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RDC-MUSIQUE : C’EST MA MAUVAISE FOI ET PERSONNE N’EST OBLIGE DE ME CROIRE

Texte OPINION par TSHIKUYI TUBABELA

C’est la deuxième fois que j’utilise cette expression empruntée à une chronique politique sur la radio française Europe 1 pour exprimer en toute liberté ce que je pense de certaines de nos prises de position.  Peut-être que je me trompe et cela n’engage que moi car je ne voudrais non plus juger qui que ce soit. La RDC EST NOTRE BIEN COMMUN A TOUS CONGOLAIS DE L’INTERIEUR COMME CELUI DE LA DIASPORA. Personne ne peut se targuer être plus congolais que l’autre et défendre mieux ce pays ou ses valeurs plus que l’autre. Malheureusement, c’est ce qui nous arrive tous sans qu’on n’y rende compte.

Ma mauvaise foi d’aujourd’hui serait en rapport avec les annulations de derniers concerts musicaux de Fally Ipupa et Héritier Watanabe, respectivement dans les mythiques salles parisiennes La Cigale et L’Olympia. A la base de ce désagrément, LES COMBATTANTS ; ces groupes d’opposants autoproclamés au régime en place à Kinshasa depuis janvier 2011. Certes un manque à gagner financier pour les organisateurs, les musiciens, le public des mélomanes et les salles devant accueillir ces concerts. Mais avec le système des assurances organisé en Fran ce en particulier et en Occident en général, aucun de ces protagonistes ne sort perdant de ces annulations. Et cela, personne ne veut en dire mot.

Le phénomène Combattants

Les annulations des concerts de Fally Ipupa et Héritier Watanabe a été l’occasion pour toutes les bonnes et grandes intelligences du Congo profond comme ceux de la diaspora de s’affronter, par écrans d’ordinateurs interposés. Pour ceux du pays, « les combattants ne sont que ces délinquants sans travail et sans papiers qui sont jaloux de nos musiciens pour ce qu’ils ont. De plus, ils se trompent dans leur combat en s’attaquant aux faibles musiciens alors que rien ne change ici sur place dans le pays. Pendant que les politiques congolais se promènent en Europe, rien ne leur est fait et on freine l’expansion de notre culture avec ces interdictions absurdes des concerts » fin de citation.

Ma première mauvaise foi revient sur la culture.

Si sous d’autres cieux, le poids de mots est utilisé pour souligner l’importance d’un fait, sous la kabilie, les mots sont employés pour faire et se faire peur. Affirmer ou dire que l’expansion de la culture d’un pays aussi vaste comme le nôtre dépend de la dimension des concerts de ses musiciens en Occident (Europe et Amérique du Nord) est un peu réducteur de notre part ; la musique n’étant qu’une infime partie de cette culture pourvu qu’elle véhicule certaines valeurs que l’image qui nous serait proposée par la génération actuelle. Et que dire de nos artistes sculpteurs et peintres, de nos écrivains, de toute cette élite intellectuelle et scientifique disséminée à travers le pays et la diaspora ? C’est aussi cela la grandeur de tous ces congolais qui sont fiers de leur pays !

Pour parler de l’interdiction autoproclamée des concerts des musiciens congolais en Europe et en Amérique du Nord, les combattant l’explique leur refus de distraction de la part de ces musiciens qui ont chanté et chantent encore celui qui les oppressent ainsi que leur famille sur place dans le pays, en l’occurrence Kabila et son régime. Faux combat retorque les congolais de l’intérieur pour qui votre lutte en Occident ne change rien de l’intérieur. Situation vraie certes, mais qui a sa raison d’être car mettant encore de la pression sur les dirigeants de Kinshasa et leurs envoyés que sont ces musiciens répliquent les membres de la diaspora.

Mais que font alors les congolais de l’intérieur pour leur part dans ce combat, surtout ceux qui sont bien-pensants et qui écrivent à la longueur des journées cachés derrière l’anonymat de leurs écrans ? RIEN, répond un combattant pour qui la chose fait plutôt sourire : « Nous au moins, profitons de la liberté d’expression reconnu à tout citoyen de manifester son mécontentement vis-à-vis de ceux qui le dirige ici en Occident et nous le faisons sentir à Kabila même à des milliers de Km. Terrorisés par l’ex-esprit de mort à Kinshasa comme dans le reste du pays, combien des gens sortent dans la rue pour protester contre le régime ?  De plus, paupérisés par la grave crise économique qui frappe notre pays, ces gens de l’intérieur n’ont même plus la force de se mettre debout pour revendiquer. Voilà leur problème ».

