Au troisième jour des discussions directes entre la Majorité présidentielle et l’Opposition radicale réunies autour de la CENCO, rien ne semble annoncer la conclusion imminente d’un consensus politique le plus large possible en vue d’apaiser le climat politique dans le pays. C’est un blocage en permanence sur fond d’incertitudes pour les jours à venir, surtout que la date butoir du 19 décembre 2016 qui marque la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila approche à grand pas.
Pour l’hôte des discussions du Centre Inter-diocésain de Kinshasa la CENCO, chacun reste encore trop sur sa position de départ et il faut sortir de l’approche juridique et faire preuve de volonté politique. L’Eglise catholique se réjouissant du reste tout de même de voir que personne n’avait quitté la table des discussions jusque maintenant, l’objectif désormais étant de trouver un compromis d’ici samedi au plus tard.
Si de leur pat, les autorités gouvernementales au travers de ses forces de sécurité avec la police tentent de rassurer que rien ne se passera ce jour-là, encore moins dans ceux à venir, des précautions et non des moindres ont pourtant été prises. Comme notamment cette mesure-décision de filtrer, de restreindre à défaut carrément de couper Internet et les réseaux sociaux sur l’ensemble du pays à dater du 18 décembre 2016 à 23h59’ (Lire notre article : RDC et communications : Internet et Réseaux sociaux sous haute surveillance dans le pays… https://www.afriwave.com/?p=1539 ). Malgré le semblant de sérénité affichée, on comprend la panique dans le camp du régime avec cette vague de fond qui monte du pays entier et qui veut en finir une fois pour toute avec le pouvoir actuel à dater du 20 décembre 2016 si aucune solution n’est trouvée entre les politiques.
Des travaux proprement dits
Le déroulement des travaux dans les différentes Commissions de ce jeudi 15 décembre 2016 a montré combien les positions de deux camps restent éloignées, malgré la toute bonne volonté de la CENCO; ce qui rend encore plus difficile les discussions. La méfiance est dans tous les camps comme sur la question des élections où l’Opposition s’en tient à sa réclamation afin qu’elles aient lieu fin 2017 au plus tard. La Majorité quant à elle s’accroche à la date d’avril 2018 comme contenu dans son Accord politique du 18 octobre 2016 issu du dialogue. De plus, la Majorité exige de l’Opposition les preuves qu’il est encore techniquement possible d’organiser les dites élections en 2017. Un véritable langage des sourds.
A la Commission sur les mesures de Décrispation politique où siège Félix Tshisekedi, les discussions sont parfois houleuses. Le Rassemblement emmené par l’UDPS exige la libération de tous les prisonniers politiques et la fin des poursuites judiciaires contre les opposants dont Moïse Katumbi, l’un des candidats à la présidentielle, comme préalable pour avancer sur le reste. En face, les délégués de la majorité avancent des arguments juridiques, comme la difficulté de stopper une procédure en cours, par exemple en ce qui concerne le même Moïse Katumbi.
Les débats dans ces deux commissions font aussi rage sur les réseaux sociaux bientôt coupés dans le pays. Sur Twitter par exemple, la majeure partie des congolais pensent que les délégués de la Majorité présidentielle et Alliés seraient en mission commandée : celle de faire accepter au Rassemblement de l’opposition l’Accord politique du 18 octobre 2016 (avec Edem Kodjo) et ainsi consacrer le glissement et le référendum. Pour ces congolais donc, l’impasse sur la Constitution et la Décrispation persistera car la MP et Alliés ne changeront rien. Ce que n’acceptera pas non plus le Rassemblement de l’opposition et Alliés malgré toute la bonne volonté de la CENCO.
Quid de l’avenir de Joseph Kabila ?
Dans un Twitte les après-midis de ce jeudi 15 décembre 2016, un membre du Rassemblement avouait t qu’on était plus proche de l’échec que de la réussite dans les discussions. Et pour cause, l’avenir de Joseph Kabila après le 20 décembre 2016 qui demeure la grande question et qui risque de tout faire capoter par faute de consensus.
Le MLC et ses Alliés du Front pour le Respect de la Constitution (FCR) qui sont revenu à la table des discussions après le relèvement de leur quota de deux à trois délégués continuent de réclamer le départ de Kabila pour le lundi 19 décembre 2016 à minuit. Et ce, dans le respect du cadre de la Constitution qui prévoit la possibilité d’avoir recours au président du Sénat en cas de vacance du pouvoir. Or, le président du Sénat est déjà lui-même en illégalité de glissement depuis 2011 où l’élection des députés provinciaux qui élisent les sénateurs n’a jamais été organisée.
Inacceptable pour la Majorité qui, elle, s’appuie sur la décision de la Cour constitutionnelle rendue en mai 2016 qui autorise Joseph Kabila à rester au pouvoir jusqu’à l’élection de son successeur mais aussi de l’Accord politique qui renvoi les élections en avril 2017.
Un véritable dialogue des sourds donc alors qu’une peur bleu s’empare du pays tout entier avec l’approche du 19 décembre 2016 dans quatre jours.
Clément Wa Mbuyi