Samy Badibanga Ntita nommé premier ministre de la période transitoire

Trente jours après la signature de l’Accord issu du Dialogue politique inclusif de Kinshasa entre la Majorité présidentielle et la frange minoritaire de l’opposition, c’est finalement Samy Badibanga Ntita qui a raflé le marron en étant nommé premier ministre de transition. C’est via une ordonnance signée par son Directeur de Cabinet en ce 17 novembre 2016 que Joseph Kabila a porté son choix sur l’ancien chef du Groupe parlementaire de l’UDPS et Alliés à l’Assemblée nationale et participant au forum de Kinshasa.

Cette nomination intervient 48 heures après son Discours sur l’état de la Nation au cours duquel Kabila est demeuré flou sur son propre devenir politique dès la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel le 19 décembre 2016 prochain. Et ce, même si l’Accord politique du 18 octobre lui garantit une prolongation de mandat à la tête du pays jusqu’en avril 2018.

54 ans révolus, ex-ancien conseiller d’Étienne Tshisekedi en 2009 et un proche ami de son fils Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi; Samy Badibanga Ntita est député national élu sur les listes de l’UDPS en 2011. Sa note biographique informe qu’il est né à Kinshasa et détenteur d’un diplômé de l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Genève en Suisse et d’un autre de l’Ecole du Haut Conseil du Diamant d’Anvers. En froid avec son parti qui ne reconnait pas l’Accord politique sur base de laquelle se fonde sa nomination, Samy Badibanga avait été démis de la présidence du groupe parlementaire UDPS & Alliés par ses amis en octobre dernier pour avoir participé au dit dialogue. Le Rassemblement, principale plateforme de l’opposition qui n’a pas pris part au dialogue de Kinshasa a déjà indiqué qu’il ne participerait pas au nouveau gouvernement et qu’il ne reconnait pas non plus.

Une charge qui sera trop lourde à porter

La charge parait d’emblée trop lourde pour les épaules de Badibanga, car là où l’ancien premier ministre Matata n’a pu faire beaucoup des choses en quatre ans durant pour préparer les élections; le nouveau premier ministre ne le pourra en une année et quelques mois. Il risque de se retrouver très vite devant les réalités de l’exercice du pouvoir qui sont le contraire de l’opposition dans laquelle il était censé se retrouvait depuis lors. Passé l’euphorie de sa nomination, il faudra attendre pour voir quelle marge de manœuvre aura le premier ministre face à Joseph Kabila et sa machine de la Majorité présidentielle dans la gestion des dossiers sensibles de l’Etat.

Il ne faudra pas perdre de vue que la mission lui assignait selon le discours de Kabila du 15 novembre 2016 reste celle décrite dans l’Accord politique à savoir : «la charge de former le Gouvernement d’union nationale dont la mission principale sera de conduire le peuple aux élections, tout en préservant les acquis économiques et sociaux des quinze dernières années mais aussi la mission, tout aussi prioritaire, d’œuvrer à l’amélioration du social de notre population».

Si certains Kasaïens membres de la majorité au pouvoir semblent se réjouir de cette nomination comme si l’arrivée de l’un de leur à la tête du gouvernement en était une première, un son de cloche pourtant différent : celui d’un autre Kasaïen proche de cette même majorité qui a requis l’anonymat interrogé par www.afriwave.com  qui explique «ces gens se trompent dans leur fausse joie…car le problème de notre pays aujourd’hui c’est le respect des institutions et la loi fondamentale (constitution) qui les régissent. La grave crise politique actuelle n’a rien à voir avec la  géopolitique dans ses clivages Est-Ouest, encore moins les tribus. Et pour rappel, Léonard Mulamba Nyunyi, Anaclet Mpinga Kasenda, Mabi Mulumba, Crispin Mulumba Lukoji pour n’en citer que ceux-là;  étaient tous Kasaïens» conclut-il.

Des réactions à chaud

C.T, un cadre de l’UDPS à Kinshasa: cette nomination ne pouvait nous étonner dans la tactique et de la part du régime finissant. Tout le monde sait de quelle manière Kabila et Kamerhe alors président de l’Assemblée nationale se sont séparés en 2009. Leurs retrouvailles en 2016 ne pouvaient occulter la rancune entre les deux hommes même si Kamerhe a facilité le glissement que notre peuple ne veut pas. Nommez Badibanga pour penser affaiblir notre parti  après le débauchage raté de Bruno Tshibala  et ainsi fragiliser le président Etienne Tshisekedi est un coup d’épée dans l’eau. Le pouvoir moribond de Mobutu avait usé de la même méthode avec Faustin Birindwa Bi-Chirirwha en remplacement de Tshisekedi mais en vain. Si Kamerhe se console aujourd’hui en déclarant que «ses ambitions ont toujours été au-dessus du poste du premier ministre» et qu’il n’y a rien d’épidermique dans son chef, qu’il ne s’imagine pas qu’il sera un jour chef de l’Etat dans ce pays.

Claudel Lubaya, Président de l’Union démocratique Africaine UDA-Originelle, parti membre du Rassemblement explique sur les réseaux sociaux que «La nomination d’un premier ministre, chargé de préparer le déménagement dans le cadre de la fin du bail le 19/12 est un non-événement. Cet acte ne fait qu’aggraver la crise créée de toute pièce pour justifier les manœuvres de confiscation du pouvoir. ##yebelaa#».

Pour sa part, le Dr Jean-Jacques Mbungani, Représentant du MLC-Extérieur déclare que : «Faute d’un compromis avec la vraie opposition (Rassemblement et Front pour le Respect de la Constitution) l’actuel chef de l’Etat a probablement fait le choix d’un ex-UDPS en lieu et place de Vital Kamerhe. De toute évidence, la fin du régime de Joseph Kabila est inévitable.

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Rédaction

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