Une transition pacifique, des élections apaisées et un processus le plus inclusif possible. C’est le substance du message transmis aux congolais par la délégation des 15 représentants des pays membres du Conseil de sécurité de l’Onu. Emmenée par les ambassadeurs d’Angola Ismael Abraão Martins et de France François Delattre, cette mission de trois jours (11 novembre au 14 novembre 2016) se rendra ensuite à Luanda en Angola pour y rencontrer le chef de l’Etat angolais Edouardo Dos Santos, président en exercice de la CIRGL (Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs).
Le périple congolais s’est achevé par un déplacement symbolique à Goma et à Beni dans la province du Nord-Kivu; cette partie Est du pays martyr des graves crimes contre l’humanité y perpétraient avec des assassinats et des tueries diverses commis sur des civils par des groupes armées et autres milices non identifiées depuis 2012. Ce malgré les présences des troupes congolaises des Fardc et celles de l’Onu au travers de la Monusco.
Ce voyage au pas de charge a été l’occasion pour les 15 ambassadeurs d’écouter et de discuter avec les représentants de toutes les couches socio-politiques dont les acteurs de la majorité comme ceux de l’opposition ayant participé ou non au dialogue national, la société civile et les mouvements citoyens sur la grave crise politique que traverse le pays et de réfléchir aux solutions pour y remédier. Elle a aussi rencontré en tête-à-tête le président Joseph Kabila en présence des principaux ministres du gouvernement ainsi que le premier d’entre-eux, le sortant Matata Ponyo. Aux uns et aux autres, une seule recommandation : «une transition politique pacifique et des futures élections apaisées. Le pays traverse une profonde crise politique depuis la réélection de Kabila en 2011 au terme d’un scrutin présidentiel contesté car entaché d’innombrables irrégularités. Devenue institutionnelle, cette crise a été encore aggravée par le report à avril 2018 de la présidentielle qui devait se tenir avant la fin 2016 et qui marquait le terme du deuxième et dernier mandat constitutionnelle de Kabila le 19 décembre 2016.
Ce report avait été décidé en octobre dernier par la Majorité présidentielle et une frange minoritaire de l’opposition à l’issu du dialogue politique inclusif de Kinshasa sous l’égide de l’Union Africaine (1er septembre au 18 octobre 2016). La majeure partie de l’opposition a rejeté cet accord et plaide pour un forum plus inclusif et la tenue du scrutin au plus tard en avril 2017 en lieu et place d’avril 2018 qui semble une échéance trop lointaine. Le pays en sort aujourd’hui divisé, les manifestations de l’opposition réclamant le départ de Kabila sont violemment réprimées par le pouvoir comme le 19 septembre dernier à Kinshasa avec des nombreuses victimes.
Pour François Delattre, l’ambassadeur français à l’issue de l’entretien avec Joseph Kabila : «la RDC est à un moment charnière de son histoire, il revient aux forces vives de maintenir le pays sur le chemin de la paix pour la fin du mandat du président Kabila» alors que l’angolais Ismaël Abraão Martins insistait sur le fait «qu’un troisième mandat, ce n’est pas la solution en RDC». Le président Kabila lui-même invitant la délégation à écouter les Congolais et à les aider à trouver une solution telle que les Congolais le conçoivent, parce que la situation est très complexe, comme le déclarait à l’AFP le porte-parole du gouvernement Lambert Mende. Et au ministre d’ajouter que «L’accord du 18 octobre doit être considéré comme le socle, le point de départ, la pierre angulaire vers laquelle la communauté internationale doit agir pour ramener tout le monde a un compromis».
Un trouble pourtant, …sur Twitter
C’est via un twitte qui fait parler de lui qu’est venu un trouble à l’issu de la rencontre entre Kabila et les envoyés de l’Onu comme le révèle l’ambassadeur britannique Stephen Hickey : Stephen Hickey @sblhickey Very concerning that Pres. Kabila mentions possibility of amending constitution when asked straight question on standing for 3rd term. #DRC 14:41 – 12 Nov 2016. A sa question sur une éventuelle candidature pour un troisième mandat, Kabila aurait répondu qu’il était attaché à la Constitution ne le permettait pas, qu’elle pouvait toujours être modifiée. Ce qui reste préoccupant car contraire à l’esprit et la lettre même de l’Accord du dialogue signé le 18 octobre 2016 entre sa majorité et la frange minoritaire de l’opposition.
Le Britannique qui s’est dit très préoccupé par ces propos revient sur sa question posée à Joseph Kabila sur l’éventualité d’un troisième mandat et la réponse de ce dernier : «Il a dit clairement qu’il était attaché à la Constitution, il a dit que c’était connu, mais il a aussi souligné que la Constitution pouvait être révisée. Mais je pense que parmi les acteurs politiques, il y a un consensus sur le fait qu’il faut la respecter». Pour un proche de Kabila par contre, le chef de l’Etat aurait répondu à cette question en évoquant son attachement à la Constitution et n’a ajouté la référence à la révision que comme un mécanisme existant. Pour preuve, sa remarque sur le fait que le Conseil était particulièrement pointilleux sur cette question au Congo, mais pas dans les pays voisins.
Vendredi 11 novembre 2016 à l’entame de cette mission, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avec qui le pouvoir congolais n’a pas toujours sur la même vision des choses avait appelé cette délégation à dénoncer «la répression politique» pour éviter «une crise de large envergure».
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