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RDC-DIASPORA : Le Dr Denis Mukwege parle de la démocratie, de l’ordre constitutionnel et de la paix en RDC à Paris

C’est sur invitation de Diaspora Event, une organisation de la communauté congolaise de la France qu’une première rencontre citoyenne entre la diaspora du pays et le Dr Denis Mukwege a eu lieu dimanche 3 septembre 2017 dans la capitale française. Plus de 400 personnes avaient envahies la salle « Ballroom » devenue trop petite pour contenir son monde à l’Hôtel « Marriott Champs Elysées » sis au n° 70 Avenue des Champs Elysées. Raison de cette affluence, voir de près et si pas toucher le toubib surnommé « l’homme qui répare les femmes » dont la réputation traverse les frontières de son pays depuis plus de 20 ans qu’il mène son combat au travers de son bistouri pour réparer les corps des femmes détruits par l’arme du viol.

De l’Angleterre à la Suisse en passant par la Belgique, les Pays-Bas, la Norvège et même la lointaine Amérique du Nord, les congolais étaient au rendez-vous pour écouter de vive voix Denis Mukwege qui n’a pas failli à sa réputation. Ceux qui l’attendait pour l’écouter annoncer clairement sa candidature à une quelconque fonction politique ou disserter sur un programme de gouvernance ont été servi. Car, c’est de la démocratie, du respect de l’ordre constitutionnel et surtout de la paix contre la violence en RDC sans oublier toutes les questions d’actualités dont il aura été question tout au long de l’entretien avec la diaspora.

Lire aussi : RDC : Le Dr Denis Mukwege au rendez-vous avec la Diaspora Congolaise à Paris la semaine prochaine https://www.afriwave.com/?p=4743

Se disant « citoyen libre de son pays et un non politique » même « s’il ne s’empêche pas de réfléchir à haute voix sur la politique », Denis Mukwege a répliqué que la politique dont on veut lui reprocher l’immixtion « est une question des stratégies dont on ne peut étaler sur la place publique toutes les discussions ou programmes quelconques ». Ce qui n’avait pas empêché quelques trois troublions dont une femme pour lui reprocher « certaines fréquentations et photos » avec l’américain Bill Clinton, le belge Louis Michel… et même une photo qui circule depuis lors sur les réseaux sociaux avec Jaynet Kabila. En homme de paix et malgré la réaction musclée du service de sécurité, il a demandé à ce que parole soit donnée à ces personnes avant de leur répondre avec toute la sérénité possible.

Les interventions

Plusieurs interventions ont devancé la prise de parole de Denis Mukwege : des entrepreneurs aux jeunes en passant par les femmes et les patriotes congolais, la diversité s’est exprimée pour donner son point de vue sur la situation de son pays. Les uns comme les autres ont insistés sur « la nécessité d’avoir une transition politique neutre et efficace avant l’organisation des toutes élections pour sortir le pays dans son carcan actuel. Et que ladite transition devrait être sous la direction du Dr Denis Mukwege ».

C’est le pasteur Philippe Kabongo Mbaya qui fera l’introduction de la rencontre en appelant « le Congo et les Congolais à se donner un vrai leadership dans un rassemblement de toutes les énergies ». Et ce, pour viser un nouvel horizon nommé « espérance ».

Ensuite ce fut autour du Pr Félix Mutombo Mukendi de la Faculté Théologique de Bruxelles d’insister sur « la sortie de cette erreur caractérielle du Congolais et du Congo autour de dogme, de doctrine et de religion pour rentrer dans ce qu’il a nommé utopie en action ». Il plaide pour une « acquisition fondamentale d’un peuple non pour vivre sur ses illusions d’aujourd’hui mais se réaliser dans l’action de demain. Les deux premiers intervenants n’ont pas manqué de saluer le travail de Denis Mukwege qui est non seulement l’homme qui répare les femmes, mais aussi et surtout celui qui restaure les hommes dans ce qui reste encore de leur part d’humanité.

Pour les femmes congolaises, Mme Louise Ngandu ; tout en dénonçant l’inacceptable qui se déroule depuis deux décennies sur le sort de la femme à l’Est comme dans le reste du pays, en a appelé à la responsabilité de tous. Car dit-elle, « même si l’on beaucoup de temps, on ne possède qu’une seule vie qu’il faut rentabiliser ». Les jeunes par l’intervention de Mlle Tatiana Nendaka ont insisté sur « l’avènement d’un nouveau Congo qui sera source d’inspiration pour tous, surtout la jeune génération appelée à prendre la relève ».

Les patriotes congolais, une de tendances du mouvement des combattants avec son cri de guerre « Ingeta » avec Ris Mungongo a fait comprendre que c’est aujourd’hui « l’occasion d’écrire une nouvelle page du pays en concrétisant les aspirations profondes d’un peuple qui a tant souffert de ses dictatures successives. Kabila en sa qualité de chef de bande des officines maffieux pour exploiter le pays et le partitionner devant être mis hors d’état de nuire ».

