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RDC-Vatican : Le Pape François « troublé » face à la violence durable dans le Kasaï

Carpi – Italie,  dimanche 2 avril 2017. Encore une fois, le pape François s’en est dit troublé face à la violence durable qui secoue le centre du pays dans l’espace Grand Kasaï depuis six mois dans ses quatre provinces (Kasaï-Central, Kasaï, Kasaï-Oriental et Lomami). C’était au cours de sa messe en plein air célébrée le dimanche 2 avril 2017 à Capri, ville du Nord-Est de l’Italie secouée par des séismes destructeurs en 2012.

« Des nouvelles continuent à arriver des affrontements armés sanguinaires dans les provinces des Kasaï, en République Démocratique du Congo, combats qui entraînent des victimes et des personnes déplacées et qui touchent aussi des personnes et des biens de l’Eglise. J’exhorte tous à prier pour la paix, afin que les cœurs des auteurs de ces crimes ne restent pas esclaves de la haine et de la violence » a déploré le Souverain pontife avant d’en appeler à la bonne conscience de tous pour une culture de la paix plutôt que celle de la violence destructrice.

Cette intervention du pape intervient dans un weekend d’effroi où les localités de Luebo et de Tshimbulu ont vécu des moments difficiles. Des présumés miliciens Kamuina Nsapu y ont semés une dévastation destructive d’édifices publics et des églises catholiques après des violents affrontements avec les forces armées congolaises des FARDC.

Le vendredi 31 mars, un groupe d’insurgés armés qui avaient pris le contrôle de Luebo située à 200 kilomètres de Kananga se sont attaqués aux édifices publics et aux églises catholiques de la ville : « Ils sont allés saccager les bureaux de la CENI, là où il y avait du matériel pour l’enrôlement. Ils ont brûlé, saccagé le parquet et les bureaux du territoire. Ils sont ensuite allés au couvent et y ont mis le feu. Ils sont allés à l’évêché -un beau bâtiment qui fait la fierté du pays, car c’est un des meilleurs évêchés du Congo- et ils ont brûlé. La situation est vraiment dramatique. Les gens vivent dans la psychose », expliquait un prêtre du diocèse de Luebo aux médias.

Hier dimanche 2 avril, c’était au tour de Tshimbulu de connaitre son épisode de terreur avec les affrontements violents entre présumés miliciens et FARDC dont on ne connait pas encore le bilan des victimes. Cette recrudescence des attaques intervient également après plusieurs jours d’un ratissage brutal des FARDC à la recherche des présumés miliciens maison par maison dans la ville de Kananga et sa périphérie ; une opération ayant fait plusieurs victimes selon des sources de la Société Civile de la province.

Violences endémiques

C’est depuis plus de six mois qu’une rébellion qui ne dit pas son nom secoue quatre provinces du centre du pays (Kasaï-Central, Kasaï, Kasaï-Oriental, Lomami) après la mort du chef traditionnel Kamuina Nsapu tué par l’armée. Des présumés miliciens se réclamant de son nom sèment la terreur partout sur leur passage. Face à cette situation précaire où aux affrontements sanglants avec miliciens suivent une répression brutale des forces de sécurité du pays (armées et police), le nombre des victimes augmente tous les jours. Près de 400 personnes dont deux experts de l’ONU assassinés et 39 policiers égorgés fin mars, des milliers des déplacés en fuite de chez eux et plus d’une vingtaine des charniers misent à jour.

L’épiscopat congolais qui n’a pas pu conclure la Négociation directe entre la majorité et l’opposition au travers de la CENCO pour l’application de l’Accord Politique Global et Inclusif du 31 décembre 2016 s’en inquiétait déjà aussi. La hiérarchie catholique du pays indiquait redouter que cette multiplication des foyers de tension ne soit un plan pour empêcher la tenue des élections dans le pays : « Nous sommes profondément peinés de constater la multiplication de foyers d’insécurité et de violences qui se généralisent sur la quasi-totalité du territoire national. Nous redoutons une planification en vue de retarder ou d’empêcher la tenue des élections d’ici la fin de l’année. Cette situation risque de plonger notre pays dans un désastre incontrôlable » comme l’expliquait son SG, l’Abbé Donatien Nshole sans pour autant nommer les instigateurs de cet éventuel plan.

A cause de cette même violence à laquelle les autorités du pays n’arrivent pas à trouver une solution, le pape François a annulé sa visite prévue à Kinshasa au mois de juillet prochain : « Il était prévu d’aller dans les deux Congos (Brazzaville et Kinshasa), mais, avec Kabila, ça ne va pas, je ne crois pas qu’on puisse y aller » confiait le Chef de l’Eglise catholique dans une interview au journal allemand Die Zeit, parue le 9 mars 2017. (Lire notre article : RDC-VATICAN : le pape François annule son voyage à Kinshasa https://www.afriwave.com/?p=2428 ).

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