De ces concerts depuis le temps immémoriaux où tous les musiciens zaïro-congolais se produisait à Berlin, Bruxelles, Paris ou encore Londres ; c’était toujours les membres de cette communauté de la diaspora zaïro-congolaise que l’on y retrouvait. N’ayons pas honte de le dire qu’à l’exception de certains groupes comme Le Magic System ivoirien et des personnalités à l’instar Youssou Ndour, Tiken Jah Fakoly, Amadou   & Marianne, Alpha Blondy, feu Lucky Dube qui drainent des gens venus de toutes les cultures ; la musique congolaise a toujours été une musique de ghetto entre noirs et congolais de deux rives qui viennent pour « le mabanga ». Du reste, ces musiciens représentent-ils les cultures de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Sénégal ou de l’Afrique tout court ?

Ma deuxième mauvaise foi porte sur les combattants qui ne sont que ces délinquants sans travail et sans papiers, de plus qui sont jaloux des musiciens. Phénomène multiple et divers, le mouvement des combattants n’en est pas un seul et uni. Cette caricature en leur endroit prête plus à sourire qu’à en pleurer de la part de leurs auteurs. Admettons que ce soit bien le cas, de quel patrimoine en termes des richesses possèderait nos musiciens et combien en partagent-ils avec ceux qui le défendent en ces termes-là ?

Délinquants et sans papiers… ça serait mal connaitre les services d’immigration occidentale en Belgique, en France et au Royaume Uni pour ne citer que ces trois pays ; places fortes des combattants. Loin de moi d’épouser le comportement d’une partie de ces protestateurs notamment cette tendance à la violence facile, il y a souvent des interpellations lors de leurs manifestations.

Comme le veut l’usage en la matière, après vérifications administratives par la police ; ils sont remis en liberté sans poursuites aucunes. Cela sous-entend que ce sont des gens en règle de titre de séjour et non fichés comme des délinquants que l’on voudrait faire croire. Faudra-t-il le dire que ces mêmes congolais sont les seuls qui se battent en Occident parfois pour des boulots négligeant afin de supporter leurs familles au pays avec mandats et transferts d’argent quotidiennement. Avons-nous oublié que c’est plus de l’intérieur du pays que les gens sont le plus achetés et corrompus par le régime ? De tout ça, rien à dire et circuler car tout est clean.

Le précèdent JB Mpiana Tshituka en 2013

Depuis JB Mpiana à Fally Ipupa et Héritier Watanabe, l’on a voulu profiter des malheurs des gens à l’intérieur du Congo en faisant passer leurs concerts pour une œuvre de bienfaisance. Et ce par le reversement d’une partie du cachet aux nécessiteux de l’Est pour les uns, aux réfugiés congolais du Kasaï en Angola pour les autres.

Tenez, l’annulation mieux l’échec du dernier « soi-disant concert caritatif » de l’artiste musicien congolais Mpiana Tshituka dit JB dans la Salle du Zénith au Parc de La Villette avait donné naissance à plusieurs supputations. En commençant par l’arrogance du musicien qui affirmait avoir engagé plus de 40 maîtres-chiens avec leurs molosses pour éloigner au loin quiconque tenterait de s’approcher de la Salle de Zenith et ainsi empêcher ses mélomanes d’assister à son concert. Le même comportement d’arrogance ayant été avec Ipupa et Watanabe dès leur arrivée à Paris.

Le cas JB Mpiana symptomatique car il avait déjà fait l’objet d’une précédente mauvaise foi en lien et rapport avec les termes forts utilisés par un journaliste congolais lorsqu’il décrivait l’annulation de ce concert comme un « début du génocide culturel ».  Ce concert polémique prévu le samedi 21 décembre 2013 et perçu comme une provocation de la part des « Combattants », avait reçu plus qu’une très vive contestation des congolais de la diaspora opposés en tout et pour tout au régime Kabila.

