Une Inquiétude persistante. La RDC est parmi les pays plus touchés par le phénomène des déplacements internes des populations au monde. Après une vingtaine d’année des conflits armés à multiples visages, le pays comptabilise aujourd’hui le plus grand nombre des personnes déplacées au monde ; des réfugiés à l’intérieur de leurs propres frontières : 3,7 millions au total parmi lesquels près de 1,9 million d’enfants de moins de cinq ans qui sont victimes de malnutrition aiguë dans l’ensemble de la RDC a rappelé Rein Paulsen. Ce chiffre comprend les personnes ayant fui les violences dans le pays selon le Conseil Norvégien pour les Réfugiés, une ONG spécialisée dans la gestion des crises humanitaires.
Parmi ces personnes, 1,27 million de personnes déplacées uniquement à cause des tensions toujours vives au Kasaï, selon OCHA. Pour l’organisme onusien, il s’agit du plus grand nombre de déplacés internes dans le monde, le nombre de personnes déplacées dépassant même celui des réfugiés par deux contre un. Il est donc urgent de remettre les déplacements intérieurs au centre des agendas mondiaux. OCHA note que plus de 100.000 nouvelles personnes déplacées internes ont été enregistrées au début du mois de mai. Ce qui constitue une moyenne de 6.000 nouvelles personnes déplacées par jour.
D’abord temporaires, ces déplacements généralisés des personnes sont devenus aujourd’hui plus durables selon le responsable de l’ONU. M. Paulsen n’a pas manqué de rappeler lors de son point de presse de lundi 22 mai 2017 à Genève que la crise humanitaire au Kasaï ne doit pas faire oublier les autres crises humanitaires qui touchent l’Est de la RDC. Notamment la province du Tanganyika qui compte plus de 500.000 personnes déplacées en raison des affrontements entre les communautés Twa et Bantoue mais aussi les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu qui enregistrent à ce jour 1,3 million de déplacés.
Rien que pour l’exemple, déjà en 2016, parmi les 6,9 millions de nouvelles personnes chassées de leur domicile par une guerre, plus de 900.000 avaient été recensées en RDC ; plus que la Syrie qui comptait un peu plus de 800.000 déplacés et l’Irak avec environ 600.000 personnes déplacés.
Déplacés dans le Kasaï dans un centre d’accueil
Outre les conflits armés qui sont à l’origine de ces grands déplacements internes des populations à l‘échelle mondiale, il y a aussi les catastrophes naturelles qui ont déplacé trois fois plus de personnes que les guerres, avec 24 millions de personnes affectées par des inondations, des tempêtes, des incendies ou la neige. La Chine étant en tête avec le plus grand nombre de nouvelles personnes déplacées l’an dernier par des intempéries (7,4 millions), suivie par les Philippines (5,9 millions), l’Inde (2,4 millions) et l’Indonésie (1,2 million).
Conséquences
Avec ces déplacements intérieurs des populations, c’est la crise humanitaire qui s’amplifie selon Rein Paulsen, Chef du bureau d’OCHA en RDC. Dans son dernier rapport de situation humanitaire en date du 5 mai 2017, OCHA dénonce les tueries et exactions perpétrées principalement à l’encontre des civils et redoute que cette crise ne bascule dans un conflit à caractère ethnique. Les affrontements opposant des présumés miliciens Kamuina Nsapu du nom de ce chef coutumier tué en août 29016 et les forces gouvernementales (armée FARDC et police), des milices et des groupes d’autodéfense, des factions rivales de miliciens, auxquels s’ajoutent des tensions inter-communautaires note l’ONU. Situation qui rend urgent la réponse humanitaire dans le Kasaï et fait prendre conscience de prendre de l’ampleur en raison de la persistance de ces violences et de la complexification des dynamiques de conflits dans cette région congolaise poursuit le rapport.