Pour sa part, la communauté des entrepreneurs congolais par la voix de Felly Mulumba de la France ; a insisté sur « l’avènement d’un nouveau Congo debout, celui de l’excellence de la justice. Un pays devant faire place aux défis de développement pour son existence dans ses frontières intangibles héritées de la décolonisation ».

La séquence « émotion »

L’une des séquences de cette rencontre des congolais aura été la monté sur le podium de l’artiste compositeur et musicien Olivier Tshimanga dit « Tshimangologie » pour sa guitare exceptionnelle. Avant sa chanson « To Lembi (Y’en a marre) » où il invite Joseph Kabila à quitter le pouvoir, il a entonné un plaidoyer pour son pays ; cette « Maman Congo » dont le peuple souffre, est tué et violenté à cause de ses richesses sous l’œil ému de Denis Mukwege et l’accompagnement de l’assistance. S’étant murmuré quelque chose à l’oreille, ils finiront par s’embrasser longuement dans une étreinte pleine d’émotion. Il terminera sa deuxième intervention sur scène avec cette phrase : « Tôt ou tard, vous le payerez car le monde tourne ».

Lire aussi : RDC-MUSIQUE : To Lembi (Y’en a marre) d’Olivier Tshimanga, une chanson et un engagement https://www.afriwave.com/?p=4659

La parole du Dr Mukwege

Prenant finalement la parole, sans aucun discours préparé à l’avance mais dans une espèce d’échange et de pédagogie directe ; le médecin s’est d’abord dit « plus qu’ému de ce premier rendez-vous citoyen avec ses compatriotes même s’il est habitué à parler devant des auditoires immenses ».  Dans la formule qu’on lui connait, il a dénoncé cette « situation de violence récurrente entretenue et voulue par des personnes dont les intérêts ne sont pas ceux du Congo ou des congolais ». Ce qui a pour conséquence de favoriser un « glissement politique » inacceptable ; raison de son appel à un « changement radical des mentalités et du système en RDC avec un retour à la légalité constitutionnelle par l’organisation d’élections.

Ne se considérant pas comme étant « un homme providentiel », Denis Mukwege a insisté sur « l’engagement de tous les congolais dont la volonté peut changer l’histoire après autant des souffrances ». N’étant « candidat à aucun poste politique, son travail de médecin lui accaparant tout son temps disponible ; il ne pourra demain se dérober d’une responsabilité lui confiait par le peuple » a-t-il poursuivi.  Son combat actuel la conquête de notre liberté, la justice et la dignité du peuple congolais » explique-t-il.

Ayant été reçu le matin même par le président français Emmanuel Macron, il avait demandé une implication encore plus forte de la France au travers de la francophonie tout comme le Conseil de sécurité de l’ONU. Car disait-il, le Congo ne doit pas dériver dans un chaos total ou à une crise humanitaire que personne ne saura plus contrôler. Ce à cause d’un président qui n’est pas élu, y compris toutes les institutions aujourd’hui hors mandat… La seule façon d’agir pour le bien du Congo de la part de la communauté internationale étant d’exiger un retour à la légalité constitutionnelle.

Aux membres de la diaspora il a dit toute sa fierté et son honneur de voir que ce sont eux qui aident les familles et certaines œuvres au pays par les multiples transferts d’argent. Raison également de son autre appel à cette diaspora pour qu’elle s’investisse pleinement pour le pays avec toutes les expertises intellectuelles dont elle (diaspora) dispose. Et ce, bien avant de compte sur les autres dont la communauté internationale qui peut aussi faire plus.

Saluant le combat des membres de la diaspora, il a tenu à souligner que c’est cette dernière « qui a bousculé l’ordre établi et imposé dans le pays en montrant au reste du peuple qu’il faut vaincre notre peur ». Et de poursuivre que si elle (diaspora) se tait demain, « les autochtones du pays disparaîtront ».

De ses rapports qu’il peut entretenir avec les politiques ainsi que les autres mouvements citoyens, il les dit « cordiaux et respectueux » sans autres commentaires. Car et empruntant le Pr Félix Mutombo Mukendi, « il est temps de sortir de cette utopie de dialogue qui favorise toujours une transition vide pour un vrai destin d’un peuple, d’une grande et forte Nation au cœur de l’Afrique ».

Rencontre avec la presse congolaise

Malgré une journée tirée à la longueur, Denis Mukwege a tenu à rencontrer les journalistes congolais de la diaspora qui étaient là pour couvrir la rencontre citoyenne de Paris. Pour lui, les communicateurs ont « une lourde responsabilité dans la vulgarisation du débat actuel sur le sursaut patriotique dans la volonté de trouver une voie de bâtir un autre Congo pour respecter l’héritage de nos pères d’indépendance. Nos enfants ne devant pas être demain des apatrides dans leur propre pays mais retrouvant leur dignité et leur fierté d’être congolais ». Ce fut notre aîné Lilo Miango qui a conduit ce moment alors qu’un « Débout Congolais » d’anthologie entonné par la foule avait clôturé le rendez-vous du jour à Paris.

DÉBAT : DISCOURS ET QUESTIONS-RÉPONSES / CRÉDITS IMAGES TÉLÉ TSHANGU


Un reportage de Roger DIKU à Paris

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