Il y a un an naissait dans une euphorie totale une large coalition de l’opposition politique dénommée le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement en RDC (RASSOP). Réunis dans le Château du Lac de Genval dans le Brabant Wallon en Belgique autour du Président de la Conférence Etienne Tshisekedi, figure tutélaire de l’opposition ; neuf délégations avaient apposé leurs signatures au bas du document final appelé L’Engagement de Genval : l’UDPS, La Dynamique de l’Opposition, Le G 7, L’Alternance pour la République (AR), Le Front du Peuple, La Majorité Présidentielle Populaire (MPP), Le G 14, La Convention des Républicains et La Société Civile.
Un an après, que reste-t-il de cette opposition apparemment soudée pour l’alternance dans le pays tenu de mains de fer par Joseph Kabila depuis plus de 15 ans ? Avec une multiplication des courants de pensées et des groupements liés aux ambitions personnelles parfois démesurées, le Rassop divisé parait désemparé. Ce qu’a bien compris le régime et en premier Joseph Kabila conseillé par ceux-là mêmes qui ont jadis entêté Mobutu dans sa folie dictatoriale alors que tous les signaux du pays étaient dans le rouge. De la même manière que ces conseillers occultes avaient réussi à dynamiter l’Union Sacrée de l’opposition radicale (USORAL) dans les années 1990, leur essai en 2017 est en passe de réussir si l’on y prend garde.
Les erreurs du Rassop
Entre autres erreurs de l’UDPS en invitant des politiques congolais à Bruxelles pour la création du RASSOP, c’était d’avoir accueilli n’importe qui en son sein comme il en fut de l’Usoral en 1990. Ainsi, les Lisanga Bonganga, Joseph Olenghankoy, Willy Mishiki, Marie-Ange Moshobekwa, Emmanuel Ilunga… n’ayant ou en perte de visibilité sur le plan politique dans le pays pour n’en citer que ceux-là ; revenaient à la surface car étant à côté de Tshisekedi. Mais aussi l’UDPS n’avait pas vu ses propres fils comme Oly Ilunga, Tharcisse Loseke, Joseph Kapika ou encore Bruno Mavungu qui allaient trahir quelques mois plus tard. Cette rencontre de Bruxelles avait déjà fait tiquer Eliezer Ntambwe qui nous déclarait avoir vu plus d’infiltrés du régime que des vrais opposants à Genval.
Pour un journaliste congolais installé à Bruxelles, « l’ouverture de Tshisekedi à Genval avait du bon. Elle permettait de préparer une vision pour un large consensus en vue de la gestion du pays. Qu’on le veuille ou non il faut apprendre à gérer en co-gestion. Et non en congestion des partis politiques. Les animateurs des partis politiques n’ont malheureusement pas tous une vision élevée ni réfléchie de l’Etat et de sa gestion ». Et de poursuivre « pour ceux qui sont parti en quittant le Rassop, c’est bien. Ceux qui restent doivent faire preuve de hauteur de vue et d’esprit et se préparer à gérer un sous-continent avec ses contrastes, ses attentes élevées après 32 ans de mobutisme et 20 ans de kabilisme. Un pays aux multiples différences tant culturelle que climatique. Le souhait est que l’opposition comme le bon vin bonifié efficacement avec le temps ».
Lire aussi : Eliezer Ntambwe : « Je n’ai pas des comptes à rendre aux gens de la Majorité » https://www.afriwave.com/?p=345
La ruse de Kabila
Profitant des erreurs de naissance du Rassop et de ses moyens limités, Joseph Kabila et le PPRD ont fini par jouer les divisions pour disperser ceux qui devenaient un danger pour leur règne. Surtout que la date du 19 décembre 2016 marquant la fin de son deuxième et dernier mandat constitutionnel arrivait à grand pas. En refusant de venir à Genval, Vital Kamerhe, co-fondateur de la Dynamique de l’opposition fut le premier à succomber à l’appel de sirène pour devenir la caution politique du dialogue de la Cité de l’OUA sous Edem Kodjo. Conséquence, Kabila se verra maintenu à la tête du pays jusqu’en avril 2018 alors que le poste de Premier ministre promis à Kamerhe sera donné à un inconnu sans aucune envergure, Samy Badibanga ; transfuge de l’UDPS.
Comme on peut le constater, en bon calculateur ; Kabila est parvenu depuis 2013 en concertations nationales au dialogue politique en 2016-2017 à attirer dans son juron, l’une après l’autre, des figures faméliques de l’opposition. Les Concertations nationales devant permettre de rétablir et consolider la cohésion interne afin de faire face, à l’époque, à la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23) n’ont jamais prouver leur bilan. En possession de tous les moyens financiers et matériels du pays, le régime attirera l’ancien SG de l’UDPS ; BrunoMavungu dans l’espoir d’affaiblir le parti d’Etienne Tshisekedi mais en vain.
Sentant son règne menacé avec l’approche de la date du 19 décembre 2016, Kabila en appelle à des nouveaux pourparlers ; c’est le dialogue de la Cité de l’OUA en septembre 2016 et son accord politique du 18 octobre boudé par le Rassop et Etienne Tshisekedi. En confiant le gouvernement à un auto-exclu de l’UDPS Samy Badibanga alors que Kamerhe était le plus pressenti, le débauchage continuera jusqu’au sein de l’UDPS avec Oly Ilunga et Tharcisse Loseke, deux médecins personnels et proches de Tshisekedi.
Et enfin Bruno Tshibala, ancien porte-parole de l’UDPS et du Rassop avec qui Kabila aura réussi à désorganiser et diviser encore de plus le Rassop. Alors que Tshisekedi avait accepter le dialogue de la Cenco comme médiateur dans la négociation directe opposition et majorité au pouvoir, un compromis avait été trouvé pour la tenue des élections au plus tard fin décembre 2017, soit une année après l’échéance du second mandat de Kabila. Aujourd’hui, ce dernier dit à qui veut l’entendre n’avoir rien promis en ce sens.
Le Rassop doit-il changer des tactiques ?
La seule issue pour le Rassop de gagner la bataille avant le combat final est de changer de tactique. Pour cela, il faudra commencer par mettre au placard les ambitions personnelles au profit de l’unité, préparer à fond les futures élections pour les remporter haut la main. Mais aussi développer une capacité de résistance face à la corruption du régime vis-à-vis des opposants. La tenue du prochain conclave prévu à Kinshasa après les obsèques du patriarche Tshisekedi sera-t-elle l’occasion de réaffirmer l’idéal du combat pour l’alternance et le changement tant espérés.
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