Kinshasa, le 15 novembre 2016. Il était 12h15’ en ce mardi 15 novembre 2015 lorsque Joseph Kabila, le chef de l’Etat congolais s’est adressé à la Nation au travers du Parlement et du Sénat réunis en congrès au Palais du Peuple de Kinshasa. Ce discours intervient au lendemain de la démission de son premier ministre Matata Ponyo dans le cadre de l’application de l’Accord issu du dialogue politique national inclusif. Il y est question d’une cogestion du pays pour une période transitoire allant jusqu’en avril 2018 entre sa majorité présidentielle et une partie minoritaire de l’opposition sous la direction d’un premier ministre issu de cette opposition ayant pris part au forum de Kinshasa. Le futur locataire de l’Hôtel du gouvernement qui sera désigné incessamment ayant pour mission prioritaire l’organisation et la tenue des élections.
Troisième mandat ou pas ? Sur la grande question de l’heure où il était attendu notamment son sort après le 19 décembre 2016, date de fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, Kabila est demeuré énigmatique et muet comme dans ses habitudes, se contentant de déclarer simplement que la question de son «avenir politique est réglée par la Constitution et que cette dernière sera bien respectée dans toutes ses dispositions» sans en préciser ni la manière ni les modalités. De ses 15 ans au pouvoir, le Chef de l’Etat s’est adressé une auto satisfecit d’avoir remis le pays sur orbite dans le concert des nations tout en ne manquant pas de rappeler moult promesses faites et réalisées depuis janvier 2001.Dans le reste du discours, ce fut un catalogue des bonnes intentions et des promesses que l’on tient depuis près des 20 ans l’année prochaine lorsque l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) s’emparait du pouvoir à Kinshasa après avoir chassé le maréchal Mobutu qui y régnait 23 ans auparavant.
Entre autres ces bonnes intentions, la question sécuritaire à L’Est du pays où sévissent des groupes armées en tous genres et autres milices. Kabila s’est dit satisfait en tentant de rassurer sur le fait «Les zones de non droit sont réduites à des portions» en manquant pas de souligner que «le pays est aujourd’hui un modèle et un exemple dans la lutte contre les violences sexuelles»; dossier sur lequel le Dr Denis Mukwege pourra beaucoup en dire. Sur le plan économique où le fameux «cadre macroéconomique» de son ex-premier ministre Matata a montré ses limites, Joseph Kabila a souligné la «suppression à près de 90% de la dette extérieure du pays» alors que ses priorités dans le cadre de cinq chantiers (eau, éducation, électricité, soins de santé, routes) sont restés les parents pauvres de 15 ans de son régime.
Alors qu’il a sollicité les évêques de la Cenco pour une médiation auprès du Rassemblement de la grande opposition qui exige toujours son départ des affaires de l’Etat au soir du 19 décembre 2016, Kabila n’a pas manqué de brandir son bâton de châtiment : «je ne permettrais pas à une frange de la classe politique de prendre le peuple en otage… miser sur le sang et la destruction des biens est moralement condamnable…il faut lutter contre les vieux démons de ceux qui veulent prendre le pouvoir par la force…», dit-il en substance.
Pour préserver la paix chèrement acquise à la manière dont parlait Mobutu il y a plus de 30 ans, Kabila prend le peuple à témoin et l’invite d’être le seul arbitre lors des élections qu’il veut apaisées et régulières. Tout en tendant sa «paternelle» main à tous ceux qui n’ont pas pris part au dialogue de Kinshasa et d’un ton ferme, Kabila fustige l’attitude des officines étrangères nostalgiques qui manipulent les jeunes et dénonce ce qu’il qualifie d’ingérences étrangères dans les affaires intérieures du pays en rappelant qu’en dehors de son droit au respect de sa dignité, le Congo ne transigera ni sur sa souveraineté, encore moins sur son indépendance.
Un bon ombre des députés et sénateurs proches du Rassemblement de l’opposition avaient préférés boycotter cette adresse à la Nation du président Joseph Kabila.
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