Le consensus autour de l’Arrangement Particulier (AP), texte additif et explicatif pour la mise en œuvre de l’Accord Politique Global et Inclusif du 31 décembre 2016 toujours loin d’être trouvé pendant que la Majorité au pouvoir et l’Opposition peinent à se concilier. Au blocage sur les divergences de départ entre les parties notamment le mode de désignation et la nomination du Premier ministre, le rôle de la CENCO pendant la transition, le partage de ministères dits de souveraineté; s’est ajouté l’impasse avec une nouvelle exigence de la MP, celle sur la renégociation à propos du poste du président du CNSA attribué à feu Tshisekedi en sa qualité du Président du Conseil des Sages du Rassemblement.
Pour la Majorité, ce poste doit faire l’objet d’un consensus au niveau de la plénière de la CENCO par toutes les parties prenantes pour trouver un remplaçant à feu président Tshisekedi. Pierre Lumbi Okongo, ancien conseiller de Kabila en matière de sécurité ayant rejoint l’opposition du G7 avec son parti le MSR et nouveau Président du Conseil des Sages du Rassop désigné par ses pairs ne semble pas accommodé la Majorité présidentielle. Ledit Accord prévoit pourtant que ce poste revient au président du Conseil des Sages du Rassemblement. C’est donc au successeur d’Etienne Tshisekedi à ce poste, en l’occurrence Pierre Lumbi, qu’il revient de prendre la tête du CNSA.
La nouvelle demande de la Majorité est d’emblée rejeter par le Rassop qui trouve en cela un chantage comme l’explique Delly Sesanga : L’accord que nous avons signé précise que le Président du Conseil des Sages (du Rassop) est le Président du Conseil National de Suivi de l’Accord. Cela n’appelle à aucune interprétation, il est clair. Nous ne comprenons pas ce débat de consensus. Etant donné que le présidium instauré au niveau de ce CNSA ne fait aucun débat. Nous appelons donc la MP à la mise en œuvre rapide de cet Accord.
A côte de sa demande sur la présidence du CNSA, la Majorité continue d’exiger que trois noms soient proposés au président Kabila pour qu’il fasse son choix du futur chef du gouvernement; ce que ne veut entendre le Rassemblement de l’opposition, famille politique de laquelle doit venir le premier ministre. Le Rassop souhaitant toujours désigner un seul candidat pour nomination par le président de la République. Une demande de rencontre au sommet entre le nouveau président du Rassemblement, Félix Tshisekedi et le président Kabila a été déposée en ce sens; et aussitôt rejetée par la Majorité qui n’en trouve aucune utilité pour le moment.
Christophe Lutundula Apala du G7, l’un des négociateurs du Rassop explique cette situation : Nous avons déposé aujourd’hui une lettre signée par le président du Rassemblement Félix Tshisekedi pour demander audience auprès du président et nous attendons la réponse du chef de l’Etat pour que le président du Rassemblement le rencontre et parle avec lui de toutes les questions liées à l’accord, y compris la question du Premier ministre. Dès lors que la majorité continue à insister sur la question, effectivement, c’est un point de blocage. Nous sommes ouverts.
La CENCO entre agacement et conciliation
Cette situation qui ressemble à un vaudeville autour d’un marchandage indigne commence à agacer au plus haut la CENCO que son vice-Président, l’archevêque de Mbandaka-Bikoro, Mgr Fridolin Ambongo fustige une classe politique irresponsable même si le mot n’est pas de lui : On dirait une insensibilité face à la gravité du moment, une sorte d’inconscience. Le pays est en train de vivre un moment critique avec tout ce qui se passe dans le Kasaï, les nouvelles qui nous parviennent de l’Est. Et il suffit de se promener dans la ville de Kinshasa pour se rendre compte de la misère du peuple. Mais on dirait que c’est une classe politique qui vit dans un autre monde, qui ne voit pas ces réalités. Si vous voyiez le contenu des discussions actuelles, plus personne ne parle des élections. Tout le monde parle de postes, et chacun pense aux intérêts qui seront les siens dès que le nouveau gouvernement sera là, donc c’est plutôt une sensibilité vers ce qui me revient à moi et à ma famille ou à mon groupe politique que l’intérêt supérieur de la nation.
En lieu et place de son rôle premier de médiateur entre la Majorité et l’Opposition, alors qu’elle s’était jurée de ne pas se mêler de la politique; la CENCO joue depuis matin du vendredi 13 mars 2017 un second rôle : celui de conseiller en vue d’une conciliation entre les deux tendances du Rassop apparues après le décès d’Etienne Tshisekedi le 1er février dernier à Bruxelles en Belgique. D’un côté, les nouveaux responsables du Rassemblement issus de la restructuration Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi en qualité des Présidents de la plateforme et de son Conseil des Sages. De l’autre Joseph Olenghankoy désigné Président du même Rassemblement et de son Conseil des Sages par une frange minoritaire contestataire qui ne veut pas de Pierre Lumbi et qui ne reconnait pas non plus la restructuration opérée du Rassop.
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