Ni bouleversements, ni changements majeurs. Le nouveau gouvernement de Bruno Tshibala qu’on attendait depuis près d’un mois est enfin connu depuis ce lundi 9 mai 2017. A quelques noms en moins, cette liste ressemble à s’y méprendre à celle fuitée sur des réseaux sociaux il y a une semaine. La première grande leçon à tirer demeure qu’il n’a ni bouleversements, ni changements majeurs. A y regarder de près, il ne s’agit ni plus ni moins d’une copie conforme et de plus pâle de celui de son prédécesseur Samy Badibanga nommé en décembre 2016.
La deuxième leçon est que la MP se taille la part du lion en gardant tous les ministères régaliens et importants (Intérieur, Justice, Affaires étrangères, Défense, Mines et Pétrole) qui demeurent dans les mains des fidèles de Joseph Kabila, ne laissant que des miettes aux autres. Ce qui traduit bien la difficulté qu’a eu le premier ministre Tshibala dans la composition de son gouvernement et celle qu’il aura pour la mise en pratique de son programme (s’il en a un), dans la direction de la politique du pays selon les termes de l’Accord Politique Global et Inclusif de Centre Interdiocésain de Kinshasa sous la médiation de la CENCO sur base duquel il est censé être nommé.
La troisième et dernière difficulté demeure toujours celle de sa légitimité comme du gouvernement précédent. Pour les observateurs, sa nomination l’a été dehors de l’Accord politique conclu entre le pouvoir et l’opposition le 31 décembre 2016 et en violation de ce dernier, comme l’estiment les ténors de l’opposition. De plus le pays n’ayant aucun budget voté au parlement et fonctionnant sur du crédit provisoire depuis décembre 2016, et à moins d’un miracle l’on voit très mal comment ce gouvernement peut mettre en pratique le programme lui assigné : l’organisation des trois élections d’ici la fin d’année 2017 (présidentielle, législative et provinciale).
Les gagnants :
Les gagnants demeurent et pour toujours sans doute la Majorité Présidentielle (MP) et Alliés qui conservent tous les grands ministères dits régaliens ainsi que ceux importants au sein du gouvernement. Les inamovibles Lambert Mende, Tambwe Mwamba, Bahati Lukwebo, She Okitundu, Felix Kabange Numbi, Thomas Luhaka, Maguy Rwakabuba sont toujours de la partie depuis près ou plus de 10 ans.
Les nouveaux bénéficiaires issus du Dialogue Kodjo sont aussi là : Ramazani Shadari, Steve Mbikayi, Justin Bitakwira (qui gravit même d’échelon en devenant ministre full), José Makila, Azarais Ruberwa, l’UNC Pierre Kangudia, Michel Bongongo… Mais également Mme Chantal Safu Kasungi, une ancienne de la Promo 13 de l’ISTI et proche du régime qui accède au ministère de Genre et Famille.
Les frondeurs de l’opposition et ex-Rassop qui ont ralliés Tshibala n’héritent que des ministères de seconde classe, question d’être récompensés de leur adhésion à ce qui est considéré comme de la supercherie notent les commentateurs. Ce sont les cas de Lisanga Bonganga, Freddy Kita (ex-Démocratie Chrétienne d’Eugène Diomi), Emmery Okundji (propre frère de Joseph Olenghankoy), Ingele Ifoto, Eve Mwakasa, Prof Tshibangu Kalala et Lumeya Dhu Maleghi.
En revanche, certaines personnalités comme Raphaël Katebe Katoto ; demi-frère de l’opposant Moïse Katumbi que l’on dit lorgnait sur le poste du nouveau gouverneur du Katanga n’a pas été retenu. De même pour Roger Lumbala et Joseph Olenghankoy qui préféré envoyé au front son petit frère et membre de son parti Emery Okundji. Du reste, le document fuité sur les réseaux sociaux indiquait que Joseph Kabila ne voulait pas ni de l’ex-rebelle Lumbala, encore moins Olenghankoyi, ancien ministre jadis révoqué pour détournement des fonds publics dans ce nouveau gouvernement.
Les perdants sont ceux qui n’ont pas été reconduit et qui quittent le navire gouvernement après seulement trois mois : Yves Kisombe qui comme son papa Kisombe Kiaku Mwisi sous Mobutu n’a pas pu être à la hauteur de la tâche, le « prophète » Willy Mishiki qui s’est révélé plus un beau parleur qu’un ministre compètent, Clément Kanku, Matusila, Mayombe, Aimé Boji (bras droit et beau-frère de Vital Kamerhe). Kamerhe partant pour le poste du président du Conseil National de Suivi de l’Accord (CNSA) l’amènera surement avec lui comme il l’a toujours fait. Autre non retenu de taille reste l’ex-UDPS et proche de Tshisekedi le Dr Tharcisse Loseke Nembalemba.
