vendredi, novembre 22, 2024
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RDC : Le mouvement citoyen FILIMBI monte au créneau et durcit son ton, Kabila doit partir ! (Entretien)

Alors que la pression sur le régime monte de toutes parts, les mouvements citoyens de terrain durcissent leur ton à l’approche des deux échéances capitales pour le pays : fin septembre 2017 pour la convocation par la CENI du corps électoral et fin décembre 2017 pour la tenue de l’élection présidentielle.

C’est le cas de FILIMBI dont le rêve prône que « chaque jeune du pays soit acteur de son avenir en ayant notamment la possibilité de penser et d’agir librement, l’objectif étant d’accroître la participation citoyenne des jeunes. Mais aussi d’encourager le dialogue avec les acteurs tant sociaux que politiques pour améliorer les vies de tous ».

Malgré le départ en exil forcé depuis plus d’un an de ses ténors Franck Otete, Yangu Kiakwama et son coordonnateur Floribert Anzulini ; les jeunes militants demeurés sur place dans le pays continuent sans désemparer la lutte. « Ni les arrestations, ni les brimades et autres intimidations ne nous font plus peur, car nous savons que le peuple est de notre côté assène un jeune enthousiaste ». Pendant ce temps, les responsables exilés poursuivent leur mission de lobby comme en ce mois de septembre 2017 à la 72ème AG de l’ONU à New-York où séjourne Floribert Anzuluni.

Activistes enlevés et incarcérés

De la cellule Communication du Collectif FILIMBI on apprend que 11 de leurs activistes sont privés de liberté depuis hier mardi 19 septembre 2017 à Bunia dans la province d’Ituri. Il est reproché à ces jeunes d’avoir désobéi à l’autorité publique et causer des troubles à l’ordre public. Ces militants ont été interpellés alors qu’ils se préparaient à faire une marche en mémoire des victimes des 19 et 20 septembre 2016 à travers le pays.

FILIMBI rappelle que ces victimes avaient perdu la vie pour avoir réclamer la convocation du scrutin dans les délais prévus par la Constitution, à savoir avant la fin du deuxième mandat du chef de l’État en 2016. Parmi les personnes écrouées, on note Mlle Naguy Godhi ; Coordonnatrice provinciale en Ituri. En passe d’être transférés jeudi 21 septembre 2017 au parquet d’Ituri, le collectif réclame   ni moins ni plus leur libération immédiate et sans conditions.

Militants FILIMBI Ituri

Voulant en savoir plus à quel niveau situe actuellement le collectif FILIMBI, WWW.AFRIWAVE.COM est allé à la rencontre d’un jeune militant aussi déterminé qu’optimiste pour le devenir de son pays. Lui, c’est Mino Bopomi ; le Coordonnateur du mouvement pour la ville province et capitale du pays Kinshasa.

ENTRETIEN

Afriwave.com : La société civile congolaise, les personnalités et la diaspora se sont retrouvés en compagnie des mouvements citoyens et de jeunes à Paris du 15 au 18 août dernier pour signer le Manifeste du Citoyen Congolais Esili. Le but poursuivi étant d’unir leurs forces dans une réflexion autour des actions communes en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel avec le départ de Joseph Kabila au plus tard en fin de cette année 2017. Que pensez-vous de cette action et quelle en est la part de Filimbi ?

Mino Bopomi : Le Manifeste du Citoyen Congolais est actuellement l’unique moyen permettant aux congolais d’exiger le retour à l’ordre constitutionnel et le départ de M. Kabila, au plus tard le 31 décembre 2017. Nous pensons qu’il est très important que le peuple forme une synergie forte en vue d’agir en faveur de l’avènement de grandes institutions dans notre pays. D’où la nécessité de mobiliser et de faire participer le plus grand nombre de citoyens dans cette démarche pacifique car les affaires de l’Etat ne reviennent pas à un individu ou groupe d’individus mais bien à tous les congolais. Filimbi est conscient des enjeux à venir et veut mobiliser un grand nombre de congolais en général et de jeunes en particulier afin d’agir en faveur de la libération de notre pays. Nous nous joignons donc à cette démarche citoyenne pour le bien du peuple congolais. D’autant plus que quatre membres de Filimbi font partie des initiateurs et signataires du Manifeste du Citoyen Congolais.

Afriwave.com : Comment les mouvements citoyens en général et Filimbi en particulier comptent-ils faire pressions pour obliger Joseph Kabila à respecter demain les engagements signés en son nom par sa majorité alors qu’il explique n’avoir rien promis, notamment sur les élections à la fin de cette année 2017 ?

