Les choses sont allées plus que vite pour les changements publiés la veille au soir. A peine nommé, aussitôt le nouveau Commissaire Général Dieudonné Amuli Bahigwa a pris ses marques et ses quartiers au siège de la PNC hier mardi 18 juillet 2017. C’était au cours d’une brève cérémonies de remise et reprise avec son prédécesseur, Charles Bisengimana.
Pour le sortant Bisengimana, « c’est un sentiment de satisfaction pour avoir servi avec loyauté le pays en offrant à la population la sécurité. Des réformes menées ont permis de rayonner le travail de la police à travers la région, notamment avec la création des unités de la protection de l’enfant et de lutte contre les violences faites à la femme » a-t-il martelé pour expliquer son travail.
Appelé pour remplacer John Numbi Banza suspendu pour son rôle présumé dans l’assassinat du militant de Droits de l’Homme Floribert Chebeya en juin 2010. Charles Bisengimana était devenu officiellement Commissaire Général en janvier 2014.
L’entrant Amuli Bahigwa s’est projeté dans « la continuité du travail de Bisengimana » selon ses premiers mots. Disant « être au courant des problèmes de la police par ses précédents contacts », il a fixé sa principale mission dans « la sécurisation de la population par une confiance retrouvée dans les forces de l’ordre. Pour cela, l’accent sera mis dans la formation des policiers afin de rehausser leur niveau des performances » a-t-il conclu. Chef d’Etat-major en charge des opérations des FARDC et proche de Joseph Kabila, il rejoint un autre général, Amisi Tango dans le dispositif sécuritaire de la frondeuse capitale-province du pays.
Un autre changement non de moindre et qui serait passé inaperçu, c’est l’arrivée du Colonel Raus Chalwe ; nommé Inspecteur Général de la police de Kinshasa en remplacement de Jean de Dieu Oleko, admis à la retraite. Homme de poigne, tout le monde se souvient du rôle joué par Raus Chalwe dans la répression des adeptes de la secte mystico-religieux Bundu Dia Kongo dans la province du Kongo Central dont il était le responsable des FARDC.
De son côté, Célestin Kanyama Cishiku a passé le bâton de commandement en qualité de Commissaire Provincial PNC de Kinshasa à son successeur, Sylvano Kasongo Kitenge Sylvano ; Matricule :10467/A promu en même temps au grade de Général. L’on se souviendra que c’est lui, alors chargé de la protection des hautes autorités ; qui avait eu une altercation violente avec l’ex-premier ministre Samy Badibanga, l’empêchant d’emporter des véhicules de la primature. Comme il en est maintenant de coutume, en compagnie des siens, il a fêté sa promotion à sa manière comme le révèle cette photos prise chez lui dans sa maison.
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Bisengimana Vs Kanyama, les raisons d’un limogeage
A la chance de l’un correspond l’infortune de l’autre. « Le climat était devenu détestable entre Bisengimana et Kanyama à cause de leur rivalité que cela empoisonnait le travail même de la police. Pour preuve, ces multiples attaques contre les forces de l’ordre dans Kinshasa comme le reste du pays sans qu’aucune réponse suffisante n’y soit proposée ». Ces propos sont d’un haut gradé de la PNC originaire du Kasaï comme Kanyama, interrogé par notre reporter et qui a requis l’anonymat mais qui ne se réjouit pas non plus des nouvelles nominations.
Car pour lui, « il aurait fallu un homme de poigne issu de notre corps, c’est-à-dire de la police pour succéder à Bisengimana qui était effacé qu’un militaire même si nous ne sommes pas trop loin l’un de l’autre en tant que corps de métier ». A l’infortune de l’un, l’autre garde toutes ses chances malgré que les deux se réclamaient être des proches de Kabila estime notre. Kanyama sous sanctions américano-européenne renvoyé vers une voie de garage à la Direction de formation de la police, l’on ne sera pas surpris que Bisengimana arriverait peut-être à la tête de l’ANR. L’actuel chef de Renseignements Kalev Mutond pouvant devenir ministre de l’Intérieur à la place de Ramazani Shadari.
Surnommé esprit de mort pour sa brutalité légendaire en comparaison de ces minibus accidentogènes qui causent la mort dans Kinshasa, Kanyama avait fini d’exaspérer tout le monde. Presqu’en disgrâce à son retour de suspension en avril 2017, il était devenu plus discret qu’on ne le lui reconnaissait. « Que l’on se souvienne que dans le désaccord permanent entre Bisengimana et Kanyama, c’est finalement un troisième homme et n° 2 de la police nationale, le Général Raus Chalwe, swahiliphone comme Kabila qui aura obtenu la suspension de Kanyama que personne n’arrivait plus à maîtriser. La nomination d’Amuli et l’arrivée du même Raus Chalwe à Kinshasa en qualité d’Inspecteur ne vous disent rien ? Les swahiliphone gardent toujours une main d’avance sur les autres dans le dispositif sécuritaire du régime » fait remarquer ce gradé de la PNC qui dit ne pas comprendre cette logique qui parait comme une injustice teintée de tribalisme.
« C’est son arrogance et son zèle mal maitrisé qui auront aussi perdu Kanyama. Il devra réfléchir deux fois sur son discours toujours musclé qui lui resonne dans ses oreilles. Boulet aux pieds de Kabila à cause des sanctions occidentales, il se retrouve dans la situation de son autre frère de l’ex-Kasaï Occidental ; l’ancien ministre de l’Intérieur et SG du parti présidentiel Evariste Boshab. Après avoir servi le régime, ils sont lâchés » conclut le gradé kasaïen qui songe même à quitter la police nationale et le pays pour rejoindre sa famille qu’il avait mis au frais dans un pays européen.
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