C’est un homme peu habitué à ce genre d’apprentissage, Bruno Tshibala Nzenzhe que les téléspectateurs de TV5 Monde Afrique ont découvert le jeudi 14 septembre 2017 dans le journal télévisé. Dans une prestation sans saveur, le premier ministre séant de Joseph Kabila et autoproclamé le « doyen des opposants congolais » s’est exercé face à une jeune journaliste pugnace sans vraiment convaincre en dehors des multiples annonces qui sont loin d’être par lui réalisables un jour avant qu’il ne quitte son fauteuil comme tous ses prédécesseurs.
Bref, une prestation sans âme « au point qu’à un moment de son interview, la présentatrice l’interrompant lui lance : là vous ne répondez pas à la question, je suis désolée ; je vais devoir vous couper… » comme l’écrit notre confrère www.capsud.net. Le passage de Bruno Tshibala sur les antennes de TV5 Monde Afrique restera le seul « haut fait » de son premier voyage en Occident par la France entamé le 3 septembre 2017 alors que le Dr Denis faisait salle comble avec la diaspora congolaise sur le Champs Elysée.Et au député Sam Bokolombe de parler sur sa page Facebook d’une « Clownesque prestation de B. Tshibala sur France 24. Une auto-justification surréaliste du « doyen des Opposants Congolais »!
De la mission officielle annoncée par l’Agence Congolaise de Presse (ACP) à sa réception au Senat, on aura vu que des images « d’un touriste visiteur » se faisant expliquer sûrement le fonctionnement et le travail de ce haut-lieu de la démocratie française. Les quelques photos rendues publique étant prises dans les couloirs et à l’intérieur d’une assemblée vide de son monde pour cause d’élections sénatoriales de ce mois de septembre 2017.
Il en est de même de son entretien avec des investisseurs français prêts à venir risquer leurs économies dans une économie sans lendemain clamé sur les antennes de la RTNC sans pour autant en donner d’autres précisions. La quête de reconnaissance internationale recherchée tout comme un quelconque appui auront tourné « en eau de boudin » pour un homme dont le bilan des 100 premiers jours à la tête du gouvernement national reste quasi inexistant. Aucun média international, belge ou français n’ayant fait une simple allusion à la présence sur le territoire européen du premier ministre congolais, sauf cette invitation au JT Afrique de TV5 du jeudi 14 septembre 2017 ; un passage presqu’habituelle pour les responsables africains de passage en France.
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Parvenu au pouvoir de la manière que l’on connait avec sa nomination comme Premier ministre le 07 avril 2017 à l’issue des consultations de Joseph Kabila auprès de la classe politique proche de sa majorité, Tshibala n’était pas l’homme de la situation. Comme son prédécesseur Samy Badibanga, un effacé sans charisme reconnu ; de l’intérieur comme à l’extérieur, Tshibala ne possède aucune connexion pouvant lui ouvrir certaines portes pour le bien du pays. Et ce voyage en France l’aura démontré une fois de plus de cette incapacité des politiques congolais à porter fort la voix du pays en ce moment où il en a le plus que besoin pour persuader les partenaires à lui faire de nouveau confiance.
Contesté déjà lors de sa nomination tant par l’opposition que par la communauté internationale, l’ex-collaborateur d’Etienne Tshisekedi n’était pas l’homme de la situation, la Majorité Présidentielle (MP) le savait en appuyant son choix. Accusé par certains cadres de l’UDPS de « traitrise » lors de son simulacre d’arrestation par le régime, Tshibala a fini par cracher le morceau de la proposition lui faite du vivant de Tshisekedi par le directeur de cabinet de Kabila Néhémie Mwilanya Wilonja pour fragiliser son ex-parti en devenant premier ministre. Par contre, il n’évoque pas ses autres rencontres avec Adolphe Lumanu ; prédécesseur de Mwilanya au cabinet de Kabila.
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Sur les dossiers du pays
A moins d’une blague, c’est une ignorance abjecte des dossiers brulants du pays dont Tshibala a fait étalage sur le plateau de TV5. Sur la crise montée et exécutée de toutes pièces dans l’espace Kasaï pour le besoin de la cause avec l’affaire Kamuina Nsapu, il répond avec aplomb qu’il s’agit : « d’un conflit banal entre deux chefs coutumiers ». Que dire alors de plus des 3000 morts, des 35.000 réfugiés et des plus de 145.000 déplacés internes ?
Notre confrère www.capsud.net note à ce sujet que c’est : « Étonnant de la part du Chef du gouvernement de faire preuve d’une aussi faible maîtrise d’un conflit qui a fait du Kasaï un théâtre de la barbarie et des violences opposant miliciens et militaires. Comment peut-il ignorer que ce conflit a débuté avec la mort du Chef coutumier Kamuina Nsapu tué lors d’une brutale opération de police en août 2016, entraînant ses fidèles à se constituer en milices ? Comment, lui, Chef du Gouvernement peut-il ignorer un dossier sécuritaire et humanitaire aussi sensible ? ».
Toujours à ce sujet et répondant à une question sur « ce chaos semé pour qu’il n’y ait pas d’élections », Bruno Tshibala sans réfléchir et dans un lapsus digne d’un bêtisier historique répond de go que « l’insécurité, c’est une des missions dévolues à mon gouvernement ». Ce qui traduit bien le climat dans un gouvernement dont il ne maîtrise aucun paramètre ni économique, encore moins sécuritaire. Tshibala a ainsi étaler à la face du monde sa fadeur et son incompétence, car il est plus que loin le temps où il se cachait derrière l’emblématique figure de l’opposition feu Etienne Tshisekedi Wa Mulumba.
Sur les élections dont il est conscient qu’elles n’auront pas lieu en fin d’année 2017 comme prescrit dans l’Accord politique global inclusif sur lequel il fonde la légitimité de sa nomination, Tshibala continue de mentir avec et sur son « engagement pris devant les représentants du peuple et la mission de son gouvernement, à savoir leur tenue ». Ce qui ne l’empêche pas de faire un écart avec cette honteuse politique de la main toujours tendue vers d’autres : « Organiser les élections n’est pas une sinécure, et le grand problème est évidemment d’ordre financier. Notre pays est un sous-continent avec d’importants problèmes économiques, mais mon gouvernement s’engage à financer la totalité du budget global des élections élevé à 1,3 milliards de dollars, ainsi qu’à libérer le moyen nécessaire pour permettre à la CENI d’accomplir son devoir. Et si nous n’arrivons à réunir l’ensemble des ressources nécessaires, nous n’hésiterons pas à nous adresser à nos partenaires traditionnels ».
CRÉDIT IMAGES JT AFRIQUE TV5 MONDE
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