Des hommages qui n’en finissent pas. Émotion, tristesse, solennité, mais aussi de la joie sont autant des sentiments qui prévalaient en fin de la matinée brumeuse et froide de ce jeudi 09 février 2017. C’est vers 11h00’ du matin et entourée des membres de sa famille biologique et sous les acclamations de l’assistance que la dépouille mortelle d’Étienne Tshisekedi Wa Mulumba est entrée en l’immense Basilique du Sacré-Cœur de Koekelberg pleine à craquer pour une cérémonie en hommage à l’opposant historique.
Le cercueil posé à même le sol sur un tapis rouge recouvert d’un drapeau congolais et flanqué d’une photo du défunt, avait pris place au centre de la nef de cette imposante cathédrale; sa légendaire casquette dite Munyere qui ne le quittait quasiment jamais déposée au-dessus. Et pour cause, la célébration d’une messe de suffrage en guise de requiem et d’hommage en mémoire d’Etienne Tshisekedi Wa Mulumba, Chef de l’opposition politique congolaise décédé le 1er février courant à Uccle où il se trouvait pour un checkup médical.
Outre la grande communauté de la diaspora congolaise de l’Occident (Amérique, Europe et voir d’Afrique), des officiels belges et non de moindre étaient présents. Ce sont les cas de Christine Defraigne, la présidente du Sénat; Louis Michel, l’ex-ministre des Affaires Etrangères et Député européen; Herman De Croo (Open VLD), ministre d’État (Open Vld), déjà présent dimanche à une veillée funéraire au Heysel ainsi que des représentants des ministères belge des Affaires Étrangères et de la Défense. Coté congolais on pouvait noter les présences du chroniqueur Ndeko Eliezer Tambue, Moïse Katumbi, Christopher Ngoy, Francis Kalombo…
Une messe de joie et des souvenirs
La messe d’obsèques dite par plusieurs prêtres belges et congolais de la diaspora et du pays fut ponctuée d’interventions de plusieurs orateurs. Egayée de musique et des chants typiquement africains et congolais repris en cœur par la grande foule d’assistance, ce fut plus un moment de joie et des souvenirs. Pour un des co-célébrants, « La Messe est une Action de Grace et pas une célébration funéraire: Remercions Dieu pour ce qu’Il a accompli pour la Nation Congolaise par Etienne Tshisekedi… ».
VIDEO LIVE DE RICHARD RICHETEMPETE ET EDTV
En guise de témoignages par ses compagnons de lutte et les membres de sa famille, l’une de ses petites filles a parlé de ce grand-père aimant et simple alors que son frère cadet Alexis Mulumba n’entonne ce refrain connu de tous au Congo à savoir Moïse ya Congo qui n’avait pas sa langue en poche pour recadrer les choses jusqu’au sein de sa propre famille.
L’une de ses sœurs évoquait pour sa part le sens de responsabilité de son grand-frère qui avait repris le flambeau de leur père décédé alors qu’il n’avait pas encore 30 ans. Un moment de fou rire malgré la tristesse, cette révélation qui n’en est pas une mais qui a tout de même provoqué l’hilarité dans la foule : celle du petit surnom attribué par sa mère Tshisekedi tshia matamba pour le goût d’Etienne Tshisekedi à consommer ce met composé de feuille de manioc.
Pour sa part, le représentant de l’UDPS au Benelux, le Dr André Kabanda, qui a été l’un des premiers à prendre la parole en a appelé à poursuivre le combat de leur leader : il faut appliquer son testament politique. Il faut que nous nous prenions en charge comme ne cessait de le répéter en personne et très souvent Etienne Tshisekedi. Des centaines de Congolais présents étaient venus se recueillir et dire un dernier au revoir à l’homme de la démocratie, «Tshitshi» comme ils aimaient bien l’appeler.
Katumbi de retour au Congo
En marge de cette messe, une autre annonce et non la moindre; celle du retour au pays de Moïse Katumbi Chapwe. S’adressant aux médias très nombreux sur place, l’ancien gouverneur du Katanga qui vit actuellement en exil en Belgique l’a annoncé lui-même : «Je vais rentrer au pays avec la dépouille de Mr Tshisekedi à Kinshasa» avant de préciser «C’est clair et définitif».
Richissime homme d’affaires, ancien gouverneur de la province du Katanga unifiée, Katumbi a démissionné du parti du président Joseph Kabila, le PPRD en septembre 2015 pour passer à l’opposition. Candidat déclaré à la future présidentielle de fin d’année 2017, il a été abusivement condamné à trois ans de prison dans une affaire de spoliation d’immeuble qu’il conteste. En outre, il est sous la menace d’un autre procès pour recrutement de mercenaires, une affaire qui s’est également révélée fausse et purement une cabale contre lui en vue de l’exclure de la prochaine présidentielle à laquelle il tient.
De leur côté, le clan Tshisekedi n’a cependant rien laisser filtrer en ce qui concerne la date et les conditions de rapatriement du corps du défunt au pays – un rapatriement qui fait toujours l’objet de différends avec le gouvernement congolais (Lire notre article : Décès d’Etienne Tshisekedi : triste marchandage autour des obsèques qui se font attendre https://www.afriwave.com/?p=2106).
Roger DIKU à Bruxelles