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RDC : Nouveau « Passeportgate », un scandale de trop ?

C’est via un communiqué dit « officiel » n° 130/0001/2017 daté du 15 septembre 2017 que le Vice-premier ministre des Affaires Etrangères Aggée Aje Matondo Toto a surpris tout le monde en annonçant « l’invalidité » à dater du 16 octobre 2017 du seul document d’identité officiel en possession de quelques congolais. Cette mesure concernant donc tous les passeports congolais « semi-biométrique » encore en circulation et qui n’auront plus cours légal sur toute l’étendue de la RDC. Pour justifier cette mesure rebutante, le ministre évoque « l’impératif d’uniformisation de l’identification des citoyens lié à des considérations sécuritaires ».

De plus, « les détenteurs de ces passeports ne pouvant plus être autorisés à franchir la frontière nationale tant à l’entrée qu’à la sortie du territoire national » poursuit le communiqué. Et de conclure que « Pour les congolais se trouvant à l’étranger et qui rentrent au pays, les passeports invalidés doivent leur être retirés au poste frontalier d’entrée contre remise d’une photocopie qui leur permettra de solliciter le nouveau passeport biométrique ».

Une arnaque institutionnalisée sur fond d’un « fichage policier »

Après l’augmentation des frais d’obtention de visa dans les ambassades congolaise du monde de l’équivalent des 10 $ US, cette nouvelle décision au sujet de passeport semi-biométrique sur fond d’un flicage de la population apparait comme une arnaque institutionnalisée.  Ce deuxième scandale intervient 5 mois après celui d’avril dernier à propos du prix si exorbitant du passeport congolais qui passe être l’un de plus chers au monde à 185 $ la pièce ; une partie d’argent de la vente desdits passeports atterrissant directement dans les poches des proches du président Kabila.

Pour les nouveaux passeports biométriques par contre, ce que ne dit pas le communiqué signé du vice-ministre des Affaires Etrangères ; c’est le montant qu’il faudra à nouveau débourser pour acquérir le précieux sésame lorsqu’il faut voyager à l’étranger. Réagissant face à une mesure intempestive, le député national Sam Bokolombe sur sa page Facebook déclare que « Ne pas confondre souveraineté et gangstérisme d’Etat. L’inopportune invalidation du passeport semi-biométrique relève du second ».

Nombre d’observateurs pensent que cette nouvelle mesure ne vise qu’à arnaquer encore une fois de plus une population déjà la plus démunie. La profonde crise politique devenue institutionnelle par le maintien sans mandat de Joseph Kabila au pouvoir et à la tête du pays après le 19 décembre 2016 a fini par mettre le pays en coupe réglée. La situation économico-financière ballant s’empirer (le taux de change est passé, en moins de deux ans, de 900 à 1600 francs congolais pour un dollar), le régime ne sait où trouver de l’argent pour financer son train de vie scandaleux si ce n’est dans les poches des citoyens pendant que tous les financements étrangers lui sont coupés.

En invoquant son « impératif d’uniformisation de l’identification des citoyens lié à des considérations sécuritaires » le régime n’est-il pas en passe de serrer encore la tour de vis pour fichier sa population se demande les observateurs. Et ainsi « réduire la liberté de mouvement des congolais en sanctionnât ceux qui voyagent et qui sont faussement accusés de nuire à l’image et à la crédibilité du pays à l’étranger » s’indigne Me Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ). Car vraisemblablement, après le 16 octobre prochain ; des nouveaux critères de demande d’un passeport verront le jour et tous devront s’y soumettre, y compris les opposants critiques du régime dont la chose risque d’être un tout petit peu compliqué.

A qui profite le « crime » du futur nouveau passeport ?

La question restera posée au regard des enjeux financiers en présence pour le futur nouveau passeport biométrique du pays. On sait que pour l’ancien passeport présenté en novembre 2015 coutant 1’equivalent de 185 dollars soit 175 Euros et qu’on croyait biométrique mais aujourd’hui semi-biométrique, selon l’enquête de l’agence britannique Reuters expliquait que le gouvernement congolais n’en percevait que 35 % du prix final soit 65 dollars.

Ces données ressortaient des documents de l’accord signé le 11 juin 2015 par le ministre congolais des Affaires étrangères de l’époque, Raymond Tshibanda, et celui des Finances, Yav Mulang, qui avaient finalisé l’accord avec l’intermédiaire belge M. Karaziwan.

Au travers d’un montage digne d’évasion fiscale, une grande partie de l’argent déboursé par les citoyens congolais pour l’acquisition du précieux document de voyage allant directement à une société enregistrée à Ras el Khaïmah (Emirats Arabes Unis), LPRS, qu’on soupçonnerait appartenir à une sœur de Kabila, Makie Makolo Wangoi, (60 dollars) et à Semlex, une société fondée en 1992 basée à Uccle en Belgique et appartenant à Albert Karaziwan, qui produit des documents de voyage (48 dollars).

Enfin, 12 dollars vont à une société installée à Kinshasa ; en l’occurrence Mantenga Contacto Trading Limited dont on ne connait l’identité du véritable propriétaire. Motif de cette attribution de ce montant pour chaque passeport délivré : « mise à disposition du personnel nécessaire pour la mise en œuvre du projet ». L’enquête britannique de l’époque présentait déjà Albert Karaziwan, un belge d’origine arménienne comme « l’un des personnages clés dans l’affaire du prix du premier passeport ». Avec sa famille, il intervient surtout dans les domaines des technologies et de la sécurité pour des gouvernements, en particulier en Afrique où il a des entrées non négligeables.

Document Politico.CD

Une mise au point qui ne convainc personne

Après la tôlée provoquée par une décision qualifiée d’infortune et qui a fait des vagues même au sein du parti du régime au pouvoir le PPRD et ses alliés, le gouvernement a publié une mise a point tardive mais qui ne convainc personne. Surtout lorsqu’on sait que le sens de respect des documents signés n’est pas sa coutume et qu’on ne peut leur faire confiance. Le document officiel lors du lancement des passeports de la nouvelle génération stipulait qu’il « sera utilisé concomitamment avec l’ancien passeport semi-biométrique jusqu’à expiration de ce dernier ».

Pour le gouvernement, « la circulation des deux passeports risque de poser un problème de fiabilité au regard des autorités étrangères tout comme de l’Organisation de l’Aviation Civile internationale qui a enjoint les Etats membres à opter pour les passeports biométriques, assorti d’une puce contenant les renseignements nécessaires sur le détenteur ».

Certains pays l’ayant même déjà averti que dès le « mois de novembre 2017, les détenteurs des passeports semi-biométriques ne pourront plus accéder sur leurs territoires ». Dans sa justification, le gouvernement explique également d’autorité que « le passeport demeurant et restant sa propriété, il peut le retirer de la circulation pour une raison ou une autre ».

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Rédaction

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