Alors que la crise politique devenue institutionnelle plombe le pays depuis plus d’un an, celle économique et financière ne fait que s’aggraver. Et il y a des signes qui ne trompent pas dans un pays où l’économie est plus que dollarisée : cette montée vertigineuse du taux de change du Franc Congolais qui se déprécie chaque jour face au tout puissant dollar américain sur les marchés parallèles. Conséquences, les multiples grèves et menaces dans les services de l’Etat même si des solutions temporaires sont trouvées comme au ministère des Affaires Etrangères.
De plus, les devises font cruellement carence et cela se sent de partout. Et pour soutenir encore le semblant de la vie économique, la Banque Centrale du Congo ; comme dans ses habitudes depuis la nuit des temps fait tourner sa planche à billet. La situation est de plus préoccupante lorsqu’on sait depuis mi-juin, à la suite d’un rappel à l’ordre de la Réserve Fédérale américaine, les banques européennes ont procédé à l’arrêt des transactions en dollars à destination des banques congolaises qui ne se conformeraient pas à la législation américaine en matière de transparence des capitaux ; révélait notre confrère suisse Les Afriques.
La banque française BNP Paribas Fortis a été la première en annonçant la clôture de comptes de ses clients basés en RDC. Une source bancaire ajoutant même que : « C’est effectivement un mouvement en marche, la crainte de sanctions américaines l’emporte en effet sur les intérêts commerciaux des correspondants bancaires européens des banques congolaises ». « Concrètement, cela veut dire qu’une série de banques qui voulaient financer des projets en RDC, si elles ont une dimension internationale, doivent désormais se soumettre à l’injonction américaine. Maintenant, il faut savoir que les opérations avec ce pays sont toujours un peu difficiles » poursuit la même source.
Et le premier à pâtir de cette mesure le Cercle Hippique de Lubumbashi, client de BNP PARIBAS FORTIS depuis des décennies, qui a vu ses opérations bancaires clôturées selon le propre courrier de son propriétaire ; Georges Malta Forrest datée du 26 Juin 2017. Aux membres de cette Association Sans But Lucratif, il est désormais recommandé de se diriger vers une banque locale, en l’occurrence la Trust Merchant Bank (TMB) pour des futures opérations.
La réelle situation du pays
En promulguant la Loi des Finances Publiques 2017 fin juin, Joseph Kabila pensait anticiper les choses ; surtout que le projet du Budget 2017 venait d’être déclaré recevable par l’Assemblée nationale et le Sénat. Ce budget passait de 4 milliards de dollars sous Matata à près de 10 milliards de dollars sous Tshibala. Mais avec quels fonds devront-ont financer cela alors que l’argent manque au pays ? Est-ce le pays coure-t-il pour demain une situation de cessation de payement vis-à-vis de ses bailleurs ?
Encore une fois, c’est vers la communauté internationale vilipendée à la longueur des journées pour ses ingérences dans les affaires d’un pays souverain qu’on se tourne de nouveau. L’on se rappelle que lors de sa nomination en décembre 2016, le gouvernement Samy Badibanga estimait les réserves en termes de changes disponibles quasi nulles chaque jour, une ou deux semaines maximums. La situation n’a guère changé sous celui de son successeur Bruno Tshibala, et l’on voit très mal comment le pays pourra s’en sortir dans les mois à venir ; surtout comment organiser les élections en fin d’année 2017 pour lesquelles tout le monde semble se battre ?
C’est le gouvernement Tshibala qui y répond lui-même car la situation réelle du pays n’est pas de plus rassurante : « Le gouvernement d’union nationale a besoin de l’accompagnement de la communauté internationale et donc de ses partenaires traditionnels. Au regard de la conjoncture actuelle, il attend spécialement de ceux-ci un appui à la balance des paiements et des appuis budgétaires pour lui permettre de faire face aux difficultés économiques actuelles provoquées par l’effondrement des cours des matières premières sur le marché mondial ».
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Point n’est besoin de le rappeler que la situation du pays sur le plan économique se dégrade de jour en jour. Tout marche au ralenti à cause de l’incertitude créée par la non organisation de la présidentielle en 2016 comme le prévoyait la constitution, mais surtout par le maintien de Joseph Kabila à la tête du pays depuis la fin de son deuxième et dernier mandat en décembre 2016. Le chaud et froid soufflés par lui et ses proches ne sont pas aussi de nature à rassurer sur le devenir du pays. Attendons la fin de la visite de la délégation du FMI à Kinshasa de ce vendredi 7 juillet 2017 pour en voir plus clair