Comme attendu, Joseph Kabila a rencontré son nouveau premier ministre Bruno Tshibala au Palais de la Nation de Kinshasa ce lundi 10 avril 2017. Au menu des discussions entre les deux hommes, la formation du futur gouvernement, les modalités de son fonctionnement et le cahier de charges lui assigné pour le temps qui reste avant la tenue des échéances électorales à venir même si on en fait pas écho.
Cette rencontre intervient le jour même où l’opposition radicale de l’UDPS et la plateforme du Rassemblement (Rassop) avait prévu une grande manifestation dans l’ensemble du pays pour exiger la mise en œuvre de l’Accord Politique Global et Inclusif du 31 décembre 2016 sous la médiation de l’Église catholique. Dans la capitale Kinshasa comme dans les chefs-lieux des provinces, un imposant dispositif de sécurité composé de l’armée et de la police a abruptement étouffé dans l’œuf ce qui devrait être la grande démonstration de l’opposition.
Déjà contestée par l’opposition, la nomination de Bruno Tshibala, un dissident du Rassemblement n’est pas non plus du goût de la communauté internationale. Si la Monusco déclarait ne pas trouver d’alternative à la mise en œuvre intégrale et de bonne foi de l’Accord politique du 31 décembre 2016 sous la facilitation de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), la Représentation de l’Union européenne à Kinshasa trouve que cette désignation ne fait fi ni de l’esprit et encore moins de la lettre de l’Accord du 31 décembre 2016 et exprime ses inquiétudes au regard du manque de consensus constaté.
Pour les observateurs, cette nomination d’un nouveau premier ministre et l’entrée en fonction de son futur gouvernement ne résoudront à coup sûre la grave crise politique transformée en institutionnelle qui secoue le pays. Crise consécutive à la non tenu de l’élection présidentielle prévue en novembre 2016 et le maintien du président Kabila à la tête du pays. Son deuxième et dernier mandat constitutionnel ayant expiré le 20 décembre 2016.
La nomination de Tshibala se révèle un nouvel obstacle dans la sortie de crise qui risque de s’amplifier car n’ayant pas respectée l’esprit et la lettre de l’accord. Pourtant, la nouvelle résolution 2348 du Conseil de Sécurité de l’ONU adoptée le 17 mars 2017 demande à l’ensemble des acteurs impliqués dans cette crise de tout faire pour mettre en œuvre sans délai, l’accord de la saint Sylvestre.
Au terme dudit Accord, le premier ministre devrait sortir des rangs du Rassemblement et être nommer par le président Kabila dans le cadre du partage du pouvoir avant les élections attendues pour la fin d’année.