Le miracle de la saint Sylvestre serait-il en cours ? C’est ce qu’on espère vers le coup de 20h30’ heure de Kinshasa où sera enfin signé le nouvel Accord politique inclusif entre la Majorité et l’Opposition au Centre Interdiocésain de Kinshasa sous la supervision de la CENCO. La fumée blanche attendue dans la capitale du pays par la signature de cet accord se fera en présence des représentants de la communauté internationale comme témoins selon l’Eglise Catholique..
Dans les termes dudit Accord, le Premier ministre sera désigné par l’opposition du Rassemblement réuni autour d’Etienne Tshisekedi. Joseph Kabila restera en place comme chef de l’Etat jusqu’à l’élection de son successeur qui doit intervenir au dernier trimestre 2017. D’autres points importants sont :
- Le respect de la Constitution dans toutes ses dispositions pendant la période transitoire, donc pas de référendum ni de révision constitutionnelle
- Le Conseil du suivi de l’Accord sera supervisé par le président du Comité des Sages du Rassemblement, Étienne Tshisekedi
- La majorité présidentielle gardera la gestion des gouvernements provinciaux
- Les cas Moïse Katumbi et Jean-Claude Muyambo seront sous le regard de la CENCO et non plus par la Commission des magistrats qui a été mise en place
- Les Evêques vont écrire au chef de l’Etat pour solliciter une mesure de grâce en faveur de Diomi Ndongala
- La recomposition du Bureau de la CENI dépendra de chaque composante.
Toutes les autres questions non résolues dans le cadre de cet Accord feront l’objet d’un arrangement particulier qui devra être discuté la première semaine de janvier 2017. Il s’agira entre autre des questions ayant trait au chronogramme et à l’application de l’Accord, la composition du nouveau gouvernement d’union nationale et des gouvernements provinciaux. Pour certains participants du camp de l’opposition comme Martin Fayulu @MartinFayulu sur son compte Twitter : Un accord a été trouvé. Peut-être pas le meilleur mais acceptable pour permettre l’alternance. C’est cela le vrai enjeu. Il sera signé à 20h.
L’élégance politique de Katumbi
Alors qu’on attendait cet atterrissage avant Noël, des nouveaux blocages ont apparus dans les deux camps, notamment le sort de Moïse Katumbi. Condamné à 3 ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière et vivant en exil depuis plus de 6 mois, son amnistie et son retour au pays faisait partie des exigences du Rassemblement dans le cadre de la décrispation politique.
Dans les après-midi du 31 décembre, joint par la RFI; Moïse Katumbi expliquait qu’il ne voulait pas être un point de blocage pour le pays et demandait à ses amis du Rassemblement de l’opposition de signer l’accord : «Le plus important, c’est le pays et je ne veux pas être un point de blocage pour le pays alors je veux faciliter la tâche. C’est pourquoi j’ai demandé au Rassemblement des Forces Politiques et Sociales acquises au changement de ne pas bloquer la signature à cause de moi, de signer l’accord. On n’aura pas de troisième mandat du président Kabila. Au mois de décembre, on n’aura pas besoin d’un référendum et c’est le plus important. Je reste avec mes ambitions en tant que candidat à la présidence de la République mais j’appartiens au Rassemblement. J’ai demandé à ce qu’on signe l’accord pour qu’il puisse y avoir une élection présidentielle, qu’on puisse avoir la première alternance de notre pays».
Débutées le 8 décembre et prévues pour trois jours maximum, ces négociations auront fait plus de trois semaines avec deux interruptions majeures faute d’entente entre les parties en discussion. La crise politique devenue institutionnelle qui mine la RDC est provoquée par le maintien à la tête du pays de Joseph Kabila dont le mandat a expiré le 20 décembre 2017 dans un climat de violences politiques ayant fait, selon les Nations unies, au moins 40 morts dans tout le pays.
L’impatience de l’Eglise catholique s’était fait sentir encore plus lors de l’homélie de la nuit de Noël en la cathédrale Notre-Dame du Congo de la commune de Lingwala. Le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Archevêque de Kinshasa, était revenu sur ces évènements tragiques en des termes crus : «Il est révolu le temps où l’on cherchait à conserver le pouvoir par les armes en tuant son peuple, ces jeunes qui ne réclament que leurs droits de vivre un peu plus dignement. Celui qui respecte la Constitution n’a rien à craindre de la justice. Celui dont les droits sont bafoués se sent protégé par la même Constitution», avait-il conclut.