Il n’avait pas d’autre choix que de rendre son tablier ce vendredi 7 avril 2017 en remettant officiellement sa démission à Joseph Kabila qui l’avait désavoué en direct à la télévision nationale lors de son discours devant le congrès du mercredi 5 avril 2017. Jamais premier ministre ni premier Commissaire d’Etat n’avait été humilié de la sorte même sous le règne du parti-Etat, le MPR de Mobutu. Signe de temps peut-être, l’homme encore premier ministre pour 48H00 n’aura ni saluer, ni serrer la main de Kabila à son arrivée comme à son départ du Palais du Peuple, signe surement de la qualité de ses relations avec le Président de la République alors que tout semblait indiquer son départ de l’Hôtel du Gouvernement.
Dans son discours, Kabila est encore impitoyable : « Comme relevé dans Mon message de novembre 2016, et tenant compte du fait que le pays ne doit plus être l’otage d’intérêts personnels et de lutte de positionnement des acteurs politiques, le Premier Ministre sera impérativement nommé dans les 48 heures ». Les images cruelles de la RTNC retransmises en direct en témoignent et montre un Samy Badibanga affalé, sonné et yeux fermés (voir photo d’illustration) encaissant avec difficulté le coup de l’annonce de son départ en direct à la télévision nationale pendant que She Okitundu derrière lui esquissait un sourire malin.
Devant l’Assemblée nationale, le 22 décembre 2016, dans son discours d’investiture, il s’était fixé trois objectifs à court terme à savoir : les élections, la cohésion nationale, la crise économique et sociale. Certes les décaissements en faveur de la CENI ont continué même si son ministre de Budget, l’UNC Pierre Kangudia disait le gouvernement incapable d’organiser les élections d’ici la fin de l’année ; on est à la peine pour tout le reste.
Qui est l’homme Samy Badibanga en réalité ?
Tantôt diamantaire, tantôt homme d’influence et financier de Tshisekedi ; toutes les affabulations auront accompagnées l’homme qui en réalité n’était jamais tout cela. Député élu de la Tshiangu, bombardé chef du groupe parlementaire UDPS et alliés alors que son parti avait boycotté la même assemblée, on dit que l’homme n’avait jamais pris parole une seule fois au sein de l’hémicycle. Proche des Tshisekedi père et fils Félix, présenté comme un fin connaisseur supposé du pays et des réseaux de subversion interne et externe, sa conviction que hors du Dialogue, il n’y avait point de salut…
Samy Badibanga qu’on avait également pourtant annoncé comme celui qui connaissait bien Tshisekedi est enfin apparu comme déjà plus l’homme de la situation. Alors que les présumes miliciens Kamuina Nsapu sèment la terreur dans l’espace Kasaï, l’homme originaire de l’espace du centre a été incapable de s’y rendre par deux fois, interdit par les mêmes miliciens ; y perdant ainsi toute sa légitimité.
Un catalogue des bonnes intentions inachevé
« Mon gouvernement s’attellera, via des partenariats techniques et financiers, à la relance des exploitations à l’arrêt, et au soutien de l’agriculture familiale, pour qu’elle dispose de l’énergie, et des routes de dessertes locales, dont la rénovation donnera du travail à la jeunesse ». De cette jeunesse, il érige la gratuité de l’enseignement primaire en « priorité du gouvernement en vue de contribuer à relever les taux de scolarisation et éradiquer l’analphabétisme dit-il avant d’enfoncer le clous en matière du social : La santé publique, l’une des missions principales de l’Etat, et le troisième des objectifs de développement durable, nous avons le devoir d’assurer, au minimum, la gratuité des soins aux enfants de moins de cinq ans, ainsi que la gratuité des accouchements sur l’ensemble du territoire.
Entre autres mesures, Badibanga promettait de donner à l’Etat les moyens de conduire ses politiques, et de payer des salaires décents aux enseignants, au personnel médical, aux forces de sécurité, aux militaires, aux magistrats et aux autres agents de l’Etat. C’est une grève de la Fonction publique qui aura accompagné sa descente aux enfers.
Toute chose restant égale par ailleurs, Samy Badibanga Ntita de nature effacé n’avait manifestement aucune étoffe politique ou quelconque, encore moins ni la taille de la fonction qu’il a occupé par hold-up en lieu et place de Kamerhe que tout le monde voyait déjà à la primature. N’en déplaise à Justin Bitakwira pour qui la tête de Badibanga coutera cher à la CENCO alors qu’elle n’a pas valu un penny à Kabila qui l’a défenestré. Il en est de même pour Willy Mishiki et autre Yves Kisombe qui rejoindront bientôt les rangs des anonymes. Pour cet exécutif qui aurait dû accomplir ses 100 jours le 10 avril, moment fatidique pour tout gouvernement au monde de présenter des comptes ; le coup d’arrêt aura été brutal et fatal en même temps.