RDC : Au dernier jour du mandat de Joseph Kabila, l’ONU s’inquiète toujours d’éventuelles violences

La communauté internationale craint le pire pour le Congo. Cette inquiétude permanente est celle de l’ONU et des plusieurs autres organisations internationales de défense des Droits de l’homme comme la HWR et la FIDHE. Les organisations internes dans le pays à l’instar de l’Asadho et la Société civile congolaise dans sa globalité ne sont pas en reste, surtout que ce lundi 19 décembre 2016 marque le dernier jour du deuxième et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila à la tête de la RDC.

C’est le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein qui fait état de cette situation : Nous sommes particulièrement inquiets car lundi (19 décembre 2016), cela fera trois mois que 54 personnes sont mortes à Kinshasa, lorsque les forces de défense et de sécurité ont eu recours à un usage excessif de la force contre des personnes demandant que les délais constitutionnels soient respectés et que le président Kabila démissionne à la fin de son deuxième et dernier mandat. Personne n’a jusqu’à présent été tenu responsable de cette répression violente des manifestations », a rappelé M. Zeid. « Intimider et cibler les opposants et la société civile n’est pas la réponse. Faire taire leurs opinions et les empêcher de protester n’est pas la solution.

Nations Unies (ONU) ‏@ONU_fr  #RDC: le chef d’@UNHumanRights exhorte les autorités à annuler l’ordre de fermeture des #médiassociaux http://bit.ly/2hvXDWg  #RDCONGO (Lire l’article RDC: Le chef des droits de l’homme de l’ONU dénonce l’intimidation et le ciblage de l’opposition http://www.un.org/apps/newsFr/storyF.asp?NewsID=38666#.WFepPNLhDct).

Depuis le début du mois de décembre 2016, le Bureau commun des Droits de l’Homme des Nations Unies en RDC (BCDH) a documenté au moins 45 arrestations de personnes ayant essayé d’exercer leur droit de réunion pacifique. Parmi elles, au moins 16 personnes ont été détenues à Bunia, Kinshasa et Goma dans le contexte de la campagne «Bye Bye Kabila» organisée par les mouvements de jeunesse Filimbi et Lucha. 26 autres personnes auraient été arrêtées pour leurs liens politiques ou parce qu’elles appartiennent à des mouvements de citoyens explique un article de l’ONU. «Intimider et cibler les opposants et la société civile n’est pas la réponse. Faire taire leurs opinions et les empêcher de protester n’est pas la solution, et en fait, est plus susceptible de les pousser à recourir à la violence», a déclaré le Haut-Commissaire.

La fermeture planifiée des médias sociaux depuis dimanche 18 décembre 2016, l’interdiction permanente des manifestations de la société civile et de l’opposition ne sont que des possibilités à pousser encore plus à la violence tant redoutée.

Sur le devenir du pays au-delà du 20 décembre 2016, l’ONU confirme son soutien aux discussions directes entre l’Opposition et le pouvoir sous la médiation de l’Église catholique pour tenter de trouver un moyen négocié d’aller plus loin et d’éviter la violence. Le Haut-Commissaire exhorte tous les Congolais à poursuivre leurs efforts pour parvenir à un Accord sur la prochaine période de transition dans le respect de la Constitution et des principes et normes des Droits de l’Homme qui doit être la pierre angulaire de tout accord conclu lors de ces entretiens. Il n’a pas manqué de souligner l’importance de la mise en œuvre de mesures de confiance pour rassurer la population congolaise notamment cet appel au gouvernement à libérer tous les prisonniers politiques, à garantir l’indépendance des institutions étatiques, y compris le pouvoir judiciaire, et à ouvrir l’espace politique, en même temps, l’opposition et la société civile doivent respecter strictement l’exercice pacifique de leurs droits et libertés.

A l’endroit du gouvernement congolais toujours, et plus particulièrement à ses forces de sécurité, il est demandé de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir les droits à la liberté d’association et de réunion pacifique explique M. Zeid avant de conclure : Nous les exhortons à faire preuve de retenue conformément aux obligations qui leur incombent en vertu du droit international relatif aux Droits de l’Homme concernant l’usage de la force pendant les manifestations…et de souligner que tous les responsables, à tous les niveaux, doivent également rendre des comptes pour les violations des droits de l’homme.

Kinshasa qui retient son souffle…

Un calme plat et une ville qui retient son souffle, c’est le constant au réveil ce matin dans Kinshasa pourtant bouillonnante de nuit comme de jour. Un confrère de la Radio Okapi a posté ceci sur compte Facebook : Il faut dire que Kabila a pris ses dispositions mais d’autre part c’est la démarche de la CENCO qui a décrispé la situation, à raison. Le risque reste cependant énorme. Lucha aussi n’a encore rien dit et le mandat expire à 23h59 et la psychose s’installe. Donc vigilance !

Certes l’important dispositif de sécurité constaté dans les grandes villes du pays depuis vendredi 16 décembre 2016 jusqu’à ce lundi matin a peut-être un effet dissuasif, mais la vraie inconnue demeure l’attitude de la rue des grandes villes comme Goma, Lubumbashi et surtout Kinshasa. C’est ce qu’explique un diplomate occidental accrédité à Kinshasa cité par La Libre Belgique de ce jour : Personne ne contrôle la foule. Elle est à la veille de fêtes importantes, elle n’a rien dans son assiette. Les gens sont dérangés constamment par des policiers et des militaires déployés en grand nombre. Les contrôles sont incessants. Ils s’accompagnent de vols et d’intimidation. L’étincelle peut venir à chaque instant et le dispositif militaire mis en place ne peut qu’exacerber cette tension, comme l’annonce de la coupure des réseaux sociaux ou l’interdiction des manifestations. C’est une dérive autoritaire terrible qui porte en elle les fruits d’une violence terrible.

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Rédaction

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