Enfin et contrairement à celui de son prédécesseur Samy Badibanga Ntita, le gouvernement Tshibala comporte 59 membres, soit huit de moins. Or selon les recommandations du Dialogue de la CENCO, cette équipe devrait contenir 54 membres. Ceci traduit ni plus ni moins que le régime continue de faire son gros dos et tente de toujours passer en force comme pour démontrer qu’il se moque éperdument de cet accord de la Saint-Sylvestre. Bruno Tshibala apparaît déjà comme un chef de gouvernement placé sous la tutelle des caciques du régime que sont Thambwe, Okitundu ou Mende et qu’il n’aura aucunes coudées franches.
#RDC Texte de L’ordonnance-loi portant nomination du nouveau gouvernement #Tshibala
La liste complète du gouvernement
Premier ministre
Bruno Tshibala
Vice-Premier ministres
Affaires Etrangères et Intégration Régionale : Léonard She Okitundu
Intérieur et Sécurité : Emmanuel Ramazani Shadary
Transport et Communication : José Makila
Ministres d’État :
Justice : Alexis Thambwe Mwamba
Plan : Modeste Bahati
Economie : Joseph Kapika
Budget : Pierre Kangudia
Décentralisation et Réformes Institutionnelles : Azarias Ruberwa
Commerce Extérieur : Jean-Lucien Bussa
Travail : Lambert Matuku Mena
Fonction Publique : Michel Bongongo
Relations avec le Parlement : Jean-Pierre Lisanga Bonganga
Ministres
Défense : Crispin Atama Tabe
Finances : Henri Yav
Communication et Médias : Lambert Mende
Portefeuille : Wivine Mumba Matipa
Potes, Télécommunications et NTIC : Emery Okundji
Mines : Martin Kabwelulu
Affaires Foncières : Lumeya Dhu Maleghi
Aménagement du Territoire : Félix Kabange Numbi
Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction : Thomas Luhaka
Urbanisme et Habitat : Koko Nyangi
Hydrocarbures : Aimé Ngoy Mukena
Industrie : Marcel Ilunga
Energie et Ressources Hydrauliques : Ingele Ifoto
Environnement et Développement Durable : Amy Ambatobe
Tourisme : Franck Mwe Di Malila
Petites et Moyennes Entreprises : Bienvenu Liyota
Coopération au Développement : John Kwet
Agriculture : Georges Kazadi Kabongo
Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel : Gaston Musemena
Genre, Enfant et Famille : Chantal Safu
Affaires Sociales : Eugène Serufuli
Solidarité et Action Humanitaire : Biango Sango
Sport et Loisirs : Papy Niango
Enseignement Supérieur et Universitaire : Steve Mbakayi
Formation Professionnelle, Métier et Artisanat : Pierrot Mweka
Recherche Scientifique : Eva Mwakasa
Développement Rural : Justin Bitakwira
Droits Humains : Marie-Ange Mushobekwa
Santé : Oly Ilunga Kalenga
Jeunesse et Initiation à la Nouvelle Citoyenneté : Maguy Kiala
Pêche et Elevage : Paluku Kisaka
Affaires Coutumières : Guy Mikulu
Culture et Art : Astrid Madiya
Ministre Délégué chargé des Congolais de l’Etranger : Emmanuel Ilunga Ngoy
Ministre Délégué près le Premier ministre : Tshibangu Kalala
Vice-ministres
Affaires Etrangères : Matembo Toto
Coopération Internationale : Freddy Kita Bukusu
Intérieur et Sécurité : Basile Olongo
Budget : Maguy Rwakabuba
Finances : Jean-François Mukuna
Postes, Télécommunications et NTIC : Omere Egbake
Infrastructures Travaux Publics et Reconstruction : Papy Miantezolo
Travail et Prévoyance Sociale : Kabongo Kalonji
Agriculture : Noël Botakile Botanga
Urbanisme et Habitat : Willy Bolio Emina
Plan : Jean-Pierre Zepele Mondombe
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Rien n'a changer. Badibanga=Tshibala. C'est juste les mêmes têtes et mêmes systèmes. C désolé.