C’est un homme en colère qui s’exprime. Sindika Dokolo c’est de lui qu’il s’agit et les RD congolais commencent à le découvrir depuis peu avec ses interventions sur ce qui se passe dans son pays la RDC. Sur le mur de sa page Facebook officiel, on pouvait lire en date du 30 mai 2017 : Je suis choqué et meurtri de voir la barbarie que certains des réfugiés en provenance du Congo ont subie. Même s’il ne s’agit que d’une goutte d’eau dans l’océan des besoins qu’ont désormais les Congolais, je tenais à faire ce geste de fraternité et de solidarité avec mes frères, sœurs et enfants de la RDC en leur faisant livrer 200 tonnes de riz, d’huile et de farine. Étant Congolais et ayant grandi au Congo, je ne supporte plus de voir l’avilissement de nos populations et le jeu morbide des politiciens de Kinshasa.
Dans une très longue interview à notre confère bruxellois https://afrique.lalibre.be/3962/sindika-dokolo-je-ne-supporte-plus-la-barbarie-qui-sevit-en-rdc/ , il dit ne plus supporter la barbarie qui sévit en RDC. Et d’ajouter qu’il faut retrouver notre capacité d’indignation. Chacun doit en parler, il faut que nous ayons le courage de les dénoncer. Jeter un halo de lumière dessus c’est les déstabiliser à leur tour.
Il y a quelques jours, au travers de sa Fondation, il venait au secours de ces près de 30.000 réfugiés congolais victimes de la violence qui frappe l’espace Grand Kasaï. 200 tonnes d’aide humanitaire ont commencé à parvenir à ces exilés forcés en Angola qui ont tout perdu dans leur fuite, composée essentiellement des produits alimentaires comme de la farine, de l’huile et du riz. Et promettant dans un second temps, d’envoyer des produits de santé car les besoins sont aussi gigantesques dans ce secteur.
A ceux qui veulent voir au travers de son expression libre en tant que citoyen congolais et ses actes humanitaires une ambition politique cachée, il répond : « Le Congo n’a vraiment pas besoin d’un candidat en plus. Des hommes politiques il y a en bien assez. En posant ce geste, c’est d’abord une manière d’aider mes compatriotes qui ont tout perdu, c’est aussi, et peut-être surtout, une manière de marquer mon écœurement par rapport à ce que traverse mon pays ». Son geste étant la conséquence d’un « ras-le-bol de cette barbarie quotidienne qui sévit en RDC : les cadavres qui s’entassent, les viols et les exactions en tout genre qui sont devenus de simples statistiques macabres, bref la négation même de la moindre dimension humaine ; ce qui est absolument inacceptable selon lui.
Face à cette crise, c’est aux actuels responsables politiques, ceux qui sont aux affaires, qui devraient donner une réponse à cette crise. Or, ils semblent jouer un rôle soit neutre et donc irresponsable, soit, et c’est bien pire, ils instrumentalisent ces catastrophes, ces tragédies humaines. Les présomptions sont lourdes lorsqu’on met en parallèle l’enchaînement des tragédies et le calendrier politique du pays souligne Sindika Dokolo.
Il dit notamment avoir le sentiment que, malgré le voyage du Président Kabila au Kasaï de ce jour, toute cette crise semble être délibérément orchestrée pour déstabiliser une région. Le parallèle avec ce qui s’est passé à Beni, au nord-est, est assez frappant. Tout indiquant dans cette crise qu’il s’agit bel et bien d’une stratégie de la terre brûlée et si tel était le cas, et face au bilan humain, cela pourrait- j’utilise bien le conditionnel- relever de la Justice internationale ou de la Cour Constitutionnelle qui seule peut établir les éléments constitutifs du crime de haute trahison. Il est dramatique de pouvoir penser que des hommes politiques pourraient instrumentaliser la mort de Congolais et de civils étrangers à des fins politiques.
Et pour cela, Sindika Dokolo en appelle à notre capacité d’indignation à tous. Il faut s’indigner ! Chacun doit en parler. Tout ce qu’on a évoqué, ce sont des crimes de l’ombre. Il faut que nous ayons le courage de les dénoncer. Jeter un halo de lumière dessus c’est les déstabiliser à leur tour. Il est curieux qu’à chaque fois qu’on commet des meurtres ou des exactions ou qu’on découvre des fosses communes, le gouvernement trouve une réponse rapide qui doit éteindre l’incendie. La dernière trouvaille concerne ce douloureux dossier de l’assassinat des deux jeunes experts de l’Onu. A en croire le gouvernement, plus besoin d’enquête tout est arrangé, ils ont trouvé le coupable. Il en est des mêmes des images filmées, des crimes de masse, des femmes violées. Inutile d’enquêter la justice congolaise gère le dossier. C’est insupportable de constater à quel point, au Congo, la vie humaine ne représente plus grand-chose. On a parfois le sentiment qu’on est entré dans une guerre civile qui n’ose pas porter son nom ? C’est malheureusement exact. Quand on voit les images du Kasaï ou de Beni, on constate que certains attisent et exploitent les clivages qui existent entre les Congolais. Il faut oser parler de guerre civile larvée.
Des relations entre l’Angola et la RDC, le gendre du président angolais Edouardo Dos Santos enchaine : Je suis d’accord avec George Chikoti, le ministre angolais des Affaires étrangères. Il prône une position entre le Congo et l’Angola qui allie proximité et exigence. Il ne ferme pas la porte mais il martèle la nécessité d’établir la vérité des faits, l’importance de respecter les lois, d’organiser les élections, de ne pas permettre au président de se représenter. Il est vraiment important que tout le monde -tant à l’intérieur de nos frontières qu’au niveau régional et international- puisse être critique et constructif. Il ne faut pas fermer les yeux. Il ne faut pas complètement isoler ce pays.
L’Angola, voisin qui partage plus de 2000 kilomètres de frontière avec la RDC, est particulièrement touché par cette crise. Dans cette perspective, depuis dimanche 21 mai 2017, le pays a renforcé sa présence militaire le long de sa frontière ouest avec le Congo en y déployant de l’infanterie accompagnée des tanks et d’un artillerie lourde. Des hommes des troupes ayant été signalés également au Nord-Est de l’Angola.et des troupes sur toutes ses frontières.