PAR ET AVEC LA DW : http://www.dw.com/fr/comprendre-la-crise-congolaise-en-quelques-hashtags/a-40321362
Depuis la fin du deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila en décembre 2016, les hashtags appelant à la mobilisation se multiplient sur Twitter. Mais leur influence réelle sur la politique congolaise reste à prouver.
« Ces hashtags (…) ont rythmé la vie politique congolaise » (Jean-Claude Mputu)
Touchepasàmaconstitution, Telema, Wumela/yebela/Timbela, Mandatesili, ByeByeKabila, Deboutcongolais, Kabilamustgo … les twittos de RDC ont désormais une bonne dizaine de hashtags à leur disposition pour commenter l’actualité politique de leur pays.
Fred Bauma est membre de la Lucha. Le mouvement citoyen, très actif sur le terrain, est à l’origine de certains des mots-clefs les plus repris sur Twitter. Il explique ici l’importance des réseaux sociaux pour la société civile : « Twitter, Facebook sont des réseaux qui sont de plus en plus utilisés par la société civile en Afrique et au Congo, particulièrement pour faire passer des messages. Ils constituent des outils importants dans la mobilisation citoyenne. La difficulté est que certains gouvernements en Afrique et au Congo ont compris la force des réseaux et lorsqu’il y a des manifestations qui sont prévues ils s’arrangent pour couper internet et les réseaux sociaux et limiter l’accès à de nombreux participants ».
« Fred Bauma @fredbauma90« Le recours excessif à la force et les arrestations en masse contre des manifestants pacifiques sont inacceptables. 10 :57 – 31 juil. 2017 »
Un outil incontournable …
Le politologue Jean-Claude Mputu estime que pour bien saisir les enjeux actuels de la crise et de l’actualité congolaise, Twitter est devenu un outil incontournable dans le débat politique en RDC. « Ces hashtags sont devenus des marqueurs et ont rythmé la vie politique congolaise aussi bien sur le plan politique que sécuritaire », explique-t-il.
« Cécile KyengeCompte certifié @ckyenge At the European Parliament: march for peace #JeSuisBeni #SaveBeni #Rdc »
« Par exemple, dans la foulée de #JesuisParis il y a eu #JesuisBeni par rapport au massacre à l’est du Congo. Et ensuite #CasNanga après les massacres du Kasaï. Le hashtag a fait le tour d’internet. Les gens se sont appropriés ces mots, ils les ont utilisés et ils sont entrés dans le langage courant. On ne peut pas comprendre la politique congolaise sans maîtriser ces hashtags qui sont devenus populaires aujourd’hui ».
… dont la portée est à nuancer
Bien qu’ils soient devenus un marqueur de l’actualité politique en RDC et un réel outil de mobilisation, pour Bobo Kitumu chercheur en sociologie des TIC (Technologies de l’Information de la Communication), il faut nuancer les choses et tenir compte du fossé qui existe entre le slogan incarné par le Tweet et sa mise en application.
« Vous pouvez aller sur terrain et demander aux gens ce que représentent ces hashtags ou ces messages, ils vous diront Kabila doit partir. Mais dans le contenu Kabila doit partir comment, il doit partir quand, il doit partir pourquoi ? Toutes ces questions ne sont pas résolues par un slogan », affirme le chercheur. « L’erreur avec tous les outils nés avec internet c’est de faire croire aux gens qu’il y a une certaine liberté d’action ou qu’ils ont atteint l’objectif nécessairement ».
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