Il existe des images qui restent gravées dans l’histoire malgré le flot des événements du quotidien qui inondent l’actualité. C’est comme celle prise à Goma par @WilliamDupuy4, photojournaliste ; le mercredi 12 avril 2017 à l’occasion de la manifestation sit-in de La LUCHA devant le siège de la Banque Centrale du Congo (BCC) dans la province du Nord-Kivu.
On y voit de profil une jeune femme dont on ne distingue pas le visage, un doigt accusateur pointé et bravant un policier troublé qui ne comprend rien de ce qui lui arrive. De source du correspondant de www.afriwave.com à l’Est du pays, il s’agit de la journaliste congolise Rozen Kalafulo de l radio Pole FM qui couvrait cette manifestation avant qu’elle ne soit violement prise à partie par un certain colonel se nommant Van Kasongo. Rouée des coups, la consœur dont le courage a surpris tout le monde s’est vu en outre son matériel de travail saisi par ledit colonel comme elle témoigne elle-même auprès de JED.
Pour nos confrères sur place, la presse qui constitue le 4ème pouvoir établi dans une société démocratique se doit d’être respectée par tous comme elle-même respecte les autres dans leurs diversités et opinions. Ce qui semble ne pas encore être le cas en RDC où les journalistes sont considérés comme des ennemis par les tenants du pouvoir renchérit un autre confrère en colère. La balle est donc dans les camps du syndicat national de l’Union de la Presse national du Congo (UNPC) et les autres syndicats des corporations pour que cet état des choses ne se répète si souvent.
Journaliste en Danger (JED) s’indigne
Dans un communiqué rendu public sur son site, l’association de défense des journalistes condamne l’attitude d’agression intitule faite sur des journalistes par les éléments des forces de la police nationale congolaise lors de cette manifestation. Elle encourage les victimes à se tourner vers des juridictions compétentes pour porter plainte.
Ci-dessous le texte de JED
Goma : Trois journalistes sauvagement agressés par un officier supérieur de la Police surnommé « Colonel Van » 12 avril 2017Christiane Tshivis http://jed-afrique.org/2017/04/12/goma-trois-journalistes-sauvagement-agresses-par-un-officier-superieur-de-la-police-surnomme-colonel-van/
Journaliste en danger (JED) est scandalisée par l’agression violente dont ont été victimes un groupe de journalistes alors qu’ils couvraient une manifestation de la société civile.
Selon les informations parvenues à JED, Rozen Kalafulo (Pole FM), Freddy Bikumbi (Radio Okapi) et Willian Dupuy (photographe de Picture Tank) ont été agressés physiquement, le mercredi 12 avril 2017, par M. Van Kasongo, un colonel de la police nationale congolaise, en personne, au moment où ils couvraient une manifestation pacifique organisée par le mouvement citoyen « Lutte pour le Changement » (LUCHA) devant la Banque Centrale de Goma.
Ces manifestants protestaient, notamment, contre la dépréciation de la monnaie congolaise, le Franc congolais et faillite des coopératives d’épargne. Non content d’avoir passé à tabac les journalistes, le colonel Van Kasongo a arraché et confisqué leurs matériels de travail.
Une des victimes, Rozen Kalafulo, raconte : « J’étais en train de réaliser mon reportage quand le colonel Van Kasongo m’a violemment tiré dans mes cheveux. C’est au vu et au su de tout le monde qu’il m’a étranglé le cou avant de me donner des coups des poings sur la poitrine et sur le front. Il a cessé de me frapper juste au moment où il a saisi mon matériel de travail ». JED rappelle que ce colonel de la Police n’en est pas à sa première attaque contre les journalistes. Au mois de juillet 2016, il avait menacé de mort un journaliste de Radio Okapi à Goma.
JED dénonce vigoureusement cette agression sauvage, indigne d’un officier supérieur de la Police. JED encourage les journalistes victimes de cette agression à saisir les instances militaires compétentes pour réclamer justice.
La LUCHA déterminée
Les 32 militants de La LUCHA interpellés en matinée du sit-in dont Fred Bauma et Rebecca Kabugho fraîchement revenue au pays après l’obtention du prix International Woman of courage Award 2017 aux Etats-Unis ont été tous libérés après des longues heures de détention.
Pour un des militants de cette association citoyenne, il n’y a plus aujourd’hui d’autre choix que la détermination dans la poursuite du combat pacifique pour l’alternative et le changement dans le pays et les autorités devront compter avec nous. « Nous avons été arrêtés, amenés au cachot pour quelques temps avant d’être présentés au bureau du Colonel responsable de notre arrestation. Les policiers ont procédé à l’identification de chacun, avant de nous libérer à partir de 17h30 », expliquait aux médias Ghislain Muhiwa, membre de La LUCHA.
Loin d’être démoraliser, les jeunes de La LUCHA ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Car, pour eux ; il s’agit d’une cause de la population, et non celle de La LUCHA, souligne Ghislain Mihuwa qui annonce la poursuite de leur action avec une nouvelle manifestation programmée dans deux semaines.
La manifestation sit-in de La Lucha avait pour objectif d’interpeller et de « dénoncer l’incompétence et la complaisance de la Banque Centrale du Congo, en tant qu’autorité de régulation et de contrôle du secteur de la finance et de la microfinance en RDC, dans l’effondrement de certaines banques (Biac) et de quelques-unes des principales institutions de microfinances du pays (Coopec Imara, Mecreco, etc.) ». Mais aussi de « proposer à la Banque Centrale du Congo un certain nombre d’actions concrètes pour redresser le secteur de la finance et permettre aux milliers de nos compatriotes en désarroi de recouvrer leurs épargnes ».