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RDC-UE : Kinshasa face à ses contradictions pour une dernière carte à Bruxelles

Le ministre congolais des Affaires Etrangères Léonard She Okitundu a rencontré ce mercredi 5 juillet 2017 à Bruxelles son homologue de la diplomatie européenne, l’italienne Federica Mogherini. Au menu de leurs discussions les relations presque tendues entre Kinshasa et Bruxelles ces dernières semaines depuis l’Union Européenne a infligé une série des sanctions individuelles contre certains proches du régime dont des ministres.

Ce qui a tout de même étonné dans ce poignée de mains, c’est l’absence de toute émotion devant les caméras et photographes à Bruxelles de la part de la Haute Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité. De son côté She Okitundu s’est efforcé de garder un sourire mal venu. Cette rencontre qui s’apparente à une mission de la dernière chance pour une RDC presqu’en situation d’asphyxie financière intervient en un moment où Kinshasa n’a eu de cesse de dire tout le mal qu’elle pensait de l’Union européenne et de ses sanctions.

Motif évoqué par Kinshasa dans sa colère contre l’Europe, la souveraineté nationale contre laquelle Olivier Kamitatu ; sur son compte Twitter s’est moqué en ces termes : « Olivier Kamitatu‏ @OlivierKamitatu : Le matin on se couvre des oripeaux d’une fausse souveraineté en poussant des cris d’indignation contre ceux à qui le soir on tend la sébile ». Depuis Addis Abeba où il se trouvait la veille pour le 29ème Sommet de l’Union Africaine, le chef de la diplomatie congolaise affirmait avoir obtenu de la part de l’organisation africaine un soutient appelant l’Union Européenne à la levée des sanctions contre des officiels congolais.

Chose à laquelle ne croit pas les diplomates européens pour qui « les responsables congolais ne doutent de rien. Ils pensent que nous ne savons pas ce qui s’est dit au sommet de l’Union africaine. Et au sortir de ceci, ils viennent nous jouer la sérénade. Le pouvoir congolais est le seul responsable de la crise qui sévit aujourd’hui dans ce pays. C’est terrible pour ces millions de Congolais qui sont pris en otages. Aider le gouvernement, ce n’est pas aider ce peuple ».

Une semaine de tous les dangers

La semaine prochaine sera celle de tous les dangers pour Kinshasa. Aux « réserves de change qui sont quasi nulles chaque jour, une ou deux semaines maximum », s’ajoute la crise économique multiformes qui frappe le pays selon divers analystes. Pour faire semblant, la Banque centrale congolaise ne fait que retarder l’échéance en faisant tourner la planche à billets, ce qui engendre inévitablement une inflation qui faisait dire au FMI, lors de sa dernière visite à Kinshasa fin avril début mai, que le taux de change du dollar devrait avoisiner les 2000 francs congolais à la fin de cette année (pour 1000 FC il y a un an). Il est actuellement entre 1600 et 1750 FC.

À la visite retour du FMI à Kinshasa attendu le vendredi 7 juillet 2017, Corneille Nangaa ; président de la CENI sera lui devant l’Organisation internationale de la Francophonie. Lors de la précédente visite, le chef de la délégation ; Mario de Zamaroczy avait posé ses conditions pour débloquer les fonds : la mise en place du Comité national de suivi de l’accord (CNSA) avec son président, l’application des mesures de décrispation politiques et, enfin, un calendrier électoral clair et un engagement irrévocable de s’en tenir à la date prévue pour les élections.

Les discussions sur la mise sur pied du CNSA sont au point mort du fait du départ du président du Sénat Léon Kengo à Bruxelles pour des raisons de santé et la prochaine session parlementaire n’est prévue qu’en septembre prochain. Soit trois mis avant la fin censée de la transition pour des élections en décembre 2017 tel que le prévoit l’Accord de la Saint Sylvestre.

Rencontre Kabila – Utembi à Kisangani

À Kisangani où il séjourne après Addis Abeba, Joseph Kabila a rencontré ce même mercredi 5 juillet le président de la CENCO et Archevêque de Kisangani ; Mgr Marcel Utembi. Selon l’homme d’église, « Nous avons traité des questions qui ne peuvent pas être révélées maintenant parce que c’est une affaire entre deux autorités importantes : le président de la République et le président de la CENCO. Vous savez que la CENCO a dû conduire la médiation des négociations directes pendant trois mois. Et c’est tout à fait normal qu’il y ait le suivi par rapport à la mise en œuvre de ce document important. Nous avons parlé élections. Les élections auront lieu. Ce n’est un secret pour personne. Tout le monde parle élections. Et je crois que le président de la République, à son niveau aussi, n’a cessé de dire qu’il y aura les élections. Sur les autres questions abordées avec le chef de l’Etat, elles ne peuvent être révélées maintenant ».

Entretien Mgr Utembi (Crédit Radio Okapi)

Pour rappel, après l’appel des Evêques au peuple congolais à se mettre « debout » pour qu’une transition ait lieu dans leur pays et que des élections se tiennent en 2017 comme prévu dans l’accord de la Saint-Sylvestre, le régime ne l’avait pas apprecié du tout ; Joseph Kabila en premier. Pourquoi alors dire une chose au matin et son contraire au soir se demandent les observateurs.

Lire aussi : RDC : La CENCO face au pouvoir, retour dans l’arène et grosse colère de Kabila https://www.afriwave.com/?p=3494

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