samweli House), propriété de Flory Kabange Numbi et sa famille, de surcroît premier magistrat du pays en sa qualité du  Procureur Général de la République (PGR).

L’on ne peut expliquer ou comprendre pareille proximité entre ceux qui sont à la tête des institutions du pays et les autres organes d’appui comme la Ceni et les banques pour la gestion et les transferts des fonds censés appartenir à l’Etat. Sous d’autres cieux, cela serait considérés comme étant un conflit d’intérêt et punissable par la loi. A qui profitent donc toutes ces manœuvres se demandent les gens?

 

Albert Yuma et EGAL : une société privée avec un bras plus que long

Une société privée spécialisée dans l’agroalimentaire appartenant à un citoyen, Yuma soit-il et qui bénéficie en 2013 de 43 millions de dollars sur un compte à la BGFI-Bank SA de la part de la Banque Centrale du Congo (BCC), cela ne se voit qu’en RDC. Car selon tous les spécialistes interrogés, la mission d’une banque nationale n’est pas de financer ou de prêter à des sociétés privées. Pire, un prêt direct à une entreprise est normalement interdit et d’autant que, selon le quotidien belge, la somme n’a jamais été remboursée.

Selon toujours les documents publiés par le journal Le Soir, des prêts contractés par la Gécamines auprès de la BGFI pour 30 millions de dollars auraient amené, entre octobre 2015 et mai 2016, à un double prélèvement des intérêts par la banque : une fois automatiquement, la seconde manuellement. Le préjudice s’élèverait ainsi pour la société publique à 2,7 millions de dollars. Argument balayés d’un revers de la main par Albert Yuma qui explique qu’il s’agit d’une erreur de la banque, rectifiée par la suite.

Pour le reste, il s’agit des «idioties», répond Yuma à tous ceux qui l’accuse en n’oubliant pas de leur administrer une petite leçon : «il faut ne rien comprendre au fonctionnement de l’économie pour écrire des choses pareilles…Ce monsieur Lumumba, je ne le connais pas. Il a sans doute été payé. La BGFI-Bank va publier un communiqué prochainement et je répondrai personnellement au Soir». Léger et simpliste comme argument pour celui qui accumule des multiples casquettes : chef du patronat congolais en qualité du Président de la Fédération des Entreprises du Congo (FEC), Président du Conseil d’Administration de la Gécamines, société minière d’Etat et hommes d’affaires opulent depuis Mobutu jusqu’à ce jour et de fois négociateur de la Majorité Présidentielle (MP) au pouvoir comme lors de la signature de cette fameuse Protocole d’Accord sur la feuille des route commune entre l’UDPS et la MP en vue de la mise en œuvre du Dialogue politique national et inclusif du 18 mars 2016.

Edem Kodjo et l’opposition minoritaire brandiront ce document au refus de l’UDPS de participer à leur dialogue comme signe de l’inconstance du grand parti de l’opposition alors qu’il était d’accord sur tout. Le très impliqué Albert Yuma est de toutes les causes comme celle de la certification de la dette intérieure du pays par le Cabinet PwC Kinshasa sur demande de la Banque Mondiale et qui recevra l’aval de l’OGEDEP. Alors Président du Conseil d’Administration TEXAF en Belgique et de la FEC au Congo, Albert Yuma interviendra pour le compte des opérateurs économiques avec obtention d’un règlement partiel avec décote.

C’est un dossier à suivre !

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Rédaction

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