Mino Bopomi : Lors du dernier dialogue qui a mené à l’Accord de la Saint-Sylvestre, nous avions prévenus les acteurs politiques de l’inefficacité d’une telle démarche. Dialoguer avec un président qui bafoue les droits fondamentaux de son peuple ne pouvait mener qu’à un non-respect des accords signés. Hélas aujourd’hui, nous ne pouvons que constater que nos prédictions se sont réalisées. Cependant, nous restons optimistes car le peuple n’a pas abandonné son rêve de vivre la première alternance démocratique au sommet de l’Etat. Nous sommes plus que jamais déterminés à organiser des actions pacifiques visant à récupérer ce qui nous est de droit.

Afriwave.com : Depuis le départ en exil de vos collègues Floribert Anzulini, Yangu Kiakwama et Franck Otete ; la répression du régime contre les militants en interne a pris d’ampleur. On a comme l’impression que Filimbi a perdu un peu de sa superbe, pourriez-vous nous dire comment les choses se passent au sein de votre mouvement aujourd’hui et en quoi consistent-elles sur terrain ?

Mino Bopomi : Nous n’avons rien perdu, au contraire nous avons pu nous réorganiser. Nous avons accompli l’une de nos plus grandes missions en élargissant notre réseau d’adhérents. Nous pensons qu’il est important de mobiliser et ensuite de conscientiser le peuple sur les notions liées à la démocratie. Aujourd’hui, Filimbi est présent dans plus de 9 grandes villes du pays, selon l’ancienne configuration territoriale. De plus, on a pu constater l’émergence de leaders locaux au sein des différentes villes ou régions où Filimbi est implanté. Le mouvement prend donc un élan très positif.

Afriwave.com : Il semble avoir des dissensions au sein de mouvements citoyens, depuis la réunion de Paris à laquelle Filimbi avait pris part. Qu’en est-il au juste et pourquoi ?

Mino Bopomi : Dissensions ? Non ! Par contre, on devrait plutôt parler de la campagne de diabolisation du régime illégitime et illégal de M. Kabila contre les initiateurs du Manifeste du Citoyen Congolais, lancé à travers des chaines pro-régime telles que Tele50 et RTNC dont le but est de discréditer la démarche de citoyens pacifiques qui veulent agir dans l’intérêt de tout le peuple congolais. Aujourd’hui, le régime comprend que les jeunes et tous les congolais ne veulent plus souffrir de la situation désastreuse, créée par ce système, qui ralentit le pays sur le chemin de son développement. Ce régime veut garder le peuple dans l’obscurantisme mais ils finiront par comprendre que la rue nous donne déjà raison.

Afriwave.com : En s’alliant avec Sindika Dokolo, initiateur d’un autre mouvement citoyen Congolais Debout et en parlant de la recherche des moyens pour financer les actions sur terrain lors de la réunion de Paris, certains vous accusent aujourd’hui d’être à la recherche du gain et de fourvoyer le vrai combat citoyen. Que leur répondez-vous ?

Mino Bopomi : Nous ne nous sommes pas alliés à Sindika Dokolo. Cependant, nous, mouvements citoyens et acteurs de la société civile, avons tous opter pour une même démarche ; celle de se réunir et de réfléchir à des options en vue de sortir notre pays de la grave crise politique, économique, sécuritaire et humanitaire qu’il traverse actuellement. C’est dans cette optique que Filimbi et Congolais Debout se sont retrouvés dans les mêmes assises. Filimbi garde son autonomie de fonctionnement, il en est de même pour Congolais Debout ainsi que pour le reste des mouvements citoyens, structures et personnalités qui ont participé aux assises de Chantilly qui a mené à l’élaboration du Manifeste du Citoyen Congolais. Ce Manifeste qui, je le rappelle, est le moyen de nous permettre d’agir ensemble afin d’accomplir notre objectif commun ; le retour à l’ordre constitutionnel et le départ de M. Kabila et son régime avant le 31 décembre 2017. Le militantisme n’est pas pour nous une manière de se faire de l’argent, nous pouvons beau faire le commerce pour nous enrichir mais régler la situation du pays demeure notre principale préoccupation.

Afriwave.com : Les questions sécuritaires et de respect des Droits des citoyens demeurent au centre de l’engagement citoyen. Comment Filimbi compte alerter la population afin qu’elle revendique ses droits si jamais Kabila ne partait pas en fin d’année ?

Mino Bopomi : Nous avons réussi à élargir notre réseau dans les grandes villes du pays et dans certains coins où la communication avait du mal à passer. Cela nous permet actuellement de relayer plus rapidement l’information mais aussi de dénoncer instantanément, à travers les réseaux d’alerte, les violations des droits de l’homme. Ces mécanismes et outils nous permettent également de sensibiliser la masse pour qu’ensemble nous obtenons le départ de M. Kabila.

Propos recueillis par Roger DIKU à Kinshasa (@afriwaveinfo)

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