Chaque jour qui passe rapporte son lot des révélations autours de ce qui s’est réellement passé lors des massacres commis par les forces armées congolaise (FARDC) sur les présumés miliciens Kamuina Nsapu, du nom de ce chef coutumier tué le 15 août 2016 par les forces de sécurité venues l’arrêter pour cause d’appel à une insurrection populaire contre le pouvoir central de Kinshasa.
En effet, d’après une enquête de nos confrères de RFI et de l’Agence de presse Reuters, au moins huit fosses communes contenant des restes humains ont été découvertes par les habitants autours de Tshimbulu, chef-lieu du territoire de Dibaya et épicentre des affrontements violents depuis sept mois entre l’armée secondée par la police et les habitants. Pourtant, les premières enquêtes gouvernementales via l’Auditorat militaire et de l’ONU faisaient état d’au deux fosses communes découverts au Kasaï Oriental à Muanza Lomba, de la saisie des téléphones portables ayant servis de tourner les vidéos qui ont révélés au monde via des réseaux sociaux cette macabre affaire en février dernier mais surtout de l’arrestation de sept militaires présumés impliqués dans les tueries.
Pendant que l’enquête à la suite de la publication de ces vidéos se poursuivent, lesdits militaires sont supposés encore innocents sont accusés des graves faits de crimes contre l’humanité. Il y a quelques semaines, le Haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l’Homme avait, lui, demandé une commission d’enquête internationale.
Les langues qui commencent à se délier affirment avoir vu les militaires creuser des fosses dans la nuit du 12 au 13 février dernier pour y jeter des corps mal enfouis où débordaient u des bras, des jambes et même des cadavres entiers. D’autres témoins expliquent même l’existence de treize puits dans lesquels seraient repartis les restes humains dont les ossements affleurent de partout et dont la Monusco est saisie après en avoir pris des photos entre Tshimbulu et Nkoto et jusqu’aux environs de Kananga. Ces découvertes qui se font depuis le 3 janvier 2017 sont également rendues possibles grâce à l’odeur fétide des corps en décomposition, les traces de sang répandu et les restes humains comme le cerveau selon des témoignages. Allégations vites balayées d’un revers de la main par les autorités congolaises qui imputent l’existence de ces fosses communes aux supposés miliciens Kamuina Nsapu. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mendé démentant que les militaires puissent avoir creusé des fosses communes pour y enterrer des miliciens ou des civils.
La parade des miliciens et des policiers
Une scène surréaliste que celle vécue hier dimanche 19 mars 2017 dans les après-midis par les habitants de Kananga qui n’en revenaient pas : une parade de plusieurs dizaines de ces miliciens venus à l’invitation des autorités pour une cérémonie dite de reddition et de réconciliation. Des miliciens débarqués d’un gros camions et qui entonnaient des chants à la gloire de Kamuina Nsapu ont paradé dans la ville aux côtés de policiers dans une fraternisation avec embrassades. Or, les autorités de Kinshasa les ont toujours déclarés comme des terroristes du fait qu’ils s’attaquent aux symboles de l’Etat comme les administrations, tuent les policiers, les militaires, les responsables administratifs ou encore des agents de la commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Lors de sa visite à Kananga la semaine dernière, le vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Ramazani Shadary, avait annoncé des libérations et un accord avec la famille du chef Kamuina Nsapu. Son corps devant être exhumé et rendu à sa famille pour être enterré selon les rites coutumiers ainsi qu’u nouveau chef de son clan désigné.
Il faut le rappeler que le grand espace Kasaï avec cinq de ses provinces est le théâtre d’une insurrection qui ne dit pas son nom depuis septembre 2016 après la mort du chef coutumier Kamuina Nsapu lors d’une opération militaire. Les violences qui se sont aggravées ont fait au moins 400 morts depuis septembre selon l’ONU. Cinq provinces du grand Kasaï sont aujourd’hui touchées par ce phénomène et le gouvernement espère qu’avec l’accord conclu la semaine dernière avec la famille du défunt chef Kamuina Nsapu, les violences qui durent maintenant depuis neuf mois vont prendre fin.