Plus d’un mois depuis sa nomination du 7 avril dernier, c’est sans aucun suspens que le nouveau gouvernement a été investi en ce mardi 16 mai 2017 par un vote de confiance au parlement acquis à la majorité présidentielle autour de Joseph Kabila. Malgré la contestation d’une infime partie des députés se réclamant de l’opposition du Rassemblement (Rassop) dirigé par Felix Tshisekedi, Bruno Tshibala et ses ministres ont obtenu l’aval des élus pour pouvoir désormais fonctionner.
Cette contestation s’inscrivant dans le schéma que sa nomination s’est faite en contradiction de l’Accord Politique du 31 décembre 2016, négocié sous la médiation des Evêques de la CENCO, entre la majorité présidentielle et une large partie de l’opposition congolaise réuni au sein du Rassemblement (Rassop). Une chose qui est sûre demeure que la « manœuvre Tshibala » ne trompe pas plus l’opinion congolaise que « le coup Badibanga », ni ne convainc les principaux partenaires du Congo avec lesquels ces deux personnalités n’ont aucun réseau ; pour un pays qui dépend de l’aide internationale pour plus de la moitié de ses rentrées.
Même si pour sa part, le président du parlement et SG du parti présidentiel ; le PPRD Aubin Minaku soulignait le contraire en affirmant que cette nomination est conforme audit Accord. Ce qui n’empêche que bientôt, Tshibala et ses ministres ne tarderont pas à expérimenter la dure réalité de l’exercice du pouvoir que le premier d’entre-eux ne détient du reste pas. Triste évidence qu’aura vécu le prédécesseur et ami de Tshibala, Samy Badibanga et tous deux membres de l’UDPS ; parti politique dont ils se sont autoexclus selon les dirigeants en s’alliant avec le régime au mépris des directives internes.
L’Accord de la Saint-Sylvestre (appuyé par le Conseil de sécurité de l’Onu), qui balise le partage du pouvoir jusqu’aux élections annoncées pour fin 2017 et son Arrangement Particulier prévoyait un cabinet de 54 membres avec leur répartition par plateformes politiques. Avec 59 membres du gouvernement, le régime n’a pas respecté ce qui fut pourtant laborieusement convenu lors de la médiation catholique.
Les tentatives de nommer les deux derniers premiers ministres successifs originaires du Kasaï et tous transfuge de l’UDPS n’ayant qu’un seul objectif : dynamiter le principal parti de l’opposition, l’UDPS et le faire carrément disparaitre alors qu’elle est affaiblie avec la mort le 1er février à Bruxelles de son vieux leader Etienne Tshisekedi. Adepte du credo mobutiste « diviser pour régner » et conseillé par des anciens de Mobutu comme André Atundu Liongo, le régime Kabila n’a pas choisi par hasard ses deux derniers Premiers ministres, tous des transfuges de l’UDPS.
Une fuite en avant périlleuse
Concrétisant la fuite en avant du régime auquel il a désormais fait allégeance, Bruno Tshibala s’est étalé comme Samy Badibanga, dans la lecture de son catalogue des bonnes intentions en guise de programme gouvernemental. Entre autres son ambition, sa volonté et sa détermination d’améliorer les conditions de vie de la population et d’offrir au peuple congolais, les meilleures élections de son histoire dans le délai convenu”.
Voulant faire un clin d’œil à Étienne Tshisekedi dont on sait bien que personne ne lui permettra de s’approcher de ses obsèques si un jour elles auront lieu au pays, Tshibala déclare sans ambages que « Si le destin de l’avait pas décidé autrement, il allait être tellement heureux et souriant de voir un compagnon de lutte qui lui était très attaché et qu’il a encadré en politique, devenir premier ministre de la RDC. Qu’il sache là où il est en ce moment que nous continuerons la lutte sans relâche pour que les valeurs et les principes de l’État de droit pour lesquels il s’est battu toute sa vie soient instaurés et enracinés dans notre pays ».
Or, rien qu’à y regarder de près dans la composition du nouvel Exécutif national sous sa direction, c’est pourtant presque un copié-collé de celui de son prédécesseur Samy Badibanga : 40 de ses 59 membres siégeaient déjà dans le cabinet d’avant. Tous les observateurs sont d’avis que Bruno Tshibala apparait sans aucune influence dans ce qui a été la tâche de la composition du gouvernement. Comme Badibanga, il est bien encadré pour ne pas dire sous la tutelle des faucons durs du régime Kabila dans tous les ministères considérés comme les plus sensibles : Affaires Etrangères pour la diplomatie, Communication et Médias, Finances, Justice et Intérieur tout ce qui est de la sécurité…
Alors que la Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo (Monusco) devrait rendre un Rapport sur la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016 un jour avant cette investiture, soit le 15 mai ; un responsable onusien sous couvert d’anonymat notait qu’: « On est face à un dilemme, et Kabila mène une stratégie de fuite en avant périlleuse. Soit on exige la désignation d’un nouveau premier ministre, ce que Kabila n’acceptera pas. Soit on se focalise sur les élections. La communauté internationale devra se prononcer ».
DISCOURS PROGRAMME DU GOUVERNEMENT TSHIBALA
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