Le secret aura été bien gardé par les instances de la CENI jusqu’à sa révélation en primeur au responsable du CNSA. C’était au cours de la deuxième rencontre au Palais du Peuple de Kinshasa entre les deux organismes censés trouver un commun accord pour la tenue des futures élections. Ce secret, c’est celui envisagé par la CENI pour émigrer vers un vote électronique lors des prochains scrutins. Ainsi, le premier prototype du kit pour le vote électronique a-t-il été présenté aux membres du CNSA le vendredi 25 août 2017.
Motif évoqué pour l’émigration du vote traditionnel sur bulletin pré-imprimé à ce modèle informatisé « sa performance devant permettre au pays de réduire sensiblement le temps avant la publication des résultats provisoires lors des prochaines élections ». Selon Corneille Nangaa, le président de la CENI : « Ce Kit a plusieurs options et offre des garanties sécuritaires suffisantes qui permettront au pays d’épargner des fonds excessifs qui découleraient de l’organisation de différents scrutins ». Au président de la CENI de s’en féliciter au travers d’un tweet : « Corneille Nangaa @CNangaa Ns avons réservé au CNSA la primeur d découvrir le système de vote électronique. Démarche légale & efficace pr réduire le coût des élections ».
Et pour justifier ce choix qui intervient à 4 mois de l’échéance fixé par l’Accord politique du 31 décembre 2016 pour l’organisation des scrutins au plus tard en décembre 2017, la CENI croit prendre « une initiative qui corrobore l’article 47, alinéa 1 de la Loi électorale et les recommandations de l’accord de la Saint Sylvestre en son article 4 alinéa 4 qui recommande au Gouvernement d’explorer les voies et moyens de rationalisation du système électoral pour réduire les coûts excessifs des élections ».
Un outil à double tranchant
Si le président de la CENI s’approuve quant à cette technologie qui va révolutionner et moderniser le processus électoral en RDC avec pour objectif de rendre l’appareil électoral rapide, fiable et surtout moins coûteux, il oublie de ne pas dire le revers de ladite technologie ; aboutissement de la réflexion de ses services depuis 2013. Notamment les problèmes techniques le jour du vote pour des machines qui ne fonctionnent pas, mais aussi et surtout les cas de manipulation et de piratage du système et de ses serveurs par des personnes malvéantes.
A ce sujet, faudra-t-il signaler que depuis 2006 sous feu l’abbé Malu-Malu, en 2011 sous le pasteur Ngoy Mulunda, en 2013 sous Malu-Malu de nouveau et à ce jour en 2017 sous le remplaçant Nangaa ; la CENI n’a jamais autorisé l’accès à ses serveurs à l’opposition qui en sollicitait en vue de connaître le nombre réel des personnes enrôlées et celles ayant votées.
De plus l’actuel renouvellement des fichiers électoraux issus des élections de 2006 et 2011 considérés comme corrompus pose toujours problème. La CENI n’a jamais voulu intégrer dans son programme informatique le logiciel pouvant détecter les doublons enregistrés. Mais aussi dire combien des personnes ont été sorti du fichier car décédées depuis lors.
L’arrivée du pressenti vote électronique posera encore des problèmes qu’on ne croit en résoudre. Notamment celui du niveau d’instruction de la population des coins reculés du pays en rapport avec l’utilisation de l’outil informatique. Certains de ses propres opérateurs de saisie ayant déjà des lacunes, on ne voit pas comment ces mêmes personnes seront à mesure d’aider les votants illettrés.
Des cas précédents
Certains pays Occidentaux qui avaient opté pour ce système de vote électronique sont en passe de l’abandonner. Ce sont les cas de la Belgique et de la France où certaines communes n’ont même pas utilisés les fameux Kits lors des derniers scrutins respectivement en 2015 et en 2016. Motif évoqué, les bugs successifs et le surcout dans la maintenance de l’outil informatique ; mais surtout la fiabilité quant à un piratage potentiel.
Des contestations ont été enregistrés dans certains Etats américains ayant utilisé le vote électronique lors de la dernière présidentielle de novembre 2016 qui a vu Donald Trump accéder au pouvoir. Non loin de nous, c’est au Kenya où des contestations ont émaillées la deuxième victoire de Uhuru Kenyata à la présidentielle face à son challenger Raila Odinga ; certains bureaux ayant utilisés le vote électronique.
A la satisfaction béante de la CENI, on ne sait pas à quoi s’attendre le jour du vote à venir sir le système électronique sera finalement choisi. C’est un dossier à suivre.