C’est un nouveau rapport accablant sur la RDC que celui du Groupe des Experts du Conseil de Sécurité de l’ONU qui a été mis en ligne dimanche 13 août et doit être présenté mardi 15 août au Conseil de sécurité de l’ONU. L’on y découvre moult détails sur la profonde crise politique devenue institutionnelle que traverse le pays depuis la fin de l’année 2016 par le maintien de Joseph Kabila à la tête du pays jusqu’à ce jour.
Fruit des recherches des collègues de travail de Michael Sharp et Zaida Catalán, deux autres experts enlevés le 12 mars sur une route de Kananga vers Bunkonde et retrouvés morts le 27 mars 2017 alors qu’ils enquêtaient dans la province du Kasaï-central. Ce rapport met en lumière des crimes en tous genres, notamment les assassinats, les viols mais aussi économiques.
Dans ce document, les meurtres de Michael Sharp et Zaida Catalán, leur interprète Betu Tshintela ainsi que les trois autres accompagnateurs congolais dont les corps n’ont jamais été retrouvés apparaissent « comme un acte prémédité accompli par un groupe hétéroclite d’individus, dont l’identité n’avait toujours pas été établie au moment de la rédaction dudit rapport » peut-on y lire. « À la lumière des informations disponibles, on ne saurait exclure l’implication de différents acteurs (favorables ou non au Gouvernement), les factions Kamuina Nsapu, d’autres groupes armés et les membres des services de sécurité de l’État. En dépit des éléments de preuve disponibles, certains autres suspects clefs n’ont pas encore été arrêtés », assure ce rapport.
Le général de Division Amisi Kumba de nouveau accroché
Un autre fait saillant de ce rapport, ce sont les nouvelles accusations contre un homme important du dispositif sécuritaire de Joseph Kabila en la personne du général Gabriel Amisi Kumba dit Tango Four. Commandant des FARDC de la première zone de défense du pays incluant Kinshasa et le Kongo Central, le rapport affirme avoir réuni des éléments de preuve de son implication dans le secteur de l’exploitation et le trafic de l’or selon les témoignages recueillis sur terrain.
Par l’intermédiaire d’une entreprise locale La Conquête, Amisi Kumba serait propriétaire d’au moins 4 gragues, ces bateaux extrayant de l’or opérant dans le fond de la rivière Aruwimi à Bomili, dans le territoire de Bafwasende, province de la Tshopo. Pourtant, en vertu de l’article 27 du Code minier congolais datant de 2002, les officiers des FARDC ne sont pas éligibles aux droits d’exploitation ou de commercialisation des ressources naturelles. Pire, les intermédiaires prête-noms refuseraient « de payer toute taxe à l’État », selon un témoignage recueilli par le groupe.
Pour rappel, cet officier supérieur figure sur la liste de seize responsables congolais frappés par des sanctions européennes pour avoir planifié, dirigé ou commis « des actes constituant de graves violations des droits de l’homme en RDC ».