Ce simulacre d’œuvre de charité en faveur des ressortissants de l’Est martyrisé du Congo avait finalement été annulé sur ordre de la Préfecture de la police de Paris par son arrêté du 19décembre 2013 portant interdiction du concert de JB Mpiana au Zénith de Paris du 21 décembre 2013. Dans ce bras de fer entre le régime de Kinshasa et ses opposants, les « Combattants » avait gagné la première manche sur le plan psychologique et physique au moyen de la pression. C’est encore ce qui s’est produit avec les concerts de Fally Ipupa et Héritier Watanabe avec l’interdiction préfectorale en vue d’éviter tout débordement sur la voie publique.

Car, si ce concert avait eu lieu, c’était la porte ouverte au retour de ces délinquants musiciens pour truander les mêmes congolais de la diaspora qu’ils insultent. L’on se rappellera que depuis novembre 2011 avec la deuxième victoire de Kabila face à Etienne Tshisekedi, les combattants ont imposé un blocus dans plusieurs villes européennes, empêchant tout concert d’artiste musicien congolais, tant populaires que chrétiens. Un seul reproche à ces gens : leurs propos désobligeants face aux congolais de la diaspora et un soutient plus que favorable en faveur de Joseph Kabila pour les quelques prébendes qu’ils reçoivent de l’imposteur.

Tshikuyi Tubabela à Paris

Ci-dessous, un article d’un éminent membre de la « Cellule communication de la présidence », Omer Nsongo Di Lema qui met en exergue cette caricature exagérée de la faillite de la musique congolaise.

Sabotage du spectacle de Bercy : L’affaire J.B. Mpiana ou le début du « génocide » culturel !

Le show-man Lita Bembo se retrouve dans l’évocation de l’expression  » attaquez le côté le plus pete pete ! » qui ponctuait, dans l’orchestre Stukas, la partie animation de ses chansons. C’était une injonction visant l’ennemi dans son point faible. Les observateurs avisés s’en rendent bien compte par rapport au phénomène « combattants de la Diaspora » : le ventre mou ou le tendon d’Achille de la forteresse congolaise à l’étranger n’est pas dans les affaires, les sciences ou les sports. C’est la Culture véhiculé par les arts, précisément l’art musical. Le sabotage du spectacle de l’artiste-musicien Jean-Bedel Mpiana à Paris est justifié, laisse-t-on entendre, par l’engagement politique prêté à ce dernier pour avoir notamment composé une chanson en faveur du candidat n°3 Joseph Kabila Kabange. D’où l’étiquette Kabiliste qui lui est collée. Mais, les raisons de ce qui vire à la stigmatisation sont à trouver ailleurs. Simplement parce que JB Mpiana n’est pas le seul à l’avoir fait…

Ils sont en réalité une trentaine, en majorité de la même génération, à avoir largement contribué à la campagne électorale du Raïs.  Par quoi alors s’explique le ciblage du meneur de Wenge Bcbg ? Qu’on se mette d’emblée d’accord sur ce point : un artiste n’est pas forcement apolitique. Les « combattants de la Diaspora » résidant en Occident savent qu’ils sont nombreux, les artistes américains et européens à s’afficher politiquement. Pendant les campagnes électorales, ils prennent ouvertement position pour leurs candidats. Et, généralement, les victoires électorales sont célébrées publiquement avec leur concours.

Dirigeants et militants vainqueurs fêtent avec leurs musiciens préférés, ce qui n’indispose pas pour autant les fans, des mêmes musiciens, proches ou non des dirigeants et militants vaincus. En démocratie, le respect du choix politique de l’autre, adversaire soit-il, est sacré. Le contraire institue la pensée unique qui pousse ou mène à la pensée inique. Pour s’imprégner du jeu démocratique, la communauté congolaise demeurée au pays s’inspire des faits et gestes de sa Diaspora, surtout celle qui vit au quotidien les exigences de la démocratie.

Sont particulièrement concernées la Diaspora congolaise d’Amérique (Etats-Unis, Canada), la Diaspora congolaise d’Europe (Grande-Bretagne, Scandinavie, France, Benelux, Allemagne, etc.), la Diaspora congolaise d’Afrique (RSA, Botswana…), la Diaspora congolaise d’Océanie (Australie, Nouvelle-Zélande etc.) et la Diaspora congolaise d’Asie (Japon, Corée du Sud, Singapour, Israël…).

