Pendant que les jeunes des mouvements citoyens sur appel de La LUCHA manifestaient dehors en réclamant un calendrier électoral pour la fin de cette année, www.afriwave.com est allé à la rencontre de Firmin Yangambi. Un questionnaire d’interview lui a été adressé du fond de sa cellule du Centre Pénitencier et de Rééducation de Kinshasa (CPRK) dit Prison Makala dans la commune de Selembao.
Avocat membre du Conseil de l’Ordre du Barreau de Kisangani de profession et président de l’ONG d’appui aux victimes de la guerre « Paix sur terre ». Connu pour son franc parler, Firmin Yangambi avait publiquement dénoncé sur de nombreux plateaux télévisés les violations des droits de l’Homme et les atteintes à la démocratie dans le pays. Il a été condamné à mort le 3 mars 2010 par la Cour militaire de Kinshasa/Gombe pour détention illégale d’armes de guerre et tentative d’organisation d’un mouvement insurrectionnel ; faits qu’il a toujours contesté avec la dernière énergie. Sa peine a été commuée en 20 ans qu’il purge depuis longtemps.
Dans cette affaire, il n’est pas le seul car il est incriminé en compagnie du Colonel Elia Lokundo, de M. Éric Kikunda et de M. Benjamin Olangi pour complicité. Malgré les nombreuses irrégularités dénoncées par les avocats de la défense notamment les exceptions préliminaires soulevées comme l’irrégularité de la composition de la Cour et la disproportionné de la décision notamment au regard du manque de preuves ; cette affaire est demeurée ainsi.
Les associations internationales à l’instar de l’Observatoire des Droits de l’Homme ont toujours considéré la condamnation de Firmin Yangambi comme étant une sanction de ses activités de défense des droits de l’Homme. Elles (associations) en ont réclamé l’annulation (de la peine) et l’abandon des poursuites judiciaires à son encontre, sa libération immédiate et inconditionnelle ; mais sans suite.
Par conséquent, l’Observatoire a toujours recalmé instamment à ce que « la justice congolaise se conforme aux engagements internationaux pris par la RDC, et ne considère pas comme éléments de preuve les aveux que M. Firmin Yangambi aurait été contraint de formuler sous tortures ». Et de rappeler « plus généralement que tout acte de torture ou de mauvais traitements est contraire à la Convention contre la Torture, et passible de poursuites individuelles, et appelle donc les autorités congolaises à agir en conformité avec ladite Convention ».
A nos questions sur la description de sa journée type à l’intérieur des murs de la prison de Makala considérée comme l’un des plus hostiles qui existent dans ce pays et le pourquoi n’a-t-il pas profité de l’attaque contre ce même endroit le matin du 17 mai 2017, Firmin Yangambi n’y a pas répondu. De même qu’il n’a pas voulu s’étendre sur les relations entre bon nombre des détenus politiques et d’opinion qui se trouvent à Makala.
ENTRETIEN :
Afriwave.com : Détenu depuis le 27 septembre 2009 et condamné en 2010 dans une présumée affaire de détention d’armes de guerre en vue d’une insurrection, voilà plusieurs années que vous êtes injustement incarcéré. Comment vous sentez-vous depuis tout ce temps qui passe ?
Firmin Yangambi : Nous avons beaucoup perdu de notre vie dans la lutte pour un État de Droit.
Afriwave.com : C’est un tribunal militaire qui vous a jugé alors que vous êtes un civil. En tant qu’avocat de métier, comment trouvez-vous votre condamnation par une juridiction non habileté en la matière ?
Firmin Yangambi : Les condamnations par la justice militaire à mort et puis à 20 ans d’emprisonnement ainsi que notre incarcération depuis 2009 sont juste la facette visible de la persécution que plusieurs congolais souffrent de la part du régime de Kabila.
Afriwave.com : Aujourd’hui 31 juillet 2017 a été la journée d’un appel à une grande mobilisation de la part de La LUCHA pour mettre pression sur la CENI à ce que les élections soient convoquées en fin d’année. Les mouvements des jeunes semblent avoir supplantés les politiques dans la revendication pour un autre modèle de société. Pensez-vous que c’est de là que viendra la solution aux problèmes de ce pays ?
Firmin Yangambi : Les marches organisées par les mouvements citoyens sont l’illustration que notre peuple est déjà débout ! Il ne reste plus que les acteurs politiques remplissent leur part du contrat civique et patriotique.
Afriwave.com : La situation du pays se détériore chaque jour sur le plan politique, économique que sécuritaire. Avez-vous un message à adresser à Kabila et son régime en ce moment où ils sont contestés de partout de l’intérieur comme à l’extérieur du pays ?
Firmin Yangambi : Nous ne pouvons avoir de message que pour un régime qui écoute. Or Kabila a le cœur endurci et la raison embrouillée. Il ne mérite aucun message à part le suivant : À chaque chose, il faut considérer une fin. Il a pris rendez-vous avec l’Histoire. Elle jugera. Tôt ou tard. Mais jamais trop tard.
Afriwave.com : Une campagne en votre faveur a été menée par les organisations de Droits de l’Homme comme la FIDH. En avez-vous les échos et quid de votre propre organisation Paix sur Terre qui défend et appui les victimes de la guerre sans oublier votre famille depuis qu’une lettre de l’un de vos enfants a été rendue publique via des réseaux sociaux ?
Firmin Yangambi : Nos familles sont dans ce contexte des victimes directes du totalitarisme du système.
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