La suspension inattendue du chef de la police de Kinshasa, le General Célestin Kanyama continue d’alimenter l’actualité tant dans le pays que ses diasporas. Les motifs de cette mise à l’écart, –temporaire soit-elle– et son remplacement immédiat par le colonel Elvis Pangala Nawej dont on dit toutes les qualités de meneur d’hommes ne sont pas fortuites.
A cela il faut ajouter le fait qu’officiellement jusqu’à ce jour, il n’y a aucune explication sur la raison de cette suspension de ses fonctions par les autorités. Pourtant jusqu’hier encore, Kanyama était un des personnages clef du dispositif sécuritaire de Kabila dans Kinshasa la frondeuse, mégapole de 12 millions d’habitants pas toujours en phase avec le régime.
Lutte d’influence ou lâchage pure et simple ?
Plusieurs rumeurs persistants relayés par les réseaux sociaux dont celle farfelue de participation à une tentative de renversement du pouvoir, certains médias comme RFI font allusion à une sanglante lutte de pouvoir au sein de la police nationale congolaise et qui serait à la base de la mise de côté de Kanyama, prémisse de son limogeage. Cette lutte mettrait en présence Charles Binsengimana, le n° 1 de la PNC considéré proche de Joseph Kabila et comme lui originaire de l’Est du pays alors que Kanyama vient du Centre dans le Grand Kasaï aujourd’hui en feu.
Les deux hommes étant toujours en désaccord comme l’a exposé leur échange d’amabilités en présence du ministre de l’Intérieur Ramazani Shadari au cours de la réunion d’évaluation du 9 avril avant la grande manifestation de l’opposition du Rassemblement prévue le 10 du même mois à Kinshasa. C’est finalement un troisième homme et n° 2 de la police nationale , le général Raus Chalwe, swahiliphone comme Kabila qui aura obtenu la suspension de Kanyama que personne n’arrivait plus à maîtriser. Ce qui fait dire à une source que les swahiliphone gardent toujours une main d’avance sur les autres dans le dispositif sécuritaire du régime.
D’autres sources et observateurs estiment que Kanyama est aujourd’hui victime d’un lâchage pure et simple du régime qu’il a servi avec zèle et arrogance. Visage de la police de Kinshasa par son discours et ses interventions musclés, il devient une espèce de boulet aux pieds de Kabila. Kanyama fut impliqué dans plusieurs opérations de répression de la délinquance dans la capitale comme « Operations Likofi et Likofi+ », qui lui avait valu les compliments des autorités. Mais aussi les foudres et critiques acerbes des organisations de protection des Droits de l’Homme dénonçant des cas d’exécutions extrajudiciaires comme lors des manifestations des opposants en janvier 2015 contre la tentative de révision de la constitution.
A l’instar d’Évariste Boshab, un autre Kasaïen et ancien vice-premier ministre de l’Intérieur lâché par le régime après l’avoir servi; Kanyama a été cité dans nombre des rapports internationaux concernant la violation des Droits Humains en RDC avant d’être sanctionné par les Etats-Unis d’Amérique et l’Union Européenne en juin et en décembre 2016.
L’ONU réclame des comptes
Alors que pas grand-chose ne filtre sur les mobiles de sa suspension, le General Kanyama devra faire face à une autre demande. Celle de l’ONU via son chef du Bureau Conjoint des Nations Unis aux Droits de l’Homme(BCNUDH), José Maria Aranaz. Au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la Monusco de ce 19 avril 2017 à Kinshasa, il a dit espérer que toute la lumière sera faite dans les violations de Droits de l’Homme constatées durant le mandat du Commissaire principal de la police de Kinshasa entre novembre 2013 et février 2014.
Entre ces deux dates, des opérations anti-délinquances contre les bandes urbaines dites Kuluna commandées par le Général Kanyama avaient occasionnées 55 morts abattus par la police et 33 disparus selon les organisations de Défense de Droits Humains et de l’Homme dont Huma Right Watch (HRW). Bilan qu’a toujours contesté le gouvernement congolais comme pour dédouaner son ancien chef officier de police aujourd’hui en passe d’un abandon.
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C'est là l'aspect déroutant de la politique. Il est malheureux de se rendre compte que le tribalisme - qui n'a pas honte de s'exhiber ainsi - commande nos actes dans un pays abritant plusieurs centaines de tribus. Plus les décennies passent, plus la situation de la RDC se dégrade inexprimablement, on ne le dira pas assez.