Dans ces pays, cités à titre illustratif et non énumératif, on ne persécute pas le créateur intellectuel (artiste ou écrivain) pour ses opinions politiques, à moins pour l’intéressé de faire l’apologie des idéologies fascistes. La dictature mobutienne avait ses travers, mais jamais les « Zaïrois de la Diaspora » ne s’en prenaient aux musiciens mobutistes de passage à Bruxelles, à Londres ou à Washington. A la limite, le désaveu s’exprimait par le refus d’assister à leurs spectacles.

Génocide culturel

Ce qui vient de se passer à Bercy (ici le journaliste se trompe car le concert était prévu au Parc de La Villette dans la Salle du Zenith et non à Bercy Sports), à Paris, autour du spectacle de J.B. Mpiana doit être considéré comme une menace contre toute la création intellectuelle, donc contre la culture. C’est la manifestation du pire des génocides qui soit sous les cieux : le génocide culturel. « Un peuple sans culture est un peuple sans âme« , dit-on. Aujourd’hui, c’est le musicien qui est ciblé ; demain – si l’on n’y prend garde – ce sera le peintre, le poète, le sculpteur, le dramaturge, le professeur d’université, le ministre de Dieu…

Au final, les « combattants de la Diaspora » commenceront à dicter au peintre, au poète, au sculpteur, au dramaturge, au professeur, au ministre de Dieu ce qu’il doit faire ou dire, et ce qu’il ne doit ni faire ni dire. Ce sera la robotisation de la société congolaise ! C’est dur, terrible pour la RDC de vivre cette nouvelle formule de « Nuit de Cristal ». Aussi, plus que la classe politique, la Société civile congolaise a le devoir citoyen d’attirer l’attention de l’opinion sur les risques que l’on fait peser sur l’avenir de la musique congolaise, le premier des produits culturels d’exportation de la RDC.  Sur le Net, un intellectuel congolais de la Diaspora fait aux musiciens congolais -dont JB Mpiana- le reproche de piéger l’art musical avec l’exhibitionnisme sexiste. Sur ce point-là, il a pleinement raison. C’est une dérive à combattre.

Il devrait cependant commencer par condamner ses premiers promoteurs. Ceux qui avaient suscité le phénomène « sundama« . L’un d’eux, aujourd’hui « justicier parmi les combattants« , ne s’en est jamais repenti. Entre-temps, on se devrait de le reconnaître : JB Mpiana a un répertoire non-politique qui fait la fierté de son pays. Il est l’un des rares artistes musiciens dont une œuvre a été adoptée et interprétée par un grand orchestre cubain : Germano. On imagine alors l’effet que produit, à Cuba, le sabotage du spectacle d’un tel artiste à Paris. On imagine ce qu’en pensent la Diaspora africaine antillaise et les Africains pensent. Il n’y a pas de quoi en être fier…

Il est à craindre le retour au « Sundama »

« A quelque chose malheur est bon« , dit-on. Il est établi que c’est à cause de l’absence d’une véritable industrie musicale (production phonographique, scénique et vidéographique) au pays que les artistes musiciens congolais sont obligés de « monter à Mikili », à la différence de leurs collègues nigérians et sud-africains, mieux lotis. Or, dès l’instant où l’essentiel de la production musicale s’effectue sur place à Kinshasa et que les besoins sont inversés, la pression sur les artistes se réduit d’elle-même.

En attendant, et pour autant qu’ils soient conséquents avec eux-mêmes, les « combattants de la Diaspora » devront plutôt boycotter et la diffusion et l’audition des chansons de tous les musiciens ayant participé à la campagne électorale du Raïs en 2011. Le résultat se devine : ils en reviendront au « Sundama » ; et ce sera le début de la fin de l’emprise de la musique congolaise dans le monde.

Les mélomanes se souviennent que ce genre musical avait failli ruiner, au propre comme au figuré, la musique zaïroise, pardon congolaise, si la génération Wenge n’avait pas apparu au milieu des années 1980 pour renforcer la génération Zaïko et assurer ainsi la relève de la génération OK Jazz-Afrisa talonnée, elle, par la génération Négro Succès-Maquisards-Continental. A qui alors profiterait le crime ? Aux « combattants de la Diaspora » d’y méditer…

Omer Nsongo die Lema

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