Trois mois depuis son décès à Bruxelles le 1er février 2017, le corps d’Etienne Tshisekedi demeure toujours en Belgique où un hommage grandiose lui avait rendu par les autorités belges tout comme les congolais venus du pays et ceux de la diaspora. Trois mois toujours que ce bras de fer continu et son enjeu politique entre le pouvoir et l’UDPS perdurent au sujet du rapatriement de la dépouille de l’illustre disparu et l’organisation des obsèques dans son pays.
Depuis trois mois, c’est l’imbroglio total : d’un côté la famille biologique et l’UDPS son parti politique, de l’autre le pouvoir en place à Kinshasa qui veut avoir son mot à dire dans la tenue des funérailles nationales ou privées. Le dernier rebondissement en date c’est le report sine die du retour du corps au pays pourtant annoncé pour le vendredi 12 mai 2017. A la volonté de la famille et du parti de pouvoir inhumer Tshisekedi à des endroits caractéristiques choisis par eux, s’est toujours opposé le pouvoir qui ne jure par les cimetières appropriés à cet effet.
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C’est via un communiqué lapidaire du Secrétariat General du parti et signé Jean-Marc Kabund tombé en soirée du 9 mai 2017 que le report du rapatriement du corps d’Etienne Tshisekedi a de nouveau été acté : Pour faire échec au plan machiavélique programmé par la mouvance kabiliste, d’engager notre pays dans une voie de la violence lors des obsèques de notre héros national, au nom de la paix, et après concertation avec la famille biologique du défunt, l’UDPS a pris , en toute responsabilité, la décision de renvoyer à une date ultérieure, le rapatriement de la dépouille de son Président.
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Une matinée mouvementée
Cette déclaration inattendue intervient au soir d’une journée plus que mouvementée aux alentours du siège du parti à Limete. En effet, dans la nuit du 8 au 9 mai, un groupe d’individus non autrement identifié a attaqué les éléments de la police en faction devant la permanence de l’UDPS. Bilan de cette attaque : un camion de la police nationale de marque Kamaz et deux tentes de repos incendiés. Et comme conséquence, la permanence du parti a été fermée par les éléments des forces de la police sur instruction de la hiérarchie à l’aube du 9 mai 2017.
Pour l’UDPS, cette montée de violence autour de sa permanence relève d’un scénario macabre, monté par la mouvance kabiliste, en vue de justifier l’occupation de la permanence, afin d’empêcher l’exécution des travaux de la construction du mausolée devant accueillir la dépouille mortelle de son défunt président
Cap vers Kabeya Kamuanga
Pourquoi ne pas alors enterrer Tshisekedi soit à Mupompa son village de Ba Ntombolo dont il est originaire ou carrément à Kabeya Kamuanga, chef-lieu de son entité où sa famille possède des biens se demande un cadre du parti de Kinshasa sous anonymat et en colère ? Il pourrait ainsi être inhumer dans l’une de ses concessions en lieu et place de continuer un bras de fer inutile renchérit-il. Surtout lorsqu’on sait que le corps du Sphinx de Limete devient apparemment encombrant et un poids pour la kabilie commente pour sa part Emery Patrice Olengha, le SG du parti ECCO d’Adam Bombole.
Cette réflexion arrive après les réponses du gouverneur de la ville-capitale André Kimbuta et du président du parlement Aubin Minaku à l’endroit de l’UDPS qui sollicitait l’inhumation de Tshisekedi au siège du parti à Limete et le Palais du Peuple pour les hommages publics. De l’un comme de l’autre, un refus total. Pour Kimbuta, c’est toujours l’évocation des ordonnances coloniales des 4 septembre1909, 14 février 1914, 13 février 1949, 15 mars 1950, et l’Arrêté du Gouverneur Général du 16 mai 1907 qui stipulent qu’aucune inhumation ne pourra avoir lieu que dans un terrain affecté aux inhumations, aucune habitation ne peut-être élevée à une distance inférieure à 50 mètres des cimetières.
Du côté de Minaku en réponse à la demande de l’UDPS dans sa lettre du 3 mai 2017 : Votre requête doit être assortie d’un dossier complet concernant les autorisations usuelles requises. C’est fort desdites autorisations que mon Collègue et moi pourrions-nous décider, respect des prérogatives administratives des uns et des autres oblige. Ce refus poli ne pouvait que conforter notre suspicion sur le pouvoir PPRD qui complique les choses explique un autre cadre de l’UDPS. Or, le même pouvoir avait dès l’annonce du décès du président Tshisekedi ; proposé le même Palais du Peuple qu’on nous refuse présentement sous des motifs fallacieux du genre dans le même ordre d’idée, je note que le Parlement est actuellement en pleine Session ordinaire et que chacune des deux chambres a un agenda à respecter poursuit le même cadre.