RDC-Sécurité : le phénomène Kamuina Nsapu et ses dérives

Sept mois après la mort du chef coutumier Kamuina Nsapu le 12 août 2016 lors d’une opération des forces de l’ordre (armée et police congolaises) venues l’interpeller, une escalade de violence et d’affrontements entre ces forces et des présumés miliciens, héritiers du chef défunt se propagent. Ce phénomène quasi insurrectionnel contre l’autorité de l’Etat s’intensifie à travers les cinq provinces qui constituent l’espace Grand Kasaï. De Tshimbulu à Dimbelenge, de Kananga à Tshikapa, de Muanza-Lomba à Kabeya-Kamuanga, et récemment à Mwene-Ditu et Lusambo dans le Sankuru; des individus présumés «miliciens» munis de quelques armes blanches et des bâtons s’attaquent à tout ce qui représente le symbole de l’Etat : bureaux, écoles, infrastructures et terrorisent la population obligée de s’enfuir en brousse.

La dernière attaque osée est celle du gouvernorat de la ville de Kananga en plein jour le 14 mars 2017 alors que le vice-premier Ministre et ministre de l’Intérieur, Ramazani Shadari s’y trouvait dans une mission dite de rétablissement de la paix dans l’espace Kasaï. Des individus autrement identifiés comme un groupe d’inciviques tentés d’incendier la résidence du gouverneur. Après près de 7h00’ d’affrontements, le ministre Ramazani Shadari terré a pu regagner Kinshasa sans que l’on sache si sa mission a été un échec ou une réussite.

La répression du gouvernement central de Kinshasa ne s’est pas attendre face à ceux que l’on considère comme des terroristes, l’armée et la police ne faisant pas dans les détails. Aucune perspective pourtant pour une sortie de cet engrenage.

Des officiels experts de l’ONU enlevés

Une dérive pourtant dans cette escalade de la violence qui se poursuit dans l’espace du grand Kasaï entre miliciens présumés et forces de l’ordre gouvernemental, une étape a été franchie le dimanche 12 mars 2017 avec enlèvements des fonctionnaires de l’ONU. Michael Sharp 34 ans et Zaida Catalán 37 ans; deux experts de l’ONU sont portés disparus sur une route entre Kananga et Tshimbulu à proximité d’un pont; sans laisser de traces, ni sans qu’on sache qui les a enlevés. dans un retweet mystère sur son compte daté du 3 mars soit 9 jours avant sa disparition, la suédoise écrivait : Trois choses ne peuvent rester longtemps cachées : le soleil, la lune et la vérité. D’après certaines indiscrétions, ils enquêtaient vraisemblablement sur des affrontements entre les forces armées et les présumés miliciens Kamuina Nsapu, lorsqu’ils ont disparu avec leurs conducteurs de motos et leur traducteur.

Toujours selon ces sources, les deux experts feraient partie d’un groupe chargés de produire des rapports destinés au Conseil de Sécurité à New York, qui a depuis longtemps placé la RDC sous surveillance. Ce sont des enquêteurs de terrain, qui travaillent toujours de façon très flexible et autonome, sans protocole. Ce n’est pas étonnant qu’ils aient décidé de partir à moto pour rencontrer d’éventuels interlocuteurs. Ça correspond à leur mode opératoire». Faut-il le rappeler que lesdits rapports ont souvent et toujours suscités des controverses avec les autorités congolaises. Surtout, dans le climat de méfiance actuel entre le régime de Joseph Kabila et la communauté internationale.

Cet acte criminel inédit intervient après qu’en février dernier deux vidéos en ligne sur des réseaux sociaux aient montré des hommes en armes habillés en tenue des FARDC achevant des civils désarmés et par terre dans la localité de Muanza-Lomba. Qualifiés d’abord de montage, les autorités congolaises rétropédalent et acceptent de nommer une commission d’enquête locale; refusant catégoriquement la suggestion du Haut-Commissaire de l’ONU chargé des Droits de l’Homme qui, le 8 mars avait demandé la création d’une commission cette fois-ci internationale, après la découverte de trois charniers dans la même région. Depuis Aout 2016, l’ONU estime dénombrer plus 400 morts et 200.000 déplacés suite à ces violences.

Pour le gouvernement congolais qui déplore ce désagrément, aucune communication officielle n’existait entre lui et l’ONU sur les activités et la mission de ces deux personnes : «Le Gouvernement de la RDC vient d’être informé de l’enlèvement dans des circonstances non encore élucidées de deux officiels des Nations unies, Michael Sharp de nationalité américaine et Zahida Katalan de nationalité suédoise, accompagnés de 4 Congolais, sur l’axe Bukonde-Tshimbulu», annonce un communiqué daté du 13 mars 2017 signé Lambert Mende.

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Rédaction

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